La période des fêtes de cette année, comptant habituellement pour une bonne partie du chiffre d’affaires annuel des commerces de détail, a été maigre. La possibilité de rester ouvert jusqu’au 24 décembre 2020 a été bénéfique pour plusieurs entreprises dites non essentielles. Toutefois, le contexte actuel restreint les activités de commerce des boutiques ne vendant pas des produits essentiels à la vente sans contact avec cueillette à l’extérieur. Néanmoins, les commerçants joints par l’Argenteuil ont noté un intérêt de leur clientèle pour l’achat local, ce qui leur a été un facteur favorable.
À Saint-André-d’Argenteuil, Karen Feiertag et Louis-Robert Frigault, propriétaires de Station 210 Boutique et Café, ont pour leur part la chance d’avoir une clientèle de réguliers qui les ont soutenus. «Les clients nous appuient. Ils ont été patients et généreux avec nous. Ce sont des perles», affirme Mme Feiertag. Le magasin vendant à la fois des produits essentiels et non essentiels, il a eu le droit de rester ouvert pendant la période de couvre-feu ayant lieu au Québec. Les propriétaires ont pourtant décidé de rester fermés au grand public après le 24 décembre par souci sanitaire et pour prendre le temps de réorganiser leur mode d’opérations. Ils reprendront certaines activités après le 27 janvier.
La Station 210, ouverte depuis aout 2018, a connu deux années de difficultés. La première année, les inondations de Saint-André-d’Argenteuil ont frappé. La deuxième année, c’était la COVID-19.
«L’engouement pour les produits locaux a allégé la situation. Tant nos produits du terroir que nos produits de maison que nos produits de plein air ont connu un intérêt accru de la part de notre clientèle. Ceci est attribuable au regain de popularité du cocooning et du plein air, qui a été favorisé par cette période de confinement», résume Mme Feiertag. Selon les deux propriétaires, le contexte actuel amène les gens à tenter d’augmenter leur qualité de vie quotidienne, ce qui a un impact dans la popularité de certains produits, souvent des produits de plus haute qualité.
Au Carrefour d’Argenteuil, Mélissa Paré, propriétaire de la boutique Méli-mélo Rigolo a également remarqué une solidarité de la part de la clientèle locale. «Je travaille dans le récréatif, alors j’ai eu la chance de pouvoir offrir des jeux et passetemps comme des puzzles, qui sont très populaires à cause du confinement. Les clients de la région ont choisi de venir faire leurs achats localement alors qu’ils auraient pu aller dans d’autres commerces dans de plus grandes villes ou sur internet » explique Mme Paré.
Depuis le vendredi 8 janvier, les commerces peuvent effectuer la vente sans contact avec cueillette à l’extérieur, ce qui a aidé la boutique de Mme Paré à poursuivre une activité commerciale limitée. «Ma force est dans le conseil. Lorsque des clients viennent me voir en m’expliquant qu’ils ont besoin d’un jeu pour telle ou telle raison, je sais que je peux leur offrir le produit précis correspondant à leur souhait. Pour ce qui est de la vente en ligne et la cueillette à l’extérieur, il m’est impossible de faire cela et l’échange avec le client se limite à une transaction. Le contact humain favorise une meilleure offre de produits», résume la propriétaire.
Malgré les difficultés, Mme Paré a noté une volonté de la part du public de permettre aux commerces et produits locaux de perdurer. «J’apprécie le soutien que la clientèle locale nous apporte. Je les remercie de ne pas avoir été acheter ailleurs lorsqu’il aurait été facile pour eux de la faire. Je souhaite que les gens d’Argenteuil continuent à acheter à Argenteuil » a tenu à souligner Mme Paré.
À Lachute, sur la rue Principale, le P.E.P Prêt à porter a pignon sur rue depuis 1946. Le copropriétaire de la boutique, Paul Pariseau, trouve la situation extrêmement difficile. «Jusqu’au 24 décembre, on a réussi à avoir une très bonne clientèle et on en est très satisfaits. Après cette date, la pilule passe moins bien. Nous avons connu 15 semaines d’opérations perdues cette année. Ce n’est pas facile pour nos détaillants de passer à travers un nouveau confinement » soutient M. Pariseau. Selon ce dernier, certains secteurs, comme les commerces alimentaires et la construction, savent tirer leur épingle du jeu dans la situation actuelle. Pour les commerces jugés non essentiels, la réalité est autre.
«Être un service essentiel, c’est relatif. Si quelqu’un a besoin d’un nouveau manteau d’hiver, pour moi c’est essentiel», note M. Pariseau. Ce dernier croit que les commerces de détail doivent faire preuve d’ingéniosité. Voilà pourquoi ce dernier utilise la page Facebook de sa boutique pour présenter différentes pièces de vêtement que les gens peuvent observer, puis venir voir sur place, en prenant un rendez-vous, avec les mesures sanitaires et en gardant la distanciation physique.
«Si cette méthode peut au moins nous permettre de faire un minimum de revenu pendant cette période, ça pourrait nous sauver», conclut M. Pariseau.