«Au tout début en 1963, nous avions une ferme laitière mon mari Louis et moi sur le chemin Cassburn à L’Orignal. Nous produisions du lait depuis notre mariage et puis nous voulions agrandir, mais pas moyen d’acheter des voisins qui refusaient de nous vendre leur terre. Donc, nous avons vendu notre troupeau laitier et nous avons commencé à produire des fleurs et des légumes dans une serre, se rappelle Odette, qui a vu son fils François Legault et son épouse Diane transmettre les clés à leur fils Pascal Legault et sa conjointe Dominique Gauthier voilà deux ans. Toute la famille travaillait les mains dans la terre chaque jour de 5 heures du matin jusqu’à 11 heures le soir. Moi, j’étais là pour prendre soin des fleurs, des petites plantes et des semis qu’il fallait surveiller avec beaucoup d’amour, comme il faut le faire avec des bébés.»
Odette Legault raconte le premier transfert de l’entreprise. C’est en 1982 que l’entreprise qui comptait dix-mille pieds carrés de serres et 12 acres de terrain est transmise à la génération suivante. Louis Legault tombé malade était hospitalisé et c’est alors que François, un des fils prendra les commandes de l’entreprise à la suite d’une transition en douceur. «Dans ce temps-là, on vendait beaucoup au marché Bye à Ottawa et on avait un comptoir rue Main à Hawkesbury.»
En 2003, François Legault et Diane prennent une décision commerciale importante, celle d’ouvrir un grand centre jardin route 34 à Hawkesbury, tout en continuant de gérer les serres de production du chemin Cassburn. Puis, en 2019 avec cinquante-mille pieds carrés de serres, l’entreprise est prise en charge par la troisième génération. Pascal et Dominique veulent poursuivre les valeurs transmises de génération en génération, soit d’offrir une expérience de magasinage axée sur un service personnalisé et un grand choix de produits de qualité.
L’arrivée l’an dernier de la pandémie de la Covid 19 aura obligé l’entreprise à faire les choses autrement avec l’application de mesures sanitaires. «Au début de la pandémie, nous avons dû fermer les serres au public, explique Mme Gauthier, la nouvelle copropriétaire. Dès la réouverture, les Serres Legault ont été littéralement envahies par des clients très engagés dans le jardinage et l’horticulture. Et cette année, les gens semblent avoir peur de manquer de choses à transplanter, avance-t-elle. Ils reviennent en nombre grandissant, car la saison de jardinage a commencé plus tôt que d’habitude. Durant cette pandémie, précise la copropriétaire, les gens affectionnent à peu près tout ce qui se plante ou se sème dans un potager, sans oublier les plantes d’intérieur, comme pour verdir, voire fleurir leur confinement.
Tout ça donne à penser que c’est bon pour le chiffre d’affaire, ce que Dominique Gauthier reconnait d’emblée, malgré les limites imposées par les mesures sanitaires. «On ne peut pas accueillir plus de 50 clients à la fois à l’intérieur des serres, soit 25 pour cent de la capacité comparé aux 250 clients que l’on pouvait servir à la fois avant la pandémie, précise-t-elle. La troisième génération des Legault est très reconnaissante d’oeuvrer avec la vingtaine d’employés dévoués dans un domaine qui apporte beaucoup de joie aux gens. «Le jardinage c’est bon pour la santé mentale et pour la santé physique», lance-t-elle.
Quant à la fondatrice Odette Legault, une grand-maman, voire arrière grand-mère maintenant âgée de 87 ans, elle n’en revient presque pas de constater ce que sont devenus tous les efforts investis depuis les humbles débuts, suite à la vente de la ferme laitière en 1963. Elle conclut que ce n’était rien comparé à son amour des fleurs et de l’horticulture, sans oublier sa fierté de voir comment l’entreprise familiale des Serres Legault est devenue avec le temps un passage presque obligé dans la région de l’est de l’Ontario.