L’avenir du sirop d’érable en jeu?

Par Karine Audet
L’avenir du sirop d’érable en jeu?

«Nous sommes en communication avec les autorités compétentes afin d’obtenir l’aide appropriée pour réaliser une évaluation juste de la situation. Plus précisément, nous discutons avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) afin de mettre en place un programme d’aide spécial évalué à 75 000$ destiné à rembourser les coûts pour l’envoi de professionnels sur le terrain afin d’évaluer les dommages», de soutenir Joël Vaudeville, directeur des communications corporatives. 

À la suite des orages et vents violents, les acériculteurs touchés doivent prendre contact avec leur UPA régionale pour faire part d’un potentiel sinistre dans leur érablière et informer également leur municipalité et MRC. 

On recommande également aux producteurs acéricoles de consulter et respecter les règles de sécurité de la CNESST avant d’intervenir en forêt. «Nous leur avons recommandé de faire appel aux services de professionnels lorsque des dégâts importants sont constatés dans certains tenants de leur érablière. Nous avons aussi rappelé l’importance du soutien psychosocial, service offert par l’UPA dans chacune des régions», ajoute M. Vaudeville. Si les événements du 21 mai ont pour effet d’empêcher l’exploitation de plus de 15 % des entailles ou plus de 500 entailles d’une portion d’un seul tenant de leur érablière, et ce, pour une période de plus de trois ans, ils pourront présenter une demande aux PPAQ pour le remplacement les entailles perdues. Cette demande doit être appuyée par un rapport d’un ingénieur forestier. 

Une fois l’évaluation des dommages réalisée, le PPAQ demandera au gouvernement des montants plus élevés pour permettre la récolte du bois et le nettoyage des lieux. Pour les pertes liées aux entailles, on constate aussi que les programmes de soutien existants ne sont pas adaptés à la situation actuelle. C’est pourquoi les discussions avec le MFFP, ou encore le MAPAQ, devront mener à la création d’un programme spécialement adapté: un programme de compensation ad hoc des pertes pour les acériculteurs devrait être mis en oeuvre advenant que celles-ci ne soient pas couvertes par un programme existant ou une initiative Agri-relance.  

Dans la MRC d’Argenteuil, on parle d’une vingtaine de producteurs.  Les plus touchés sont toutefois au nord comme L’érablière du coeur sucré, un endroit de 20 000 entailles à Saint-Adolphe-d’Howard où Services d’érablières Quatre-Saisons, une nouvelle entreprise de Brownsburg-Chatham du propriétaire Liam Bernard, qui effectue des travaux de nettoyage depuis les lendemains de la tempête qui a ravagé plusieurs centaines d’érables. Le phénomène des changements climatiques porte à croire que de semblables phénomènes météorologiques extrêmes se reproduiront à l’avenir. 

Plan directeur 2022 

Par ailleurs, le PPAQ invite la population à se saisir de cet enjeu crucial pour l’avenir du sirop d’érable en s’informant sur le plan directeur proposé pour assurer les conditions gagnantes permettant la croissance de la production de sirop d’érable. «Ce que nous demandons, c’est de protéger les forêts et l’érable et de réserver 200 000 hectares de forêts publiques pour des activités durables qui peuvent cohabiter, comme l’acériculture, afin d’assurer son futur pour les 50 prochaines années au moins. Si le gouvernement décide de maintenir sa cible de seulement 24 000 hectares, il fera le choix de sacrifier les érables au profit des coupes de l’industrie forestière. Cela mettra en péril le développement d’une industrie chère aux Québécois, qui compte 8 000 entreprises, plus de 13 300 producteurs et productrices pour des recettes de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Québec, et ça, c’est sans compter tout l’écosystème économique qui gravite autour du monde acéricole», s’inquiète Luc Goulet, président des PPAQ.  

En plus de la protection d’hectares pour préserver le potentiel acéricole, les PPAQ s’opposent à la nouvelle norme d’entaillage de 24 centimètres, qui retirerait 1,8 million d’entailles sur les 9 millions présentement en exploitation sur les terres de la couronne. Ils réclament également un changement quant à l’utilisation des coupes à diamètre de maturité financière, qui encourage les forestiers à couper les érables matures qui ont les meilleurs rendements pour les producteurs acéricoles, un rempart pour la protection de l’érable. 

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