« Quand ils ont fermé les restaurants, il y a eu chez les producteurs de lait un surplus de 25 millions de litres de lait sur le marché que les hôtels, les écoles, restaurants, etc. ne prenaient plus », explique Nathalie Malo, en pleine transformation de lait en fromage.
Ainsi, la table est mise pour expliquer comment l’agricultrice de formation s’est retrouvée avec 4 000 litres de lait à transformer en cheddar.
«Les usines se sont bien adaptées, mais il a fallu jeter 3 millions de litres. Mais, moi, je me dis qu’on a quand même réussi à en placer 22 millions. Il y a des producteurs laitiers qui ont été obligés de jeter beaucoup de lait, parce qu’il y a eu un problème avec la distribution. De mon bord, je me suis dit « ça n’a pas d’allure, il faut trouver une façon de récupérer du lait et en redonner à notre région ». »
À la fin mars, lorsque les règles de distanciation physique ont été resserrées et que les salles à manger ont été fermées, Nathalie Malo s’est soudainement retrouvée avec beaucoup de temps libre et de potentiel d’aide. Une recette parfaite pour une femme avec le cœur sur la main.
Nathalie Malo a donc fait appel au Programme de dons dédiés de lait qui, selon les Banques alimentaires du Québec, «aura permis de distribuer tout près de 7,5 millions de litres aux personnes les plus démunies».
«C’est de là qu’est venue l’idée de le transformer pour le donner à la banque alimentaire des Laurentides pour que ça puisse revenir en région.» Moisson Laurentides lui a passé une commande de 2000 blocs de cheddar – pour des petites familles –, l’équivalent de 4000 litres de lait non transformé.
«Mon lait vient de fournisseurs locaux, qui sont principalement entre Grenville et Saint-Philippe, sur la 148. De toute façon, tout le lait qu’on boit pour l’instant au Québec vient d’une ferme laitière au Québec.»
Nathalie Malo a donc orienté sa production pour les banques alimentaires. «On a décidé de faire du cheddar en bloc emballé sous vide. La beauté, c’est que contrairement au fromage frais, il se conserve extrêmement longtemps, explique la restauratrice et fromagère, il va être encore bon dans quatre mois, ça n’a pas de fin du fromage cheddar sous vide! Il va juste être un peu plus gouteux».
La totalité des 4000 litres devrait être transformée d’ici le vendredi 24 avril. « C’est un travail énorme, mais c’est une fois dans ma vie. J’ai un jeune aide-fromager de 16 ans, et je me dis, «Matisse, quand tu vas être vieux, tu vas pouvoir dire qu’il y a eu une crise et que tu as fait du fromage et contribuer à mettre de la douceur chez les familles.» Pour lui, il y a une belle leçon là-dedans. »
Nathalie Malo a aussi le projet – presque prêt – de vendre du lait frais (et pasteurisé) embouteillé sur place dans des bouteilles de verre.