«Recruter des médecins, c’est un job à temps plein»

«Recruter des médecins, c’est un job à temps plein»

On pourrait faire davantage pour trouver des médecins, déclare la Dre Marjolaine Talbot-Lemaire, médecin de famille à Hearst. En revanche, elle mentionne que le manque d’argent constitue un défi qui ne peut pas être ignoré.

Il existe un poste de recrutement partagé entre l’Hôpital Notre-Dame de Hearst et la Ville de Hearst. Toutefois, ce poste n’est pas limité à la recherche de médecins. La personne doit aussi recruter des travailleurs et des suppléants aux soins de santé, en plus d’accomplir des tâches administratives pour l’hôpital.

La Dre Talbot-Lemaire est l’une des cinq médecins qui soignent les membres de la communauté de Hearst. Elle précise que recruter un médecin de famille prend plus de temps qu’on ne le pense.

À long terme, l’équipe de l’hôpital en appelle aux étudiants en médecine qui complètent une résidence. Mais, ces derniers ne pourront pas travailler avant d’obtenir leur diplôme. À court terme, l’équipe doit rencontrer chaque candidat et demander des références valides afin de bien le connaitre.

«Faire de la recherche à savoir comment trouver ces gens-là, c’est beaucoup, avoue-t-elle. Mais, ensuite, ce sont les déplacements aussi pour aller les rencontrer.»

Dre Marjolaine Talbot-Lemaire dit que l’employée de l’hôpital qui s’occupe de cette tâche fait «du mieux qu’elle peut», mais qu’il n’est pas évident d’équilibrer le travail de recrutement avec les autres exigences de son poste.

Des pourparlers sont en place actuellement au sein du comité de recrutement afin d’embaucher un professionnel de la santé, soit un médecin ou un infirmier praticien à la clinique de suppléants, qui sera à la tâche deux semaines par mois pour venir dépanner l’équipe médicale.

Cet employé pourra évaluer et diagnostiquer les patients, en plus de prescrire des médicaments. Cependant, il ne pourra pas effectuer de procédures telles que des points de suture.

Plus de travail, moins de travailleurs

La communauté a perdu trois médecins de famille et, au minimum, il faut quatre autres médecins pour combler le vide actuel. La Dre Talbot-Lemaire explique que la profession a changé au cours des décennies et qu’il faut plus de médecins pour répondre à la demande.

Actuellement, les médecins de famille ont une approche beaucoup plus préventive que curative, ce qui demande plus de temps avec les patients.

«On ne peut pas voir 30 patients en une demi-journée, c’est impensable, soutient-elle. Pour moi, voir 20 patients au bureau dans une journée, c’est une grosse journée.»

Au quotidien, le travail d’un médecin ne se limite pas à un examen de quelques minutes pour chaque patient, mentionne-t-elle. Il faut également effectuer des dépistages et des traitements en plus d’éduquer les gens au sujet de conditions médicales qui les concernent, comme le cancer, le diabète, et former les stagiaires en médecine.

Avoir une pratique de 1200 à 1500 patients est compliqué lorsque le médecin se doit d’offrir d’autres services essentiels tels que les soins d’urgence, les accouchements, l’obstétrique, l’hospitalisation avec soins aigus, les traitements à long terme.

Les médecins de famille passent donc moins de temps au bureau lorsqu’ils doivent travailler de longues heures ailleurs. 

Bref, être médecin de famille, c’est souvent de la jonglerie et, comme n’importe qui d’autre, ces derniers cherchent un équilibre entre le travail et leur vie personnelle afin d’éviter l’épuisement professionnel, notamment durant la pandémie qui a ajouté un stress supplémentaire à la profession.

«On ne se cachera pas qu’il y a beaucoup de médecins qui ont devancé leur retraite à cause de ça. Il y en a qui ont été découragés et ont lâché la médecine», déplore la Dre Talbot-Lemaire.

La Dre confirme que la situation est critique et qu’il faut agir afin de trouver des solutions pour éviter la surcharge de travail et l’épuisement professionnel des médecins de famille.

Trouver la bonne personne

Le manque de médecin est un problème commun dans les régions éloignées et rurales, surtout lorsque ces professionnels n’ont pas de racines dans la communauté d’accueil et ne partagent pas le même profil linguistique.

«C’est très difficile de convaincre les gens de venir s’établir dans une petite communauté, surtout que Hearst est clairement francophone, admet la Dre Talbot-Lemaire. Si on veut aller chercher de nouveaux jeunes gradués qui [ont] une facilité avec le français, ça restreint encore plus les candidats possibles.»

Elle fait observer que le recrutement des médecins de famille est un effort communautaire et que la tâche ne relève pas d’une seule entité, ce qui comprend des membres de la Ville, de l’équipe de santé familiale, des médecins et des membres de l’hôpital. Les membres tentent d’arriver à des solutions à court, moyen et long terme pour aider avec la crise dans laquelle la communauté est plongée actuellement.

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