Conscients des risques, mais à court de données et de solutions concrètes, de nombreux acteurs clés de la Péninsule acadienne ont décidé en 2011 de réunir les ressources nécessaires pour permettre aux communautés d’adopter des plans d’adaptation aux changements climatiques.
Élus municipaux, universitaires et représentants d’organismes à but non lucratif ont ainsi créé le projet Adaptation PA, géré par l’organisme scientifique Valorès, basé à Shippagan.
«Lorsque le projet a été lancé, il n’y avait pas beaucoup de données [sur les impacts des changements climatiques]. On peut dire qu’il y avait plutôt des données sociales, dans le sens où ça devenait une préoccupation grandissante pour les communautés de la Péninsule acadienne», explique Marion Tétégan Simon, directrice de recherche chez Valorès.
Elle enchaine : «C’est ce qui a poussé des élus à vouloir agir et à mettre en place une initiative. Il y avait beaucoup de préoccupations par rapport à l’érosion et aux inondations. Les gens se disaient : “Qu’est-ce qu’on fait? On a peur de perdre notre patrimoine.” C’est pour adresser [sic] cette écoanxiété que le projet a été mis en place.»
Des dégâts importants à prévoir
Au cours de la dernière décennie, l’équipe de chercheurs scientifiques de Valorès s’est attelée à la monstrueuse tâche de collecter des données, de préparer des rapports et de créer des ressources accessibles à tous, comme des analyses du risque d’inondation et d’érosion côtière dans la Péninsule acadienne.
Des rencontres ont aussi été organisées dans plusieurs communautés afin de préparer des plans d’adaptation pour les municipalités. Ces plans comprennent des recommandations et identifient les secteurs prioritaires et les plus à risque.
Les inondations et l’érosion risquent d’être un problème important dans la Péninsule acadienne au cours du siècle, car on estime que dans des régions comme la côte sud-est du Nouveau-Brunswick, le niveau de la mer pourrait s’élever de 50 cm à 70 cm entre l’an 2000 et 2100.
Cela ne veut pas dire que la région sera entièrement submergée, mais plutôt que les dégâts seront plus importants lors de certains évènements météorologiques comme des marées de tempêtes.
S’adapter aux changements
Dans le but de mieux prendre le pouls de la population vis-à-vis des changements climatiques, Valorès a commandé un sondage en 2019.
Les résultats indiquent que la vaste majorité de la population (94%) se sent concernée par les changements climatiques, mais aussi qu’une proportion non négligeable des gens, soit 13% de la population, ne souhaite pas mettre en place de mesures pour s’y adapter. Environ 17% des répondants ont dit ne pas vouloir plus d’information sur les changements climatiques et leurs conséquences.
«Il y a encore des personnes récalcitrantes ou fatalistes. Par fataliste, je veux dire quelqu’un, souvent d’un certain âge, qui va nous dire: “De toute façon, je vais bientôt mourir, je ne peux rien faire, ce n’est pas grave, vous allez régler ça plus tard.” Pour d’autres gens, les changements climatiques n’existent pas du tout. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais on a quand même une petite proportion de la population qui ne se sent pas concernée», explique Marion Tétégan Simon.
Autres conséquences
L’érosion et les inondations ne sont pas les seules difficultés rencontrées dans le nord-est du Nouveau-Brunswick ; au cours des dernières années, les mois estivaux ont été marqués par des périodes prolongées de sècheresse.
«C’est quelque chose que les agriculteurs ont dû gérer au cours des dernières années. Ce sont des aspects que l’on observe et sur lesquels on aimerait travailler en tant qu’organisme pour les aider à s’adapter et les accompagner. À la base, Adaptation PA est communautaire. Tout de suite, on s’adresse aux résidents, mais ces résidents ont aussi un métier», observe Marion Tétégan Simon.