Triste réalité d’une pandémie pour nos ainés

Triste réalité d’une pandémie pour nos ainés

Beau temps, mauvais temps, on peut les apercevoir bras dessus, bras dessous déambulant au centre-ville. Grandes et minces, elles n’affichent pas leur âge. Réjeanne Tessier, 90 ans, exerce de façon toute naturelle un rôle de proche aidante auprès de son amie Gabrielle Parent, de 5 ans sa cadette. Résidentes du Médaillon d’or, elles se connaissent depuis le boum économique du début des années 50 à la CIL de Brownsburg. Leur amitié est indéfectible depuis. 

La cécité totale dont est atteinte Mme Parent ne l’empêche nullement de me jeter un regard qui en dit long sur sa difficulté à vivre la pandémie. Se rappelant les directives du printemps 2020 où personne ne devait sortir de son logement ni recevoir de visiteurs : «J’avais beau multiplier les conversations téléphoniques, je me sentais comme une prisonnière.» Hochant la tête, en signe d’approbation, Mme Tessier trouvait tout aussi pénible de devoir se conformer à ces mesures. 

Elles qui se faisaient un devoir de marcher presque quotidiennement, étaient dorénavant reléguées à vivre en vase clos. «Comme on aimait aussi se gâter par une sortie au restaurant, rencontrer du monde, c’était frustrant», avoue Réjeanne. Plus que la déception, elles s’inquiétaient du manque d’exercice qu’elles jugeaient bénéfique à leur santé. Complices et délinquantes de nature, elles ont même transgressé certains règlements. «Je sortais à cachette par la porte arrière donnant sur le jardin, rien que pour marcher. On avait beau se dire qu’on se croyait dans un enclos, ça nous faisait tellement de bien», clame Gabrielle. 

Pour Ginette De Lamirande (75 ans), établit au même endroit depuis novembre 2019 : «je suis déménagée ici parce que j’avais choisi de vivre en communauté. À peine 4 mois plus tard, je devais m’enfermer dans ma chambre, j’étais en état de choc. À plusieurs reprises, je sonnais la cloche (signal d’urgence) parce que j’hyper ventilais.» Sa voisine d’appartement, Sylvia Leclair-Dagenais (82 ans), se considère chanceuse d’avoir l’une de ses quatre filles inscrites comme proche aidante. «Renée me visite régulièrement en plus de m’apporter plein de livres. Je vis un jour à la fois. Juste changer mon lit, faire du lavage ou m’adonner à la lecture me comble.» Assises à une table de piquenique du parc Barron, les deux dames apprécient pouvoir enfin mettre le nez dehors. Au passage de deux policiers patrouillant à vélo, des salutations mutuelles franches et souriantes les enchantent tout autant qu’elles les interpellent. À l’unisson : «on est bien ici, on se sent en sécurité.» Incapable de réprimer un rire aussi soudain que contagieux, Ginette ajoute candidement et sans pudeur: «je pense au chum que je viens de me faire, j’ai hâte qu’on fasse l’amour.» Pince-sans-rire, Sylvia, lui rétorque : «un jour à la fois.» 

Pour d’autres comme Nicole Laurin (76 ans) et André Braney (75 ans), l’adaptation ne fut pas de tout repos. La troupe  »Théâtre la belle gang », dont elle fait partie ayant cessé toutes activités, elle dut se résigner à son passetemps favori en plus d’être privée de la franche camaraderie du groupe. «J’étais désormais confinée à l’appartement soir et matin ne sortant que pour l’épicerie et la pharmacie et avec le couvre-visage, les commis et moi, on avait de la misère à se comprendre.» André, son conjoint, ajoute: «conscient de l’isolement chez plusieurs de mes connaissances, je suis bien content de vivre à deux.» Friand d’actualités, il confirme : «J’écoute LCN tous les jours.» Tourmenté par la confusion et les contradictions soulevées par les instances gouvernementales, il laisse tomber du même souffle : «Mais Arruda, Dubé et Legault sont pas mal dur à suivre.» De renchérir Nicole : «La situation étant en dehors de notre contrôle, on doit s’adapter. Comme notre logement est plus petit que la maison où l’on habitait, y’a fallu qu’on s’apprivoise», conclut-elle. 

Toutes ces personnes dénoncent la véhémence des propos et l’attitude négative des «complotistes» alors que d’autres déplorent également l’intérêt qu’on leur porte. Unanimement, elles sont persuadées de voir la lumière au bout du tunnel et se disent outillées face à la venue imminente de la troisième vague. 

 

 

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