Au travers de cette conférence, intitulée «Effets du racisme et de la discrimination sur l’intégration des immigrants francophones et comment les outiller à y faire face», le CLIF de Peel-Halton-Dufferin a voulu susciter les réflexions de la communauté sur le sujet et proposer des solutions concrètes pour faciliter l’adaptation des immigrants francophones dans la région.
La professeure Gertrude Mianda, du Département d’études sur le genre, la sexualité et les femmes au Collège universitaire Glendon, le professeur de travail social au Collège Boréal Antoine Dérose et le conseiller au Centre de services scolaires Marguerite-Bourgeoys Malamine Maro ont discuté successivement des effets du racisme en milieu professionnel, des termes clés liés à l’oppression des communautés visibles et de la création de communautés multiculturelles.
Des freins à l’intégration socio-économique
Pour Gertrude Mianda, le manque d’accès au marché du travail constitue un premier frein à l’immigration dans les communautés minoritaires. Elle observe que les immigrants francophones issus de minorités visibles éprouvent plus de difficultés à s’intégrer sur le marché du travail à cause des préjugés à leur égard.
Selon la professeure Mianda, le racisme institutionnalisé, la déqualification professionnelle, l’insécurité linguistique et l’absence de maîtrise de l’anglais constituent encore des barrières pour l’obtention d’un emploi dès l’arrivée des nouveaux immigrants.
«À Toronto par exemple, les immigrants d’origine africaine se retrouvent concentrés dans les secteurs de la santé et de l’éducation. [Leurs salaires] sont généralement au bas de l’échelle et ils sont contraints à retourner aux études», illustre-t-elle.
Antoine Dérose souligne pour sa part qu’en plus des défis liés à l’intégration du marché du travail, le racisme systémique ne facilite pas le processus d’intégration au sein de nouvelle communauté.
Il juge qu’une première étape importante serait que les communautés reconnaissent que le racisme est ancré dans le système de santé, d’éducation et même dans les services sociaux.
D’après le professeur Dérose, les micro-agressions et les micro-insultes comme les préjugés ou les remarques déplacées à l’égard de l’origine ou des traits physiques des individus empêchent la création du sentiment d’appartenance chez les immigrants francophones racialisés.
Pistes de solutions
Au-delà du recrutement d’immigrants francophones pour venir s’établir dans les communautés minoritaires, Gertrude Mianda estime qu’il faudrait ensuite leur assurer une meilleure intégration sur le marché du travail, notamment par la création de comités interculturels et des réseaux professionnels.
«Ces comités permettraient aux gens, dans leur milieu de travail, de se retrouver avec des collègues et d’échanger autour des aspects culturels et des préjugés préexistants au sein de l’organisme […] L’objectif serait de créer un dialogue interculturel pour réduire l’impact de l’ignorance vis-à-vis des nouveaux arrivants», la professeure de l’Université Glendon.
Malamine Maro, qui travaille pour le 2e plus important centre de services scolaire au Québec, pense qu’il faut aussi opter pour la valorisation de la diversité au sein des milieux de travail en créant des communautés interculturelles.
Pour lui, «travailler avec des agents d’inclusion, mettre en place des programmes de mentorat, participer aux rencontres de discussion sur l’inclusion et dénoncer des comportements intolérants sont des exemples d’habitudes à mettre en place».