Habituellement, ce sont les élèves des cours réguliers en agriculture de l’Académie de la Seigneurie, l’école publique française de Casselman qui s’occupent de la plantation de canas dans le village. Mais pas cette année à cause des restrictions obligées par la Covid. L’apprentissage en mode virtuel depuis le début d’avril n’aurait pas permis les suivis nécessaires auprès des plantes dans la serre de l’école. Sauf que les élèves, certains atteints de trouble du spectre autistique et d’autres en déficience intellectuelle légère, sont les seuls de l’école à poursuivre leur apprentissage en mode présentiel, explique Julie LeBlanc, l’enseignante de la seule et nouvelle classe dite systémique du CEPEO, du conseil des écoles publiques de l’est de l’Ontario.
«Mes élèves sont toujours présents à l’école parce que leurs besoins ne pourraient pas être comblés en mode virtuel. Ce qui fait que ma classe de 7 élèves, 6 garçons et une fille, devenait le groupe idéal pour assurer la plantation de canas cette année», soutient l’enseignante, fière que ce beau projet communautaire ne soit pas tombé à l’eau. Il s’agit d’adolescents âgés de 13 à 17 ans dont le niveau académique va de la maternelle à la 4e année. Certains d’entre eux visent éventuellement un certificat d’études secondaires. Julie LeBlanc est assistée de trois techniciennes en éducation spécialisée.
Cette expérience de la plantation de canas est d’une valeur non-négligeable pour les élèves affirme Julie Leblanc. «Nos élèves ne connaissent pas vraiment Casselman puisqu’ils viennent d’ailleurs sur le territoire desservi par le CEPEO. En plantant les canas ici et là, ça aide à développer un sentiment d’appartenance et de fierté à la communauté de Casselman. Et puis, ajoute-t-elle, c’est important pour moi comme pédagogue de développer chez mes élèves les habiletés nécessaires pour devenir des citoyens responsables.»
C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’une représentante de la municipalité a participé au projet avec les élèves. La conseillère Francine Leblanc (aucun lien de parenté), est présidente du sous-comité de l’environnement de Casselman. «Je suis très fière de ces élèves-là. Ils peuvent voir le produit qu’ils ont accompli, dit-elle. D’autant plus que ça embellit notre municipalité.»
Si c’est jeudi dernier que les élèves ont planté les 64 canas au Monument de la Francophonie, dans les parcs, devant l’église et ailleurs dans le village, ce n’est pas la fin du projet, loin de là, insiste l’enseignante Julie LeBlanc. «À l’automne, on reprend les bulbes pour les entreposer dans la serre de l’école et pour recommencer le printemps prochain. C’est ainsi que l’on boucle la boucle! Peut-être que l’an prochain, qui sait, nous pourrions aussi planter des fleurs.»
Voilà une initiative qui fait germer de nouvelles idées dans les établissements scolaires et qui permet de cultiver un sens de l’appartenance à ces jeunes qui étudieront jusqu’à l’âge de 21 ans dans cette communauté. Il n’y a pas que des contrecoups qui découlent de la Covid-19!