«On m’a confirmé que je pouvais envoyer l’inscription quand je voulais, car c’est évident que j’ai gagné le record, dit M. Comeau. Mais il y a encore d’autres festivals à venir et je ne voudrais pas me faire détrôner trop vite par un autre film, alors je vais attendre à la fin février.»
Préparer le dossier officiel demandera une grosse semaine de travail au réalisateur. «C’est plus compliqué que pour faire inscrire la plus longue guédille au homard, dit-il en riant. Le dossier doit comprendre une liste complète des dates des prix gagnés aux différents festivals, les lettres et les autres preuves de confirmation. Je suis prêt à faire ça parce que ça en vaut la peine et qu’il est important de se taper sur les épaules pour nos réussites».
L’organisation va ensuite analyser le dossier puis rendre son verdict, une étape qui pourrait prendre du temps puisque les Guinness World Records reçoivent beaucoup de demandes.
Faire reconnaitre l’Acadie
Phil Comeau se dit déjà bien content de ce succès à venir et il espère que cela encouragera d’autres Acadiens et Acadiennes à réaliser des films.
«C’est quand même un phénomène qui s’est produit avec Belle-Île en Acadie, ajoute-t-il. J’en ai fait la promotion moi-même afin qu’il soit présenté dans des festivals. Plus l’œuvre gagnait des prix, plus de festivals le voulaient dans leur programmation ; ça a eu tout un effet domino».
Radio-Canada et TV5 ont ensuite acheté le film, qui a ainsi pu être visionné dans 200 pays.
«Je savais que j’avais le nez bien aligné. Je savais que ça allait rouler. Deux prix par jour, des demandes de festivals à qui je ne pouvais dire non, ce fut une belle aventure!» se remémore Phil Comeau, qui a donné de nombreuses entrevues pour présenter le film ou pour en parler.
«Je n’aurais jamais pensé que l’un de mes films pourrait intéresser autant le public et remporter un tel succès», renchérit-il, tout en soulignant qu’il n’a pas été facile de le réaliser.
N’ayant pu obtenir l’aide financière demandée, il a décidé de faire appel au sociofinancement. Il a recueilli plus de 30 000 $ de 135 donateurs, institutions et compagnies.
S’est ensuivie l’organisation des deux semaines de tournage dans les trois provinces maritimes pendant le Congrès mondial acadien 2019.
«Ça aurait pu être un autre genre de film, un film d’horreur ou sur une histoire quelconque n’ayant rien à faire avec les Acadiens, mais c’est un film qui parle de la culture acadienne. Des gens de la planète ont pu découvrir l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick et j’en suis doublement fier. Pour moi, c’est très important que les Acadiennes et les Acadiens soient reconnus», souligne Phil Comeau.
Retour aux origines
Belle-Île en Acadie est la suite de son film Belle-Île-en-Mer: île bretonne et acadienne, réalisé en 2016 dans le cadre du 250e anniversaire de Belle-Île-en-Mer. On y suit un groupe d’Acadiens d’ici qui partent à la découverte de cette région en France et des Bellilois acadiens. Le film a reçu 34 prix.
Dans Belle-Île en Acadie, M. Comeau rencontre et suit le même groupe d’Acadiens venus de Belle-Île-en-Mer pour rencontrer leurs cousins, puis explorer les lieux d’origine de leurs ancêtres déportés. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais mis les pieds dans la région.
M. Comeau met actuellement la touche finale à son film sur l’Ordre de Jacques-Cartier (la Patente). C’est un long métrage qu’il réalise pour l’Office national du film (ONF).
Une carrière prolifique
Réalisateur et scénariste acadien prolifique, Phil Comeau, originaire de Saulnierville en Nouvelle-Écosse a réalisé plus d’une centaine de films et d’émissions de télévision en fiction et en documentaire et a aussi scénarisé les deux tiers de ses œuvres.
En documentaire, le cinéaste a réalisé une cinquantaine de productions dont quatre longs métrages : Zachary Richard, toujours batailleur, Ron Turcotte jockey légendaire, Vague d’Acadie et Frédéric Back grandeur nature.
En fiction, il a réalisé une cinquantaine de productions, dont trois longs métrages: Le secret de Jérôme, Le crash du siècle et Teen Knight.
Phil Comeau a été finaliste 14 fois aux Prix Gémeaux. Globetrotteur, il a réalisé des films dans neuf provinces canadiennes et dans 23 pays.
Il est membre de l’Ordre du Canada, l’Ordre du Nouveau-Brunswick, l’Ordre des francophones d’Amérique, l’Ordre des arts et des lettres de la France, et l’Ordre de la Pléiade de l’Organisation internationale de la Francophonie. Il a aussi reçu le Prix Acadie-Québec, le Prix littéraire France-Acadie et des doctorats honorifiques de deux universités acadiennes.