Des bourses pour les universitaires de la francophonie canadienne

Des bourses pour les universitaires de la francophonie canadienne

Elie Ndala, de Shippagan, au Nouveau-Brunswick, entreprendra ses études doctorales en éducation à l’Université d’Ottawa en septembre. Après un baccalauréat en éducation de l’Université de Moncton et une maitrise à l’Université d’Ottawa, le boursier de la Fondation Ricard poursuivra ses recherches sur l’insertion socioprofessionnelle des immigrants canadiens dans le milieu de l’éducation.

«J’étudie la question de qui s’adapte à qui quand on parle de formation des enseignants d’origine étrangère. Est-ce qu’ils ont à changer leurs acquis pour s’adapter et entrer dans le moule éducatif? Comment est-ce qu’ils négocient leur place?», précise Elie Ndala.

«L’évènement de George Floyd et l’engouement qu’il y a eu pour tout ce qui est le militantisme antiraciste, je pense que ma recherche tombe à point», ajoute le lauréat.

Arrivé du Congo à l’âge de 6 ans, Elie Ndala a vécu aux quatre coins de la francophonie canadienne. C’est finalement dans la Péninsule acadienne, au Nouveau-Brunswick, que sa famille a déposé ses valises.

«C’est en me questionnant sur ma place dans la francophonie que je me suis dit que je voulais aller étudier en éducation. C’est là où j’ai vraiment trouvé mes ailes.»

Le directeur général de la Fondation, Alain Landry, précise que la fondatrice du programme de bourses, Alma Ricard, avait à coeur l’appui de la francophonie canadienne.

«Elle disait: « Les Québécois ne veulent plus s’appeler Canadiens, ils veulent s’appeler Québécois. Moi, je donne mes bourses à des Canadiens. » Autrement dit, des Canadiens francophones en situation minoritaire. Elle avait une petite pointe d’humour!», s’amuse à souligner Alain Landry.

Inquiétudes pour le postsecondaire en français

Alain Landry ne se le cache pas, les compressions majeures à l’Université Laurentienne, en avril dernier, et les difficultés d’autres établissements universitaires francophones au pays le préoccupe.

«Ça devient une situation inquiétante pour la francophonie canadienne, mais surtout pour la francophonie nord-ontarienne. Il y a la nouvelle université francophone de l’Ontario qui va ouvrir ses portes, mais elle est toute nouvelle et le contexte n’est pas le même que l’Université Laurentienne [qui existe depuis plus de 60 ans, NDLR] et c’est inquiétant», précise le directeur général.

Malgré tout, Alain Landry note une constance dans le nombre de demandes de bourse au cours des dernières années. La Fondation a reçu 86 nouvelles demandes cette année, desquelles elle a sélectionné les douze nouveaux lauréats.

Pour Elie Ndala, «le fait de recevoir une bourse comme ça, non seulement ça me confirme que je suis dans la bonne voie, qu’il y a une écoute» au sein de la francophonie canadienne pour poursuivre des études.

«Lorsque j’ai reçu la bourse, précise-t-il, ça m’a confirmé qu’il y avait une possibilité de s’épanouir dans la francophonie.»

Un tremplin pour les lauréats

La Fondation Baxter et Alma Ricard accorde des bourses exclusivement aux étudiants issus de communautés francophones en situation minoritaire au Canada qui sont titulaires d’un premier diplôme universitaire. Ceux-ci peuvent poursuivre leurs études dans n’importe quel établissement universitaire dans le monde.

Depuis 1998, la Fondation Baxter et Alma Ricard a remis des bourses à plus de 360 étudiants.

Alain Landry est fier de présenter les succès des anciens lauréats.

«On en a une [boursière] d’origine acadienne qui est très hautement placée dans un laboratoire à Amsterdam sur les changements climatiques. On en a un qui est devenu avocat après des études à Harvard et qui est professeur de droit dans une grande université américaine. On en a une qui est doyenne de la Faculté d’éducation à l’Université de Moncton. On en a plusieurs qui sont en droit ou en éducation à l’Université d’Ottawa», énumère Alain Landry.

Couple marquant pour les communications

En 1947, Baxter Ricard, originaire de Verner, dans le Nord de l’Ontario, obtient une licence pour créer CHNO, la première station de radio bilingue à l’extérieur du Québec. Dix ans plus tard, il fonde CFBR, une station francophone et la chaine CHNO diffusera dorénavant uniquement en anglais. Les Ricard deviennent alors les premiers diffuseurs commerciaux au pays à posséder deux antennes sur la fréquence AM dans la même ville, soit Sudbury.

Dans les années 1970, le couple se lance dans le secteur de la télévision par câble pour le Nord de l’Ontario.

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, Baxter Ricard a vendu ses actifs en télécommunication. Le couple a, par la suite créé la Fondation Baxter et Alma Ricard.

Depuis la création du programme, en 1998, la Fondation a remis plus de 24 millions$ en bourses d’études à des étudiants universitaires de la francophonie canadienne.

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