«Pour moi, le concept de la distance est aussi physique qu’émotionnel, il n’y a pas de lien entre la pandémie et le thème de l’album!», précise d’emblée l’auteur-compositeur.
Cet «adon», selon l’artiste, tombe tout de même à point nommé, à une époque où les distances, en tous genres, ont pris un tout nouveau sens. Le lancement officiel de l’album s’est d’ailleurs fait en ligne, mais le rapeur promet une tournée promotionnelle dans la province «aux cieux vivants» qui l’a vu grandir, tant humainement que musicalement.
Tracer son chemin
«Avec mon premier album Éléphant, j’ai eu la chance de parcourir non seulement des distances en termes de kilomètres, mais j’ai surtout fait énormément de chemin au niveau personnel», explique Shawn Jobin.
Les routes des Prairies, sinueuses et silencieuses, dénotent des détours qu’il faut parfois parcourir pour arriver à destination. Le chanteur remarque qu’en Saskatchewan, «on est tellement habitué à parcourir de grandes distances, que ça forge un caractère et une perspective différente».
Ce cheminement, à la fois pratique et métaphorique, ponctué d’apprentissages et de rencontres, est certainement artistique. Depuis son départ de la ville des ponts pour celle de Québec en mai dernier, le rapeur et réalisateur semble être arrivé à sa destination. Il dispose aujourd’hui d’un studio en ville, où il peut se consacrer entièrement à son art et accueillir divers collaborateurs.
- Optimisme prudent dans l’industrie musicale franco-canadienne
Viser les étoiles
Ce nouvel album, que l’artiste qualifie de tournant dans sa carrière musicale, a été entièrement conçu, écrit et composé en Saskatchewan, fruit d’un travail longuement muri.
«La progression par rapport à mon dernier album Éléphant, c’est que je prends beaucoup plus de place et j’ai davantage confiance de mettre mes idées en musique», confie Shawn Jobin.
Le rapeur et compositeur signe en effet les textes ainsi que la musique et la réalisation, en comptant sur de fidèles acolytes, dont Mario Lepage, leadeur du groupe Ponteix, à la coréalisation.
Riche en collaborations, émotions et explorations, Distance vient faire le pont entre les identités musicale et culturelle de Shawn Jobin, profondément ancrées en Saskatchewan, et son nouveau pied-à-terre québécois.
Image et réalité du rap
La culture du rap a récemment essuyé un coup dur avec l’annulation du festival de musique rap et hip-hop LVL UP à Laval par les forces policières, en raison d’une augmentation significative du nombre de fusillades sur le territoire lavallois.
Même s’il reconnait l’ampleur et la gravité du fléau de la violence, Shawn Jobin déplore toutefois que le rap soit une fois de plus associé au monde des gangs de rue et de la culture des armes à feu, une mentalité qu’il qualifie de «rétrograde».
«Le nerf de la guerre, ce n’est pas le rap, c’est juste un genre musical, une forme d’entertainment. Ce n’est pas parce que tu consommes ou que tu produis cette musique que tu es enclin à être violent ou à faire des choses illégales», renchérit le rapeur.
L’artiste québéco-fransaskois ajoute que la décision d’annuler le festival est un véritable retour en arrière, alors que la culture du rap a beaucoup progressé et que la programmation de cette année mettait justement en vedette certains artistes de la diversité nouvellement arrivés sur la scène québécoise.
Certes, dans son plus récent vidéoclip, Down, des armes «à air comprimé» apparaissent, mais «ce ne sont pas de vraies armes», précise le chanteur. «Le concept est de montrer deux gars qui partent dans le bois pour s’isoler et se changer les idées. Je fais du rap, mais ça ne fait pas de moi quelqu’un de violent.»
Pour suivre toute l’actualité de Shawn Jobin, rendez-vous sur les profils Facebook et Instagram de l’artiste.