Lors de la dernière législature, trois députés issus des communautés francophones à l’extérieur du Québec occupaient un poste de ministre.
Le retour au Cabinet de l’Acadien Dominic LeBlanc ne fait aucun doute. En plus de la position stratégique de ministre des Affaires intergouvernementales, qu’il occupe toujours au moins jusqu’à la prochaine assermentation, son influence à Ottawa provient de sa proximité avec le premier ministre, dont il est un ami d’enfance.
À moins d’un revirement de situation, la Franco-Ontarienne Mona Fortier devrait sans doute également conserver une place au Cabinet. Il ne serait toutefois pas surprenant de la voir changer de fonctions, puisque la raison d’être du poste qu’elle occupait à titre de ministre de la Prospérité de la classe moyenne n’est pas devenue plus claire avec le temps.
Le maintien en poste du Franco-Manitobain Dan Vandal est plus incertain. Il avait fait son entrée au Cabinet à la suite de l’élection de 2019, notamment en raison du fait que son collègue de Winnipeg, Jim Carr, avait dû prendre un congé de maladie pour traiter un cancer. M. Carr est depuis de retour au travail et pourrait bien être le représentant du Manitoba au Cabinet.
De plus, M. Vandal occupait le poste de ministre des Affaires du Nord, un poste qui pourrait revenir au nouveau député du Yukon, Brendan Hanley. Celui-ci est l’ancien médecin hygiéniste en chef du territoire.
De nouveaux venus au Cabinet ministériel?
Avec le départ de Catherine McKenna de la vie politique, il y a la possibilité d’une nomination supplémentaire d’un député ou d’une députée de la région de la Capitale-Nationale.
Il pourrait bien s’agir de la Franco-Ontarienne Marie-France Lalonde. En plus d’avoir une expérience ministérielle à l’échelle provinciale, elle a aussi pris du galon en mars 2021 en étant promue secrétaire parlementaire de la ministre du Développement économique et des Langues officielles.
Le Franco-Albertain Randy Boissonnault est lui aussi en bonne posture pour faire son entrée au Cabinet, alors que seulement deux libéraux ont été élus dans sa province.
Son collègue de Calgary Skyview, George Chahal, fait actuellement l’objet d’une enquête parce qu’il aurait remplacé un dépliant de son adversaire par le sien lors de la campagne.
Du côté de la Nouvelle-Écosse, la question se pose à savoir qui de Sean Fraser ou Lena Diab sera le ou la prochain·e ministre issu·e de cette province à la suite de la défaite de Bernadette Jordan le mois dernier.
L’arrivée au cabinet de Mme Diab, une nouvelle venue sur la scène fédérale, serait une bonne nouvelle pour les francophones, qui peuvent la considérer comme une alliée.
Elle a occupé plusieurs fonctions ministérielles au niveau provincial, notamment celles de ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie, et de ministre de l’Immigration. C’est sous sa gouverne qu’a été élaboré le tout premier Plan d’action pour l’immigration francophone en Nouvelle-Écosse.
L’avenir de la ministre Joly
Même si plusieurs s’attendent à une promotion de la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, il est souhaitable qu’elle conserve ce second dossier pour le moment, en plus d’obtenir d’éventuelles nouvelles fonctions.
Les libéraux se sont engagés à procéder dans les 100 premiers jours à la modernisation de la Loi sur les langues officielles. L’aboutissement de ce projet constituerait un important héritage politique pour Mélanie Joly, qui pilote ce dossier depuis ses débuts.
La plateforme libérale prévoyait aussi d’appliquer en totalité les mesures législatives et administratives décrites dans le document de réforme déposé en février dernier. Celui-ci ouvre la voie à de multiples investissements dans le prochain Plan d’action pour les langues officielles.
Dans ce contexte, avoir une ministre séniore qui a l’oreille du premier ministre serait un important atout.
Possibilités de plusieurs candidatures francophones à la présidence de la Chambre
En plus de l’assermentation du Cabinet, l’élection à la présidence de la Chambre des communes, qui se déroulera dès le retour des députés au Parlement, sera à surveiller.
L’intérêt de cette course pour les communautés francophones est moins en raison de la position elle-même, qui requiert un devoir de réserve de la personne titulaire, mais plus pour la possibilité de voir plusieurs visages familiers poser leur candidature.
Depuis 2019, cette fonction est occupée par le Franco-Ontarien Anthony Rota. Sa réélection n’est toutefois pas assurée, surtout en contexte de gouvernement minoritaire, où l’issue du scrutin est plus imprévisible. Il y a deux ans, M. Rota avait causé la surprise en défaisant le président sortant de la Chambre, Geoff Regan.
La néodémocrate Carol Hughes pourrait également convoiter le poste. Cette Franco-Ontarienne s’était portée candidate en 2019. Du fait du nombre limité de sièges détenus par son parti, ses chances de l’emporter seraient toutefois plutôt minces.
Enfin, avant le début de la dernière législature, l’Acadien du Nouveau-Brunswick René Arseneault avait annoncé sa candidature à la présidence de la Chambre avant de finalement se désister de la course. Reste à avoir s’il a toujours un intérêt pour ce poste.
D’autres députés à surveiller
En 2019, la rétrogradation de l’ancienne ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, en avait surpris et déçu plus d’un en Acadie. Exclue du cabinet, elle s’était alors vu confier le rôle de whip adjointe du gouvernement, qu’elle avait déjà occupé au début de sa carrière politique en 2015. Reste à voir la place qu’occupera cette députée au potentiel sous-utilisé lors de la dernière législature.
La composition du Comité permanent des langues officielles, qui étudiera le projet de modernisation de la LLO une fois qu’il sera redéposé en Chambre, est aussi d’intérêt.
Des députés tels que Francis Drouin, Viviane Lapointe et Serge Cormier pourraient y apporter une contribution intéressante, tout comme le conservateur Chris d’Entremont.
Il sera aussi pertinent de voir si le Franco-Ontarien Marc Serré et l’Acadien Darrell Samson conserveront un poste de secrétaire parlementaire dans la prochaine législature et si d’autres francophones les joindront.
Enfin, il sera intéressant de voir les responsabilités qui seront confiées à la nouvelle élue franco-ontarienne Arielle Kayabaga. Arrivée au Canada durant l’enfance à titre de réfugiée, son élection est à souligner comme une avancée pour la représentativité des personnes d’origine immigrante issues des communautés francophones.