Pour Mona Awad qui a partagé sa vie, Daniel Gautier a toujours été un artiste. Il a toujours eu un intérêt pour toutes les formes d’art, de la musique, au théâtre, en passant par la peinture. Un désir de s’exprimer à travers la création artistique l’a d’abord amené à toucher à tout avant de prendre la décision, à l’âge de 15 ans, de consacrer sa vie à la peinture. Un documentaire sur la vie de Paul Gauguin l’avait profondément marqué à l’âge de 12 ans. Le fait que l’artiste ait abandonné son emploi à la bourse à 35 ans pour peindre l’avait grandement impressionné, et la simplicité du style de Gauguin l’avait convaincue que n’importe qui, même lui, pouvait peindre. N’ayant reçu aucune éducation formelle en arts visuels, Daniel Gautier a plutôt suivi des formations dans les ateliers d’artistes ici et là pour parfaire son art. À 18 ans, un voyage en Europe le marque à jamais alors qu’il sillonne le continent pour voir des expositions, visiter des ateliers et s’immerger dans la vie d’artiste. À l’âge de 33 ans, il fait le grand saut et prend la décision de quitter le confort d’une vie sécuritaire pour se consacrer pleinement à son art.
Daniel Gautier était un artiste impliqué dans sa communauté. Alors qu’il habitait aux Îles-de-la-Madeleine, il a créé le Havre Atelier-Galerie, un lieu de rencontre, de création et de diffusion qui lui a permis de nouer des relations avec de nouvelles générations d’artistes et de leur servir de mentor pour les aider à réaliser leur plein potentiel. L’engagement culturel de Gautier était consubstantiel à son engagement écologiste. Toute sa vie, il s’est impliqué socialement, notamment à travers sa participation au mouvement Sauvons Sandy Beach à Hudson. Son implication passait aussi par l’organisation d’événements comme L’Art prend l’air, un événement d’art en nature (land art) où la nature devient le canevas des artistes, qui créent des œuvres éphémère in situ, en interaction avec le public.
Les premières influences de Daniel Gautier ont été les impressionnistes et les surréalistes. Le peintre fut attiré par les qualités oniriques du surréalisme à l’adolescence et l’éclectisme du surréalisme marque ses premières œuvres. Le travail des peintres canadiens des maritimes était une autre source d’inspiration importante pour Gautier, qui est demeuré fasciné par leur façon de peindre la mer. Au fil du temps, la mer est devenue le thème central de son œuvre. L’eau a toujours été omniprésente dans la vie de l’artiste, qui a grandi dans le Vieux-Longueuil sur le bord du Saint-Laurent et vécu aux Îles-de-la-Madeleine au bord de la mer avant de s’installer à Hudson au bord du lac des Deux-Montagnes. Sa pratique artistique était donc intimement liée à un rapport très concret qu’il a développé avec l’eau tout au long de sa vie, à travers la pratique d’activités aquatiques comme le kayak ou les randonnées quotidiennes au bord de l’eau qui rythmaient ses journées.
Pour Mona Awad, la mer a toujours été présente dans l’œuvre de son amoureux, même à ses débuts surréalistes, sauf qu’elle était souvent en arrière-plan ou en retrait par rapport au sujet principal du tableau. Dans sa jeunesse, Gautier était porté par une volonté de tout mettre dans ses tableaux, mais avec la maturité son style s’est épuré et l’artiste a été amené à se concentrer sur les détails de ses représentations. Cette attention portée aux détails est évidente dans sa façon de peindre la mer. Pour Gautier, la mer et le ciel sont des vides pleins, c’est-à-dire que l’absence d’objets concrets permet de mieux apprécier les formes, les couleurs et la lumière, et ainsi saisir les répétitions et les variations de la nature à leur état brut. Selon Mona Awad, Daniel pouvait passer des heures entières à se concentrer sur un détail pour arriver à le reproduire. Daniel Gautier a donc développé son style en pratiquant son art, motivé par la fierté qui accompagne le perfectionnement de sa technique et le sentiment de satisfaction qui accompagne la réalisation d’une œuvre.
Les œuvres de Daniel Gautier seront exposées au Centre Culturel Le Chenail à Hawkesbury jusqu’au 28 novembre prochain et l’entrée est gratuite et ouverte à tous. Pourquoi devrait-on visiter l’exposition selon Mona Awad? D’abord parce que les photos ne sauraient rendre justice aux œuvres, mais surtout « Pour les couleurs, pour la lumière, pour l’effet calmant des œuvres et pour le sentiment d’être transporté ailleurs. »