Il s’agira d’une quatrième station-service pour le village de Grenville qui compte, selon le dernier recensement en 2016, quelque 1700 âmes. La station-service sera aménagée là où se trouvaient les anciens bureaux de Grenville-sur-la-Rouge, sur la rue Maple, près du IGA.
Pour l’instant, et depuis des mois, les exploitants de la station-service Petro-Canada, propriété de Suncor, souhaitent taire leur identité. «Ça fait des mois qu’on les supplie de mettre au moins une affiche sur le terrain, mais ils n’ont pas voulu», a indiqué l’inspecteur municipal du village de Grenville, Luc Gagné, lors d’un entretien la semaine dernière.
Nos propres demandes au siège social de Petro-Canada sont jusqu’ici demeurées lettre morte. Au moment de mettre cet article sous presse, nous n’avions toujours pas obtenu de retour d’appel.

Pourquoi Grenville?
Le prix de l’essence y est plus bas qu’à beaucoup d’endroits, ne serait-ce qu’en raison du fait qu’elle est une porte d’entrée vers l’Ontario, où le carburant y est moins taxé.
L’été, la circulation explose avec l’arrivée des motocyclistes et autres touristes routiers. Ceux-ci profitent des charmes d’Argenteuil et de l’accès à l’Ontario par le pont du Long-Sault.
Ce qui amène certains à dire qu’un quatrième fournisseur d’essence n’est pas de trop à Grenville. Un point de vue qui ne fait pas du tout l’unanimité.
Temps mort
Mais en basse saison, Grenville devient plutôt calme. L’arrivée d’une autre station-service et d’une chaine de restauration rapide en fait sourciller certains.
«On s’interroge sur la pertinence d’en avoir une quatrième», a reconnu Marie-Ève Charlebois, exploitante de la station Crevier. Placé avantageusement au coin de la rue Maple et de la route des Outaouais, près du pont du Long-Sault, le gaz-bar d’antan a connu de grandes transformations au cours des dernières années.
«On a refait la marquise, on a changé les pompes, a expliqué Mme Charlebois. Il faut se diversifier, a-t-elle ajouté. S’ils rajoutent de l’offre, on doit le faire aussi.» Ainsi, le dépanneur du Crevier offre une grande sélection de produits, y compris, depuis peu, des produits congelés M&M.
Jonathan Lalonde, propriétaire du célèbre Jos Patate, a abondé dans le même sens. «Je trouve ça drôle qu’ils aient donné l’autorisation d’en ouvrir un autre, a-t-il déclaré. Avec les deux de l’autre côté du pont (à Hawkesbury), ça fait six. Et l’hiver, c’est mort ici!»
Interrogé à ce sujet, le maire de Grenville, Pierre Thauvette, a tenu à rassurer les commerçants d’essence existants. «C’est la dernière station-service à Grenville. On a voté un règlement là-dessus pour qu’il n’y en ait pas plus que quatre.»
Il a rajouté que la demande pour cette nouvelle station-service avait été faite il y a deux ou trois ans. Une fois qu’une demande est déposée, on ne peut l’annuler a-t-il fait valoir. Certaines personnes laissent toutefois sous-entendre que la «constitution» de Grenville n’est peut-être pas assez rigide.
Un McDonald’s sur Maple
La venue d’un McDonald’s s’ajoutera à l’offre alimentaire de la rue Maple. Selon l’inspecteur municipal, «il va y avoir un service au volant, ce qui est quand même une bonne nouvelle.»
Est-ce que les arches dorées feront de l’ombre aux commerces déjà en place? Nathalie Malo, propriétaire de Fromage & Cie, aborde la question autrement. «Ça ne m’inquiète pas, parce qu’on ne vend pas la même chose», a-t-elle fait valoir. Si Fromage & Cie offre des hamburgers, c’est davantage à ses différentes poutines et à son fromage frais que tient sa réputation. «Mais je pourrais peut-être vendre mon fromage dans leur dépanneur», a-t-elle lancée, sourire en coin.
Là encore, Jonathan Lalonde partage cet avis. «On offre un produit unique, et peut-être même plus rapide, et des frites congelées, ça reste ça», a-t-il soutenu, tout en faisant valoir que «les gens qui veulent du McDo vont commander du McDo.»
Expansion en toute franchise
Si le conseil municipal de Grenville a statué le nombre maximal de stations-service, le maire Thauvette n’entrevoit pas faire de même pour les commerces alimentaires. «On ne compte pas empêcher les franchises, a-t-il affirmé. Ça pourrait être le fun d’avoir un St-Hubert ou une Casa grecque, par exemple ».
Jonathan Lalonde ne peut que hausser les épaules et prendre les choses avec philosophie. « La concurrence, c’est la concurrence. On le savait qu’un jour ou l’autre, les franchises allaient arriver.»