Dans sa revue annuelle de 2021, l’organisme statistique national du Canada indique que l’Indice des prix à la consommation (IPC) «a augmenté de 3,4% en 2021 et il s’agit de sa croissance la plus rapide depuis 1991 (+5,6%)».
Statistique Canada révélait également en décembre 2021 que l’inflation avait augmenté de 4,8% par rapport à décembre 2020. Une accélération causée notamment par la hausse des prix des produits alimentaires — 5,7% depuis l’année dernière, la plus forte augmentation de la décennie —, des transports et du logement.
En parallèle, les données tirées de l’Enquête sur la population active, décembre 2021 montrent que les salaires n’ont pas suivi, augmentant de seulement 2,7% sur la même période. En d’autres termes : les prix ont augmenté plus vite que les salaires et le pouvoir d’achat des Canadien·ne·s a diminué.
Si cette nouvelle inquiète à juste titre nos économistes — et mon banquier —, elle est dévastatrice pour les plus vulnérables d’entre nous. Les ménages les moins bien nantis subissent de plein fouet les hausses des prix dans l’alimentation, la part de leur budget allouée à cette dépense étant en toute logique plus importante.
Ils, et surtout elles — les femmes étant largement surreprésentées dans les catégories les plus pauvres de la population —, sont également plus susceptibles d’occuper des emplois précaires, à temps partiel, où le télétravail n’est pas permis, rendant impossible d’économiser sur les couts de transport ou sur l’essence.
Ajoutons à cela les mesures sanitaires qui aggravent l’isolement et le désespoir, l’anxiété omniprésente face à un avenir morose, les coupes dans les services publics, le racisme et le sexisme inhérents de nos systèmes, et nous obtenons un bien sombre tableau pour la prochaine année.
Pendant ce temps, dans le monde des ultrariches
Mais ce n’est pas tant cela qui me met en rage. Ce qui m’attriste et me désole profondément, c’est que pendant ce temps, pendant que les files s’allongent devant les banques alimentaires, que les organismes communautaires s’écroulent sous les demandes d’aide et que la majorité de la population peine à joindre les deux bouts, les 100 PDG les mieux payé·e·s du pays ont enregistré en 2020 leur deuxième meilleure année de rémunération.
Selon un rapport du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), ces cadres ont gagné en moyenne 10,9 millions$ en 2020, soit près de 200 fois le salaire moyen des Canadien·ne·s.
Parmi ces 100 PDG, 30 ont dirigé des entreprises qui ont reçu la Subvention salariale d’urgence du Canada, c’est-à-dire des fonds financés par l’ensemble des contribuables ayant pour but de venir en aide aux plus démuni·e·s.
À l’échelle mondiale, ainsi que l’a démontré Oxfam dans un autre rapport, les dix hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune ces deux dernières années.
Selon ce même rapport, un impôt exceptionnel de 99% sur les richesses qu’ils ont accumulées durant la pandémie permettrait de produire suffisamment de vaccins pour le monde entier et de renforcer les programmes sociaux et sanitaires dans plus de 80 pays.
Mais bon, faire un tour en fusée dans l’espace avec ses chums, c’est quand même plus excitant, non?
Pour une fiscalité plus juste
Alors que les écarts se creusent chaque jour davantage entre riches et pauvres, aggravant les inégalités de genre, sociales et raciales partout dans le monde, il nous faut réagir.
Il nous faut mettre en place des mécanismes de redistribution des richesses. Il nous faut une fiscalité plus juste.
Il est temps d’instaurer un impôt sur les grandes fortunes, de prendre des mesures ambitieuses pour lutter contre l’évasion fiscale et de conditionner les aides gouvernementales aux entreprises à certains critères tels que le respect de l’environnement.
Nous devons taxer ceux et celles qui ont les moyens de créer un monde meilleur, ceux et celles qui ont acquis leur fortune sur le dos des autres, des 99%.