Depuis le début de la crise du coronavirus, les magasins connaissent une ruée sans précédent. L’intensification des mesures pour lutter contre la COVID-19 laisse les consommateurs céder à une sorte de peur contre une éventuelle pénurie.
Même si le gouvernement de l’Ontario n’a pas annoncé de mesures affectant l’approvisionnement ou la fermeture des magasins, plusieurs personnes ont préféré faire des achats en grande quantité dès la semaine dernière. Les grandes enseignes, par exemple à Casselman, gardent le cap. Les rayons sont assez remplis, aucune rupture de stock dans les produits de première nécessité.
Néanmoins, dans tous les magasins, quelques rayons de produits sont quasi vides: solutions hydroalcooliques, les bavettes et des fois les gants en latex. «Cela fait plus d’un mois que nous sommes en rupture de stock des solutions hydroalcooliques, on n’en reçoit plus depuis un bout de temps et nous n’avons aucune visibilité sur le retour de ce produit dans les rayons», a lancé un employé d’un Jean-Coutu de la région.
Un autre rayon demeure vide, le fameux papier hygiénique affiche un vide incompréhensible et glaçant. «C’est la panique qui est passée par là», a expliqué un employé d’un magasin Tigre Géant de la région.
Considéré comme un Graal pour certains dans ces temps de coronavirus, ce produit demeure très rare. «On a reçu un stock de papier toilette la semaine dernière et à la fin de la journée le rayon était dévalisé», a ajouté un autre employé du Tigre Géant.
Cependant, quelques magasins ont pris des mesures pour limiter la ruée vers ce produit et pour permettre à tous les consommateurs de s’approvisionner. «Nous avons limité l’achat du papier toilette pour prévenir l’écoulement rapide du stock, un paquet par personne, cela permettra à d’autres consommateurs d’en acheter aussi», a expliqué un employé du même magasin. Mais, hélas, cette mesure ne résout pas la problématique de l’approvisionnement souvent disproportionné des consommateurs. «Pour détourner notre mesure, nous avons constaté que chaque membre d’une famille achète un paquet, et le problème persiste», a conclu cet employé qui a préféré conserver l’anonymat.
C’est tout un mystère qui entoure cette ruée et pénurie inexplicable de papier toilette dans la région et dans le pays, voire dans le monde. Il faut fouiner dans les quelques recherches en psychologie pour trouver une réponse.
Une professeure de l’université de Nouvelle-Galles du Sud, Nitika Garg appelle ce phénomène le syndrome de FOMO, l’acronyme de fear of missing out ou la peur de rater quelque chose. L’universitaire a expliqué aux médias britanniques que l’être humain est un imitateur. Si les gens voient qu’une personne (un voisin ou ami) achète du papier toilette en grande quantité, il doit y avoir une raison et qu’ils doivent le faire eux aussi.»
De son côté Steven Taylor, psychologue clinicien et professeur à l’Université de Colombie-Britannique, dans l’un de ses travaux les plus pertinents La psychologie des pandémies, a expliqué que l’esprit humain réagit souvent avec une certaine méfiance aux informations qu’il reçoit. On a toujours le sentiment qu’on ne nous dit pas tout et qu’on nous ment. Cette situation alimente la peur et afin de se sentir en sécurité, l’être humain doit chercher une solution rassurante. L’un des moyens d’y parvenir est à travers les achats. Le fait d’avoir les placards remplis réconforte et donne un sentiment de soulagement et de contrôle de la situation.