Le programme, en français, s’adresse aux étudiantes et étudiants issus du programme d’Éducation à la petite enfance du Collège. Ces connaissances supplémentaires leur permettront d’offrir des services et de l’aide en milieu préscolaire, scolaire et communautaire aux personnes atteintes d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ainsi qu’à leur famille.
«Le Collège Mathieu offre depuis plus de 10 ans un programme de la petite enfance», souligne le directeur général de l’établissement, Francis Kasongo. De plus en plus d’étudiants constataient néanmoins une sérieuse lacune dans l’absence de services pour les jeunes autistes, poussant le Collège Mathieu à examiner la possibilité de créer lui-même un programme de formation.
L’établissement a finalement opté pour un partenariat avec le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick (CCNB) et le College of Extended Learning de l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB).
«Nous avons estimé que le programme du Nouveau-Brunswick réunissait les conditions pour répondre aux besoins de notre province et notre communauté […] parce que l’expérience que nous avons vécue ces dernières années, notamment avec la pandémie, a montré les limites du présentiel», signale Francis Kasongo.
L’expertise du Nouveau-Brunswick
Le CCNB, un établissement entièrement francophone, offre cette formation depuis quelques années en collaboration avec l’UNB. Les professeurs sont fournis par cette dernière tandis que le CCNB encadre le programme pour ses étudiants et s’occupe de toute la logistique.
Il s’agit d’une formation de 20 semaines, dont deux semaines de stage, qui s’adresse à une clientèle bien précise : «Pour la plupart, ce sont des professionnels qui sont déjà dans le domaine», explique Pierre Clavet, doyen de l’École du développement professionnel et directeur de la formation continue au CCNB.
La pandémie a forcé l’établissement à rendre ce programme complètement virtuel. D’après Pierre Clavet, le plus difficile a été d’adapter les stages qui se faisaient en présentiel. Les professeurs ont trouvé le moyen de les superviser à distance tout en maintenant le niveau d’acquisition des compétences.
La transition au virtuel a facilité l’ajout d’étudiants du Collège Mathieu, qui bénéficie de six places subventionnées pour la prochaine formation qui débutera en février. Le programme est généralement offert une ou deux fois par année à une douzaine d’étudiants.
Le gouvernement de la Saskatchewan décernera une certification aux étudiants du Collège Mathieu qui termineront avec succès cette formation.
Selon le directeur général du Collège, les personnes atteintes du spectre de l’autisme n’ont présentement pas du tout accès à des services en français en Saskatchewan, ce qui peut entrainer des conséquences linguistiques : «Lorsqu’on n’a pas un service disponible pour répondre à un besoin pour la communauté francophone, les gens se tournent vers un programme en anglais», mentionne Francis Kasongo.
Si tout fonctionne bien, le Collège souhaite éventuellement augmenter le nombre d’étudiants à 10.
Pas la première collaboration entre les deux institutions
Le Collège Mathieu n’en est pas à son premier partenariat avec le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick.
En 2015, le CCNB offrait un programme délocalisé en technique de soudage ; les professeurs du Nouveau-Brunswick enseignaient en visioconférence aux étudiants saskatchewanais. Après quelques années, le Collège a pris le programme en main afin de le livrer lui-même.
«C’est la beauté et la force, lorsque les ressources sont partagées dans notre francophonie canadienne […] il y a toujours une économie d’échelle qu’on va chercher dans des ententes interinstitutionnelles», fait valoir Francis Kasongo.
Le CCNB voit plus grand avec son programme
Maintenant qu’il a conclu un partenariat avec le Collège Mathieu pour la formation en Intervention auprès des personnes autistes, le CCNB examine la possibilité d’étendre son offre à des étudiants francophones d’autres provinces.
«On y va une étape à la fois, fait valoir Pierre Clavet. C’est un bon programme, on est vraiment fiers du partenariat avec le Collège Mathieu et l’UNB. On sait qu’il y a un besoin au niveau francophone et national. Par exemple, il y a des collèges francophones en Ontario et on est certainement ouverts à faire des collaborations avec eux.»
Le CCNB offre également un autre programme grâce à une collaboration avec la Saskatchewan, mais dans ce cas-ci avec Saskatchewan Polytechnic: depuis 2020, le CCNB forme — en français et en anglais — des techniciens et techniciennes en retraitement des dispositifs médicaux, c’est-à-dire la stérilisation et la désinfection des instruments chirurgicaux.
Il s’agit d’un métier fortement en demande. Pour ce programme, le CCNB a adapté un programme offert à la Saskatchewan Polytechnic.
Pierre Clavet estime qu’il est important pour les établissements francophones de ne pas trop dupliquer l’offre de formation collégiale: «C’est bien qu’on puisse se tenir ensemble dans la francophonie et offrir des formations au lieu de tous faire la même chose.»