Dès qu’on entre dans la maison de Nathalie Frenière, située dans la municipalité de La Nation, on est frappé de prime abord par la quiétude ressentie et par le caractère artistique qui ressort. Partout, il y a un clin d’œil à l’art, des tableaux, des livres de peinture, un garage transformé en atelier et un grand salon ou trône fièrement un piano à queue entouré d’une multitude d’instruments de musique. C’est dans cette ambiance que Nathalie Frenière travaille. Dans ce lieu atypique, la jeune femme de 53 ans trouve son inspiration et a produit une dizaine, voire une centaine de tableaux, depuis son établissement dans la région de Prescott-Russell, il y a sept ans. «Ma maison est une vraie inspiration pour moi et de plus, la région me donne une vraie quiétude qui me pousse à la création», a indiqué Nathalie Frenière à notre journal.

Artiste précoce
Originaire de Montréal, Mme. Frenière a su dès sa tendre enfance qu’elle allait devenir une artiste peintre. «Je suis artiste, dans le fond, depuis mon plus jeun âge. Très jeune, je dessinais beaucoup, je pouvais rester des heures à dessiner avec mon crayon», nous a confié Mme Frenière. Issue d’une famille d’artistes, d’un père collectionneur d’art et d’une mère écrivaine, tout prédisait que la jeune Nathalie suivrait sa destinée toute tracée. «J’ai eu la chance de grandir dans un milieu artistique, j’ai grandi avec de belles peintures canadiennes dans la maison familiale», a expliqué Nathalie Frenière. À 13 ans, Nathalie touche son premier pinceau, en suivant des cours de peintures à la galerie Rousselle, à Montréal. «J’étais la plus jeune étudiante. Dès mon premier contact avec la peinture, j’ai su que c’est ce que je voulais faire dans le futur», a expliqué l’artiste.
Artiste ce n’est pas un métier!
Imprégner par son héritage artistique et par les cours d’art qu’elle avait suivis, Nathalie Frenière, tout naturellement, voulait poursuivre des études en arts plastiques après le secondaire, mais son père s’est opposé à son choix. «Mon père me disait : ‘Artiste, ce n’est pas un métier. Il faut que tu t’orientes vers des études qui vont t’offrir un métier et non une passion’, a raconté Nathalie Frenière. Mon père, du fait de son métier, connaissait la réalité du marché.»
Le refus de son père l’a poussé à suivre des études en graphisme. «Mon choix était une façon de garder contact avec l’art et en même temps assurer un métier», a expliqué Nathalie Frenière.
Mme Frenière a travaillé 15 ans en tant que graphiste, pour le compte d’une société de publicité de Montréal. Elle a conçu des logos publicitaires pour des sociétés internationales comme Walt Disney. «J’étais très heureuse, j’étais payée pour dessiner», a-t-elle confié, joyeusement. Cette longue carrière prendra fin avec l’avènement de l’informatique. «J’étais directrice artistique dans un grand studio de design graphique de Montréal, quand on m’a annoncé que l’infographie informatique remplacerait mon travail de graphisme manuel, parce qu’elle coutait moins cher», a rétorqué Mme Frenière.
Un mal pour un bien!
«J’étais malheureuse, il me fallait du changement. Authentique comme je le suis, j’ai fait un retour à la peinture», a indiqué l’artiste. C’est à 32 ans que Nathalie Frenière décide de renouer avec son rêve d’enfance, en suivant des cours de peinture lors de son séjour à Paris, en France. «J’étais à Paris avec mon mari pour un an. Cette ville m’a poussée vers l’art», a-t-elle ajouté. À son retour au Canada, Nathalie reçoit, de la part du peintre Jaques Charbonneau, une offre pour exposer sa première toile appelée Makeba. Mais un accident de la circulation, qui l’immobilise pendant des semaines, change le cours des choses. «Je devais finir ma toile à temps pour l’exposition, même alité je pensais à peindre. Dès que mon état de santé me l’a permis, j’ai démarré le travail sur une seule jambe», a raconté fièrement Mme. Frenière. Finalement la toile Makeba a vu le jour et a propulsé la carrière de la jeune artiste aux niveaux national et international. «Makeba est mon nom biologique, mon père étant un Afro-Américain. Telle est la raison de cette nomination», a-t-elle confié.
Une carrière mondiale
Depuis 2006, Nathalie Frenière a participé à plus de 130 expositions, individuelles et collectives, ainsi qu’à des symposiums à travers le Canada, les États-Unis, le Brésil et l’Europe. Ses œuvres, de style à la fois figuratif, abstrait et même impressionniste, sont exposées dans plusieurs galeries en Ontario et à New York. Elle a eu l’occasion d’exposer au Musée des beaux-arts du Mont-Saint-Hilaire, en 2011, auprès de Marcelle Ferron, Henry Masson, Marcel Barbeau et d’autres grands peintres canadiens. Sa plus grande fierté : avoir participé à l’exposition Show de Bola pour la coupe du monde de soccer, la FIFA 2014, au Brésil.
Aujourd’hui, l’artiste travaille toujours dans son atelier, prépare les expositions, cherche l’inspiration et partage sa passion dans des cours d’art. Ses toiles sont un magnifique mélange de couleurs et de douceur. «La douceur est quelque chose qui m’apaise beaucoup», a indiqué l’artiste peintre.
«Les cours d’art que je donne me permettent de partager ma passion et aussi d’avoir une stabilité financière importante à ma création. Il faut faire de l’art pour les bonnes raisons et non pour l’argent, a expliqué l’artiste. Mon père me suivait à tous mes vernissages et il était tellement fier de mon parcours», a-t-elle conclu, un sourire au coin des lèvres. Une pensée émouvante pour celui qui l’a baigné dans l’art, son père.