Sans jamais mentionner qu’il est en quête d’un gouvernement majoritaire, Justin Trudeau justifie le déclenchement d’une élection générale pour donner une voix aux Canadiens vers la sortie de la pandémie.
«Je pense que c’est important d’offrir aux Canadiens leur choix et de faire entendre leur voix sur comment nous allons continuer de passer à travers une pandémie dont personne ne parlait la dernière fois qu’on était en élections», a indiqué le chef du Parti libéral en conférence de presse à sa sortie de Rideau Hall, dimanche.
Les libéraux devraient faire élire au minium 15 députés supplémentaires s’ils souhaitent d’obtenir les 170 sièges nécessaires à la composition d’un gouvernement majoritaire. Au moment de la dissolution du Parlement, les libéraux comptaient 155 députés, les conservateurs 119, le Bloc québécois 32, les néodémocrates 24 et les verts 2.
Enjeux francophones à surveiller
Les questions de la relance économique postpandémie, la pénurie de main-d’œuvre, les changements climatiques et la gestion des finances publiques seront au cœur des grands débats nationaux d’ici au 20 septembre.
Les francophones tendront une oreille attentive à la question du financement de l’éducation postsecondaire en français. À peine quelques jours avant le déclenchement des élections, la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, annonçait un appui de 121,3 millions $ sur trois ans pour des projets qui renforcent l’éducation postsecondaire.
Le chef conservateur, quant à lui, s’était engagé dans une lettre ouverte, en février dernier, à créer une enveloppe budgétaire pour l’éducation francophone en milieu minoritaire. Les néodémocrates, quant à eux, s’étaient prononcés en faveur d’un financement fédéral pour transformer l’Université de Sudbury en établissement autonome.
La question de la modernisation de la Loi sur les langues officielles demeure toujours sur la table. Le projet de loi déposé à quelques jours de la fin des travaux parlementaires est mort au feuilleton. La ministre responsable des langues officielles s’était alors engagée à réintroduire le projet de loi dans une prochaine législature en cas d’élections hâtives.
Au mauvais moment
À l’exception des conservateurs, les chefs des principaux partis d’opposition ont tous dénoncé le choix des libéraux de déclencher des élections pendant la quatrième vague de la pandémie. Ils ont tout de même saisi la balle au bond et démarré leurs campagnes respectives.
En conférence de presse, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchette a qualifié la tenue d’une élection générale d’«irresponsable» alors que le chef du NPD Jagmeet Singh a accusé Justin Trudeau de ne pas respecter ses promesses en déclenchant une élection anticipée.
«Justin Trudeau dit toujours les bonnes choses. Mais l’élection surprise égoïste d’aujourd’hui montre qu’il n’a pas l’intention de le faire. Les gens ne peuvent plus se permettre ses fausses promesses», a indiqué le chef néodémocrate par voie de communiqué.
Le chef du Parti conservateur Erin O’Toole a lancé une vidéo bilingue pour annoncer les grandes lignes du programme de son parti. Un budget équilibré, la création d’un million d’emplois, la santé mentale, la protection en cas de pandémie et une nouvelle loi anticorruption font partie des du Plan de rétablissement des conservateurs.
«Il y a cinq partis, mais deux choix. Les conservateurs d’un côté ou, plus de scandales, plus de dépenses, plus de dettes de l’autre», affirme le chef du Parti conservateur à la fin de la vidéo.
La cheffe du Parti vert, Annamie Paul, qui doit composer avec des conflits au sein même de son parti, a rappelé sur Twitter qu’elle considérait le moment mal choisi de déclencher des élections en raison de la pandémie et des feux de forêt qui forcent des évacuations un peu partout au pays.
Les chefs croiseront le fer dans le dernier tiers de la campagne lors des débats des chefs. Le débat en français aura lieu le 8 septembre et celui en anglais le lendemain.