Le gouvernement fédéral avait déjà commencé à repenser l’organisation du travail dans la fonction publique avant la pandémie, mais il pensait surtout à l’occupation de l’espace, explique Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.
«On changeait la configuration des bureaux, par exemple. Moins cloisonné, moins chacun dans son petit bureau, son petit cubicule. Mais on n’avait pas pris la tangente en disant que les gens allaient travailler à la maison», souligne-t-elle.
Selon Stéphane Aubry, vice-président du comité exécutif de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC), «le télétravail était pris à la pièce sur demande des fonctionnaires, principalement. Et avec des ententes volontaires. Donc c’était des cas isolés.»
Une impression que partage Yvon Barrière, vice-président exécutif régional pour le Québec de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) : «Il y avait déjà du télétravail, mais il revenait aux gestionnaires de voir s’ils l’acceptaient.»
Puisque les politiques de télétravail étaient plutôt «timides» dans la fonction publique fédérale, le choc de la pandémie a entrainé des ratés, croit Geneviève Tellier.
«Ce que j’ai constaté au début de la pandémie, c’est qu’il y avait plusieurs employés qui devaient rester à la maison, mais qui n’avaient aucun outil de travail. Et le gouvernement a eu énormément de difficulté à leur trouver des ordinateurs, par exemple. Donc on n’était pas prêt à passer à une phase de télétravail.»
«Du jour au lendemain, tout le monde a été encouragé de rester chez eux, à ne pas se déplacer, rappelle Stéphane Aubry. Mais il n’y avait pas vraiment eu de discussion sur les moyens technologiques à mettre en place pour permettre le travail à distance ; quels sont les moyens administratifs, espaces de bureau, outils… Les moyens de communication n’avaient pas été mis en place non plus.»