«Le but premier était d’aller à la rencontre d’artistes intègres qui ont façonné la culture et l’identité de leur ville pour que l’authenticité de la ville ne meure pas, et qui ne se sentent pas assimilés comme artistes par les courants de masse. Il y en a partout, des artistes qui sont underground et qui ont résisté», souligne la productrice déléguée.
Selon l’animatrice de l’émission, Gabrielle Laïla Tittley, alias Pony, cette démarche a permis de découvrir l’essence même des villes parcourues. «C’était d’aller rencontrer autant les espèces de pionniers que les artistes plus nouveaux, puis de voir un peu les influences de chaque personne et de comprendre la culture à travers ces artistes-là, l’ADN de cette ville-là grâce aux artistes qui la portent.»
Une «canadisation» forcée de l’émission
Au départ, l’objectif de Résiste! était de se consacrer presque exclusivement à de grandes villes internationales. Les premiers épisodes ont été tournés à Détroit, Atlanta, Londres et La Nouvelle-Orléans.
Cet élan a été brusquement interrompu en mars 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 s’est invitée dans nos vies. L’équipe de l’émission, qui tournait à ce moment-là à Londres, a dû être rapatriée.
«Avec cette série-là, on voulait parcourir les quatre coins du monde, explique Kathleen O’Leary. C’était ça l’envergure du projet. Malheureusement, avec la pandémie, on a dû se réinventer, comme beaucoup de monde a été forcé de faire.»
Pour Résiste!, se réinventer a voulu dire poursuivre la série, mais dans des villes canadiennes. La cinquième émission a été tournée à Montréal, après quoi la production a pris une pause de plusieurs mois pour se réorienter.
«C’est sûr que c’était pas ça l’idée de base. On pensait être en Corée du Sud, puis on s’est retrouvés à Calgary, raconte Gabrielle Laïla Tittley. Mais on s’est vraiment amusés et on a rencontré des artistes vraiment touchants, inspirants, super uniques. Ça me fait réaliser encore et encore à quel point le Canada est un vaste pays, constitué de toutes sortes de cultures et toutes sortes d’histoires complètement différentes. Ç’a été très enrichissant.»
Au printemps et à l’été 2021, des épisodes ont donc été tournés à Vancouver, Calgary, Winnipeg, Toronto et Québec.
La productrice déléguée, Kathleen O’Leary, estime que l’émission y a trouvé son compte : «On est heureux quand même d’être retournés au Canada parce qu’on a fait la connaissance d’artistes incroyables. Ça nous a permis aussi de découvrir des villes canadiennes, de leur donner une autre essence que ce qu’on connaissait déjà. On a été agréablement surpris.»
Les artistes invités et les sujets sortent effectivement souvent de l’ordinaire.
À Vancouver, il est question entre autres d’Anthony Joseph, qui fait revivre l’histoire de l’ancien quartier noir Hogan’s Alley en dessinant des personnages marquants de cette époque en murales sur deux viaducs responsables de la disparition de cet espace urbain.
À Winnipeg, on raconte le parcours de la chanteuse activiste Kayla Fernandez de Vagina Witchcraft, un groupe punk dont le premier album a été finaliste pour le prix Polaris.
À Calgary, l’épisode parle de nvrlnd., une fondation gérée par des artistes qui transforme des édifices abandonnés en studios ou en espaces pour tenir des évènements communautaires.
«On est allés rencontrer des artistes qui ont peut-être moins le spotlight habituellement, mais des gens qui sont tout aussi pertinents, souligne l’animatrice Pony. On est contents, on est vraiment fiers de faire ça.»
Kathleen O’Leary mentionne que l’animatrice y a été pour beaucoup dans l’atteinte des objectifs de la série, étant elle-même artiste visuelle un peu dans la marge. «C’est ce qui amené à des rencontres tout à fait inspirantes avec les artistes parce qu’ils parlaient le même langage. Gabrielle a cette espèce de délicatesse, de douceur, d’intelligence émotionnelle qui l’a rendue capable d’aller chercher cette confiance-là chez les artistes. Sans elle, la série n’aurait pas eu cette teinte-là.»
Dans les villes canadiennes, il y a eu un effort de trouver des artistes francophones ou de parler du fait français. L’artiste Anthony Joseph à Vancouver est un exemple. Dans l’épisode de Winnipeg, on a fait état de la communauté de Saint-Boniface.
Une fin trop vite arrivée
L’équipe espérait pouvoir aller encore plus loin avec le magazine, mais la pandémie rend impossible toute reprise de tournage à l’international, du moins pour l’instant.
«L’aventure est terminée, malheureusement. Moi je suis triste», admet Gabrielle Laïla Tittley.
Les épisodes tournés à Vancouver, Calgary, Winnipeg, Toronto et Québec seront diffusés sur les ondes de TV5 à compter du 11 janvier 2022. Les cinq premiers épisodes sont disponibles sur le site de TV5.