Centre d’art d’Argenteuil, sur les chapeaux de roues

Par Karine Audet
Centre d’art d’Argenteuil, sur les chapeaux de roues

Le déménagement a eu lieu le week-end dernier. Cela faisait déjà plusieurs jours que le personnel du Centre remplissait des boîtes dans le local de l’ex-Galerie de la Route des arts, rue Clyde. Un déménagement qui s’est imposé parce que, s’il avait la grande qualité d’offrir trois salles d’exposition, l’ancien lieu était un vrai frigo l’hiver. Ensuite, l’édifice étant mal entretenu, il aurait fallu effectuer des travaux considérables (mise aux normes d’une issue de secours, calfeutrage des fenêtres, etc.) aux frais du locataire. Enfin les termes du renouvellement du bail ayant été jugés abusifs, le conseil d’administration du Centre d’art a jugé préférable de faire ses bagages et d’aller voir ailleurs. Il se trouve qu’un local était disponible dans la rue Principale. Une occasion à ne pas rater qui permettrait d’accroitre la visibilité du Centre.  

C’est donc dans l’ancien restaurant Ginger que le Centre d’Art d’Argenteuil logera désormais ses pénates. Situé au carrefour des rues Principales et Bethany, on ne pouvait espérer d’endroit plus visible à Lachute à la fois pour les résidents et pour les touristes. Exit donc les comptoirs de cuisine, le bar, et tout ce qui pouvait évoquer l’ancienne fonction du lieu; le propriétaire s’est montré on ne peut plus collaboratif. Il a accepté de configurer le local selon les besoins du Centre d’art qu’on imagine sans peine aux antipodes de ceux d’un restaurant. Certes, on dispose de moins d’espace que l’ancienne Galerie de la Route des Arts, mais grâce à l’imagination de sa directrice Lise-Anne Bernatchez et de la conseillère stratégique et bénévole Sylvie Labrosse qui se sont fait aider d’une designer, l’endroit a été agencé en fonction des multiples vocations du Centre D’art. Rappelons que ce dernier s’est donné pour mission de rendre l’art accessible à la population d’Argenteuil et d’offrir une vitrine aux artistes et artisans locaux ainsi qu’à d’autres provenant de l’extérieur. Il y aura donc, en plus des surfaces murales consacrées à la presque douzaine d’expositions annuelles, un espace réservé aux ateliers de formation tant pour les écoles que pour le grand public. On a aussi aménagé un coin salon qui dispose d’une bibliothèque de livres d’occasion consacrés à l’art (tous sont à vendre à petit prix) où on pourra éventuellement prendre un café.  Enfin, il y a bien sûr une boutique qui accueillera les œuvres de plusieurs dizaines d’artistes et artisans à des prix abordables. 

Le Centre dispose également d’un sous-sol qui pour le moment sert à entreposer divers cossins. Mais il n’est pas dit que, éventuellement, ce sous-sol en pierre qui ressemble à un donjon médiéval puisse servir à autre chose, des espaces de création par exemple. 

Notons au passage que ce n’est pas le premier Centre d’Art d’Argenteuil qui a pignon sur rue à Lachute.  À la fin de la décennie 60, son homonyme existait dans une maison aujourd’hui disparue sur le site du 27 boulevard Argenteuil. On y donnait notamment des cours de musique et de diction. De temps à autre, on y proposait quelques expositions de peinture. Mme Lucille Lamarche, qui habite aujourd’hui au Médaillon d’or, y a enseigné la musique. Titulaire d’un diplôme de la prestigieuse école Vincent d’Indy de Montréal, elle et quelques passionnées poursuivirent en 1967 le travail entrepris en 1958 par un groupe de citoyens férus de culture qui avaient fondé le tout premier Centre d’art d’Argenteuil (CAA). Celui-ci présentait non seulement des expositions, mais aussi du théâtre. Et pas n’importe lequel; en 1963, pour célébrer ses cinq ans d’existence le CAA recevait la troupe du Rideau vert venue jouer l’Heureux stratagème de Marivaux, avec en vedette Yvette Brind’Amour, Denise Pelletier et Gaëtan Labrèche. Entre autres. Au même moment, on exposait les œuvres de Lise Gervais, peintre québécoise bien connue à l’époque. Le Centre caressait même un projet de ciné-club. Les choses ont bien changé dit Mme Lamarche non sans une certaine nostalgie: «Lachute est devenue une ville de sports». 

Ville de sport peut-être, mais l’art est toujours présent dans Argenteuil. Grâce au circuit de La Route des arts qui fêtait en 2020 ses vingt ans et dont l’héritage se retrouve désormais entre les mains du Centre d’art d’Argenteuil qui prend en charge l’ex-Galerie de la rue Clyde. 

C’est donc une course contre la montre qui s’est engagée au 585 de la rue Principale puisque le premier vernissage aura lieu ce samedi 11 février de 13h30 à 16h30. Assemblage (c’est le nom de l’exposition) regroupe vingt artistes des Laurentides et se prolongera jusqu’au 26 mars.  

C’est donc sur les chapeaux de roues que démarre le Centre d’Art d’Argenteuil dans ses nouveaux locaux. Le public est invité à visiter le 585 de la rue Principale pour voir de quoi à l’air un travail en cours. 

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