Quelle histoire étonnante, voire envoutante que celle de Joey Desjardins! Cette grande aventure commence alors qu’il travaillait dans la construction et qu’il était un fervent adepte du moto-cross. En 2009, alors qu’il avait 22 ans, il a été victime d’un malencontreux accident qui l’a rendu paraplégique. Il a alors subi une lésion médullaire qui lui a fracturé des vertèbres dans le dos.
«C’est alors que je me suis retrouvé désormais complètement paralysé dans le bas du corps, de l’estomac jusqu’aux pieds. Mais j’ai refusé d’imaginer que tout était fini pour moi. J’ai plutôt choisi de voir cette épreuve comme une opportunité. Celle de me lancer dans la compétition du paracyclisme. Et rien ne m’arrête depuis ce temps.»
Son véhicule de compétition est ce qu’on appelle un Hand Bike ou vélo à mains avec deux roues arrières et une roue avant. Il pédale avec ses bras et ses mains alors qu’il est étendu de tout son long sur le dos.
Lorsqu’il n’est pas en train de s’entrainer au Centre National de Cyclisme de Bromont, en Estrie, deux heures et demie par jour, six jours par semaine, il poursuit son entrainement plus près de chez lui et de sa famille. Il n’est pas rare de l’apercevoir circuler en vélo à mains avec détermination sur les routes de Glengarry-Prescott-Russell, entre Saint-Eugène, Alexandria, Vankleek Hill, Hawkesbury, L’Orignal, Lefaivre et Rigaud. Et l’an dernier, ainsi que cette année, il a su profiter des confinements reliés à la pandémie de la Covid-19 pour s’entrainer dans la région sur des routes moins achalandées.
Lorsqu’on demande à Joey Desjardins qui a bien pu l’inspirer à se lancer corps et âme en compétition, ne serait-ce que pour tester ses limites, il répond simplement: Rick Hansen. Rappelons que cet athlète paraplégique de la Colombie-Britannique a effectué en deux ans, de mars 1985 à mai 1987, sa tournée autour du monde «Man in Motion», 40 000 kilomètres en fauteuil roulant dans 35 pays. Et lorsque Rick Hansen a entrepris en 2012 de souligner le 25e anniversaire de Man In Motion en traversant le Canada en fauteuil roulant, Joey Desjardins l’a accompagné avec son vélo à mains.
Pendant plusieurs années, il a vécu des compétitions sur le plan international avec un certain succès, il faut le dire. Il a entre autres couru en Afrique du Sud en 2017, puis en 2018 en Italie et aux Pays-Bas en 2019.
Aux Jeux paralympiques de Tokyo, il fait partie d’une équipe canadienne de para cycliste de cinq hommes et quatre femmes. Il va participer à deux épreuves, une de 24 kilomètres et une autre de 80 kilomètres à l’extérieur de la capitale japonaise, dans la région du mont Fuji, un volcan de la ceinture de feu du Pacifique.
Autre source d’inspiration et non moins importante pour Joey Desjardins? Sa famille, sa conjointe Vanessa, ses deux petites filles Stella, cinq ans et demi, ainsi que Zayla, trois ans, ses plus ardentes partisanes. Elles occupent les plus hauts échelons de son équipe.
Et puis, il y a ses parents, Florence et Michel Desjardins. C’est avec des sanglots à peine retenus que sa mère Florence essaie d’exprimer sa fierté envers un fils que rien n’a jamais pu arrêter dans sa longue route préparalympienne. Le mot de la fin est pour son père Michel qui déclare rempli d’émotion: «À chaque fois que quelqu’un me parle de Joey, j’en ai les larmes aux yeux. Ça fait des années qu’il se prépare aux jeux paralympiques et puis c’est là qu’il est rendu.»