Malgré son ascension rapide dans les sphères politiques municipale et provinciale, Amanda Simard, la députée provinciale de Glengarry-Prescott-Russell trouve qu’être une femme en politique demeure très difficile au Canada en 2020. Rencontre à l’aube de la Journée internationale des droits de la femme.

La politique: un monde d’hommes
Cette jeune femme de 31 ans, originaire d’Embrun, ne se destinait pas à la politique. C’est lors de son intégration du programme des pages du Sénat qu’elle s’est prise de passion pour le travail politique et parlementaire. La jeune diplômée en droit a eu l’occasion de découvrir les rouages de la colline du Parlement en devenant l’adjointe du sénateur David Braley.
«J’ai aimé le travail parlementaire avec le sénateur David Braley, qui m’a beaucoup soutenu et encouragé. Cette expérience m’a permis de connaitre les réalités d’être parlementaire, a confié Mme Simard. C’est un monde d’hommes.»
Portée par cette riche expérience, elle a décidé d’entrer en politique par la porte des municipales. Elle a été élue conseillère du canton de Russell en 2014, avec un record, à l’époque, de la plus jeune femme élue avec le plus grand nombre de voix dans un conseil municipal de Prescott-Russell. Mme Simard a été confrontée rapidement à la réalité de la politique locale.
«Je trouve qu’être une femme en politique municipale est extrêmement difficile du fait de la mentalité machiste dominante de certains élus et de ceux qui sont dans des postes de décision», a expliqué Mme Simard.
Traitée différemment
«Je suis une femme, jeune et francophone. C’est un triple défi que je porte, mais qui me rend plus forte et qui forge ma personnalité», a déclaré Mme Simard.
Même si nous sommes en 2020, dans un des pays les plus avancés sur la question des droits de la femme, la culture masculine ultra dominante dans la sphère politique pousse Mme Simard à se poser des questions et aussi à se forger une carapace contre les attaques qui parfois sont portées sur son apparence plus que son travail parlementaire.
«L’ancien premier ministre Brian Mulroney m’a appelé ‘petite fille’. J’ai reçu des messages vulgaires sur les médias sociaux et souvent on critique ma chevelure ou mon maquillage plutôt que mon action au sein de l’assemblée, a expliqué Mme Simard. C’est facile de s’attaquer à une femme en politique. Pour un homme en politique, c’est impensable de s’attaquer à son apparence.»
Le quotidien des femmes en politique municipale, provinciale ou fédérale s’apparente à une série de défis quotidiens contre les clichés et les réflexes machistes. « Un de mes plus grands défis est de combattre le sexisme dans la politique et aussi d’encourager les femmes à s’impliquer davantage en politique locale et provinciale, en développant des réseaux ainsi que l’échange d’expériences», a-t-elle expliqué.
Beaucoup de progrès à faire
«Qu’est-ce que tu fais là, tu devrais être à la maison», a lancé Mme Simard, en décrivant le genre de phrase qu’une candidate politique peut entendre lors d’une campagne électorale. Cependant, elle assure que d’énormes progrès ont été réalisés dans ce domaine, mais il reste beaucoup de travail à faire.
«Beaucoup de femmes politiques décident de quitter leur fonction à cause des pressions subies, mais ce n’est pas en partant que la situation féminine en politique sera meilleure», a ajouté Mme Simard.
La plus jeune députée de l’assemblée législative de l’Ontario se dit prête à aider les femmes à s’engager davantage en politique. La confiance est un élément essentiel à leur réussite dans cette sphère, où cliché et machisme ont une place prédominante.