«Nous, francophones, on ne doit plus avoir à choisir entre défendre le français au Québec et le défendre ailleurs au Canada». C’est ainsi que la ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia LeBel, a procédé à l’annonce de la nouvelle politique.
Intitulée «Pour une francophonie forte, unie et engagée», cette politique est l’aboutissement de plusieurs années de travail avec de nombreux partenaires selon la ministre. «Ça traduit vraiment la volonté du gouvernement de faire rayonner notre langue dans toute la francophonie canadienne.»
Le plan d’action sur trois ans, qui accompagne la nouvelle politique, comprend 75 mesures qui seront mises en œuvre par une vingtaine de ministères et d’organismes du gouvernement québécois.
Parmi elles:
- Afin d’entretenir un dialogue permanent entre les Québécois et les francophones d’ailleurs au pays, des rencontres annuelles de la francophonie canadienne seront organisées conjointement par le Centre de la francophonie des Amériques (CFA) et la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada. La première rencontre aura lieu à Québec les 9 et 10 mai prochain.
- Le gouvernement québécois proposera à l’Assemblée nationale d’instaurer une «Journée de la francophonie canadienne» qui serait célébrée le 22 mars de chaque année, date choisie en raison de la date de naissance de l’écrivaine franco-manitobaine Gabrielle Roy.
- Le Québec a fait l’acquisition du sceau «francoresponsable» et encouragera les organismes, entreprises et organisateurs partout au Canada à l’utiliser afin de promouvoir la langue et la culture à travers leurs services.
La FCFA accueille favorablement la nouvelle politique du Québec. «Il y a vraiment, clairement, une volonté de rapprochement puis de solidarité», selon la présidente de la FCFA, Liane Roy.
La FCFA se réjouit également que les actions en matière de francophonie ne seront plus l’apanage du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes, mais engageront une panoplie de ministères et d’organismes gouvernementaux. «Les sociétés civiles (du Québec et d’ailleurs au Canada) ne se connaissent pas. Ça, c’est vraiment intéressant et vraiment bien», ajoute Liane Roy.
Accueil au Québec de chercheurs franco-canadiens
La nouvelle politique permettra à des étudiants des autres provinces et des territoires de poursuivre des études de deuxième et troisième cycles dans une université francophone du Québec grâce à l’octroi de bourses.
Une mesure qui n’est pas sans rappeler l’intention du gouvernement Legault, incluse dans son projet de loi 96 sur la langue officielle et commune du Québec, d’offrir aux étudiants francophones du reste du Canada de payer, dans certains cas, les mêmes droits de scolarité que les étudiants québécois.
En entrevue avec Francopresse, la ministre Sonia LeBel s’est voulue rassurante. «L’idée c’est d’avoir un réseau universitaire, un réseau phare où on va pouvoir soutenir les chercheurs en matière de francophonie. L’idée n’est pas du tout de siphonner ou de réduire le nombre d’étudiants, au contraire. On veut qu’il y ait de la mobilité dans les deux sens.»
La question ne soulève pas beaucoup d’inquiétudes du côté de la FCFA. La présidente soulève cependant l’importance d’assurer un suivi des mesures de la politique québécoise. «Ce qu’on avait demandé à la ministre, c’était de mettre des mesures en place pour s’assurer que ça n’a pas l’effet qu’on ne veut pas avoir, c’est-à-dire la fragilisation de nos institutions», précise Liane Roy. «Il faudrait s’assurer qu’il y ait un comité de suivi qui puisse évaluer l’impact sur nos institutions.»
Les fonds seront-ils suffisants?
Le Québec investira 8 millions$ supplémentaires sur trois ans, soit le double du financement actuel, afin de mettre en œuvre la politique.
Même si la FCFA salue le caractère ambitieux de la nouvelle politique, la présidente de l’organisme se demande si les fonds alloués, même doublés, seront suffisants. «La clé du succès, c’est la capacité de réaliser toutes ces actions. Est-ce que les moyens seront à la hauteur de leurs attentes?», se demande la présidente. «Le risque d’essayer de tout faire à tous les niveaux, sans les moyens nécessaires, on sait des fois ce que ça donne.»
«J’ai confiance qu’on a sur la table ce que ça nous prend pour faire vivre ce plan d’action à son plein potentiel», rétorque la ministre LeBel, soulignant que plusieurs éléments du plan seront menés en partenariat. «Ce ne sont pas toutes les actions et toutes les intentions qui vont demander de gros investissements.»
Mis à part ces préoccupations, la FCFA se dit plus que satisfaite de voir que le Québec s’engage à jouer son rôle de leadeurship en matière de promotion du français et de la francophonie.