«J’ai su à quatre ans que je voulais être gardien de but», affirme Renaud Simard, qui a 16 ans aujourd’hui. Pourtant, tout semblait le prédestiner à jouer à l’avant. «C’était un très bon joueur. Il avait toujours la rondelle, raconte Sonya Gaudreault, sa mère, il comptait 10-12 buts dans une partie.»
Renaud a toujours été très déterminé. «Il a insisté pendant deux ans, et à son anniversaire de sept ans, il a demandé de l’argent et s’est acheté lui-même son équipement de gardien de but!», se rappelle Mme Gaudreault. Et Renaud n’a plus jamais regardé derrière lui.
La sélection
«Je regardais aux deux minutes les noms sortir sur l’ordinateur», explique son père, Robert Simard. «Renaud jouait avec son frère en bas». Cette année, pandémie oblige, le repêchage de la Ligue de hockey junior majeur (LHJMQ) s’est fait virtuellement, les résultats apparaissant sur le site Web de la ligue au fur et à mesure des sélections.
«Il y a eu un gros orage et je suis allé fermer les fenêtres de ma voiture. En rentrant, j’ai vu son nom et je lui vite annoncer.»

Des 256 joueurs repêchés cette année, seuls 31 sont des gardiens, et peu d’entre eux font partie des midget Espoirs, une catégorie sous le Midget AAA, l’ultime passage avant la LHJMQ. Le père, l’entraineur et le joueur se doutaient qu’il serait probablement sélectionné en 12e ou 14e ronde.
Pour Alexandre Gagné, son entraineur chez les Sélects depuis quatre ans, «c’est une belle surprise – parce qu’il est jeune et que la tendance est aux gros gardiens de but», affirme celui qui l’a suivi depuis le pee-wee AAA. «Renaud ne l’est pas, mais j’imagine qu’il va continuer à grandir, parce que Robert (son père) l’est plutôt». À 6 pieds et 155 livres, le jeune gardien n’est certes pas un colosse, mais seuls des athlètes peuvent être qualifiés de petits à cette taille.
Selon Alexandre Gagné, «il est patient, très analytique dans la vie, et ça se reflète dans les buts.» Renaud est d’accord. «J’ai une bonne lecture du jeu, je suis capable d’anticiper ce que l’adversaire va faire.» Son ex-entraineur sait qu’une qualité en particulier l’a fait ressortir du lot. «Il a dû travailler sur sa constance, et je crois que c’est à cause de ça qu’il a été repêché.»
Alexandre Gagné souligne le fait que Renaud a appris à gérer ses émotions, et qu’il fait preuve d’une maturité rare à son âge. «Il comprend les enjeux, j’avais l’impression que je parlais avec un gars plus vieux que son groupe.»
Renaud lui rend la pareille, ainsi qu’à tous ceux qui l’ont entouré jusqu’ici. «J’ai un respect infini pour tous mes entraineurs et ma famille», dit-il, le sourire aux lèvres.

Des qualités qui dépassent la glace
Renaud Simard n’excelle pas que devant son filet. Ses notes à l’école sont à l’image de ses performances sur la patinoire. Selon Alexandre Gagné, «c’est un petit gars hyperintelligent. Il a une éthique de travail au hockey comme à l’école.»
Pas de fausse modestie ici pour celui qui, comme tous les joueurs des Sélects, est dans un programme de sport-études. «J’ai une facilité naturelle dans presque toutes les matières, à part peut-être les arts plastiques.»
Cette rigueur trouve d’ailleurs écho chez ses parents. Robert Simard le résume ainsi. «L’éthique de travail, ça s’applique dans tous les aspects de la vie.»
D’ailleurs, les quatre garçons du ménage Simard-Gaudreault font du sport de compétition. «Ils sont travaillants, ils font des efforts», ajoute le père, qui a joué au soccer universitaire. «Il faut jouer jusqu’au bout.»
Mme Gaudreault dit de son fils qu’il sait où il s’en va. «Pour Renaud, ç’a toujours été clair qu’il allait un jour partir jouer [dans l’est] avec son chat, ajoutant que «quand il a vécu des moments difficiles, il a toujours su revenir et travailler fort, sans s’apitoyer sur son sort.»
La suite
Pour l’instant, son repêchage lui permettra de faire ses preuves devant les entraineurs et la direction de l’Océanic de Rimouski, à la fin de l’été. Comme Renaud a seulement 16 ans et qu’il évolue dans le midget Espoirs, les probabilités qu’il s’installe dans le Bas-Saint-Laurent cet automne sont minces.
Cela n’a pas empêché sa mère d’avoir des sentiments partagés quand elle a appris la nouvelle. «Ce n’était pas tant de la joie, reconnait-elle, je suis une mère très proche de mes petits, et je suis devenue très émotive – j’avais l’impression qu’il partait le lendemain matin.» Mme Gaudreault s’est tout de même rapidement réconciliée avec le départ possible du second des quatre garçons.
Tant son ex-entraineur que son père, qui a sa certification de maitre MAHG (Méthode d’Apprentissage de Hockey sur Glace) croient au développement lent des athlètes. C’est d’autant plus vrai pour les gardiens qui arrivent à maturité généralement plus tard que les autres joueurs.
Le principal intéressé, sa famille et son ex-entraineur, croient qu’il est plus probable qu’il revienne jouer une année dans le midget AAA, avec les Vikings de Saint-Eustache – où évolue Alex Blais, ancien joueur des Stars et des Sélects repêché par les Saguenéens de Chicoutimi – avant de faire le saut vers Rimouski. Pour Sonya Gaudreault, il s’agit donc peut-être seulement d’une répétition.

