«Je voulais montrer, par mon exemple, qu’il n’y a aucune place pour cette violence gratuite, que les femmes qui vivent dans cette peur doivent voir que ce n’est pas tous les hommes qui sont violents et qu’il y a quelqu’un pour les écouter», a expliqué Aurèle Poirier, un des hommes qui participe année après année à l’activité annuelle Un mille en talons hauts, qui se déroule à Casselman. Cette activité, organisée chaque année par le Centre CALACS-Nova (Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel), vise à sensibiliser les gens au sujet de la violence commise contre les femmes.

Il y a 11 ans, M. Poirier a commencé à s’impliquer dans la marche en talons hauts, qui rassemble des hommes de la région de Prescott-Russell pour sensibiliser la population aux agressions sexuelles subies par beaucoup de femmes. Un tiers des femmes, selon les statistiques, ont été ou seront victimes d’agressions ou de violence au cours de leur vie, et ce, de la part de gens proches d’elles (conjoints, amis, etc.).
«La cause me tenait et me tient toujours à cœur, car j’ai toujours été contre la violence faite aux femmes et aux enfants. À ce moment-là, mes enfants étaient âgés de cinq et sept ans. Je voulais leur démontrer que la violence n’a pas sa place et que je suis là pour eux», s’est-il remémoré.
Lors de sa première marche, M. Poirier était propriétaire d’une bijouterie à Casselman. Une dame qui l’avait vu marcher pour la cause est venue lui demander vers qui elle pouvait se tourner, parce qu’elle faisait malheureusement partie des statistiques. M. Poirier lui a fourni l’information nécessaire pour aller au Centre Novas. «Pour moi, si j’aidais seulement une femme, j’avais fait mon travail. L’année suivante, elle était là, à la marche, mais dans une toute autre situation positive. Pendant le repas, elle est venue me remercier pour le petit geste que j’avais fait et qui avait changé sa vie», s’est-il souvenu.
Par la suite, M. Poirier est allé parler aux adolescents dans les écoles, à la demande du Centre Calacs-Novas. «Le message que je voyais passer dans les yeux de ces jeunes ados était troublant. Leur donner ces informations était important et nécessaire», a raconté M. Poirier. Ses présentations devant des élèves servaient à démontrer que tout être humain doit être respecté et encourager les élèves ayant subi des agressions à dénoncer leurs agresseurs.
«Aujourd’hui, les statistiques démontrent qu’il y a encore trop de violence. J’ai toujours un peu de difficulté à comprendre que même si nous sommes dans une société éduquée avec une technologie à la fine pointe, la communication passe encore par la violence. J’espère vraiment que la jeunesse va réussir à surmonter cette violence et que l’harmonie et le respect deviendront des valeurs importantes aux yeux de tous», a-t-il résumé.
Pour sa part, Guillaume Racine, qui est directeur d’école dans la région de Casselman et d’Embrun depuis plus de 20 estime que, par son rôle, il doit montrer la voie aux jeunes de son école. «J’ai la chance de faire une certaine prévention et sensibilisation auprès des futurs adultes. C’est tellement important de sensibiliser les gens vis-à-vis la violence faite aux femmes et vis-à-vis les agressions à caractères sexuels», a-t-il expliqué du fait d’avoir prêté sa voix à la cause du Centre Calacs-Nova.
De surcroit, il est père d’une fille. C’est donc de là que son engagement prend aussi une note plus personnelle. «C’est très important pour moi d’inviter mes collègues et mes amis à s’engager en participant à la marche de sensibilisation. Après tout, c’est nous (les hommes) qui faisons partie de la solution afin d’enrayer la violence faite envers les femmes», a affirmé M. Racine.
Toujours à titre de directeur d’école, il travaille sans répit à faire passer le message que la violence faite aux femmes est inacceptable, surtout dans le monde civilisé et technologiquement avancé dans lequel on vit. Selon lui, les médias sociaux témoignent d’une certaine désensibilisation, tant verbale que physique, à respecter l’autre et surtout lorsque l’autre est une femme. Cette désensibilisation dans les médias sociaux ne serait peut-être pas aussi problématique, ne fut-elle accompagnée de faits et gestes qui sont rapportés de plus en plus de nos jours par les victimes d’actes d’agression.
«Il est important d’inviter les élèves à participer et à les conscientiser vis-à-vis cette problématique», soutient le directeur de l’école élémentaire catholique de Casselman. C’est à travers des présentations aux élèves qu’il cherche à les sensibiliser et faire plus de prévention.
M. Racine croit également que ce sont les hommes qui peuvent parler aux autres hommes, pour se faire mieux entendre par eux et remettre en question certains commentaires faits en confidence, entre hommes. «Parfois, ça commence avec des paroles», a-t-il observé, d’où l’importance de sensibiliser, de dénoncer et d’outiller les gens pour mieux surmonter la violence gratuite qu’ils peuvent témoigner.
«Un tiers des femmes seront victimes de violence ou d’agressions au moins une fois dans leur vie, d’où l’importance et l’urgence de se mobiliser», a-t-il résumé, en indiquant qu’il sera là pour le dixième anniversaire de la Marche en talons hauts, lorsqu’elle aura lieu cette année.
Pierre Campeau, ancien directeur de L’Académie de la Seigneurie à Casselman, est père de trois filles et deux garçons. «J’ai commencé à m’impliquer dans le comité organisateur de la Marche des hommes en talons hauts à mon arrivée comme directeur de L’Académie de la Seigneurie, à Casselman, en 2012, a-t-il expliqué. Les statistiques par rapport à la violence faite aux femmes m’ont beaucoup fait réagir: une femme sur trois sera victime. Il m’a fait grand plaisir de participer à toutes les campagnes du CALACS de PR et j’admire le travail qui est fait pour appuyer les filles et les femmes de nos communautés. La violence faite aux femmes (sous toutes les formes) est inacceptable et on doit tout faire en notre possible pour éliminer celle-ci.»