Surpris, ils doivent faire face à bien des conséquences. « C’est une période exceptionnellement désastreuse pour les récoltes de grains au Québec, s’est désolé Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec (PGQ). Après des récoltes de céréales et de canola excessivement difficiles, c’est maintenant au tour des producteurs de maïs et de soya de se retrouver dans le pétrin. »

Dans la Municipalité régionale de comté (MRC) d’Argenteuil, certains agriculteurs ont récolté avant l’hiver hâtif. Par contre, ceux qui ont compté sur une saison normale sont déçus. « On s’est fait prendre un peu parce qu’on n’a pas été capable de tout récolter en octobre, parce qu’on manquait d’espace d’entreposage dans les chambres froides », a avoué Caroline Bélanger, copropriétaire avec Simon Rochon de la Ferme Belle Roche à Brownsburg-Chatham. Souvent en novembre, les champs c’est notre frigo naturel. Là, ça gèle un peu plus vite et c’est un peu plus dur. »
Printemps et automne : mois rebelles
Le couple qui vend une quarantaine de variétés de légumes frais à Lachute, à Grenville et à Deux-Montagnes, a commencé à se poser de sérieuses questions sur dame Nature, depuis les huit ans qu’il est en activité dans les champs. Mme Bélanger et M. Rochon sont maintenant prêts à vivre des saisons plus extrêmes, tout en se disant que le printemps et l’automne sont imprévisibles.
« Actuellement, on a encore des verdures de salade dans la salle qui n’est pas chauffée du tout, a indiqué l’homme. Donc s’il fait -20, ça se peut que ça gèle. On met des couvertures, on couvre le plus qu’on peut et on croise les doigts que ça fonctionne. C’est rare qu’il fasse -15 à partir de novembre. »
Neige hâtive, pas toujours négative
Même s’il se plaint de cet hiver précoce, le couple reconnait ne pas y avoir laissé de plumes. « Pas de grosses pertes, c’est une fin de saison qui est plus épuisante pour nous, a admis Mme Bélanger. On doit travailler dans le froid et c’est difficile de laver les légumes avec un tel froid. »
Malgré tout, les deux découvrent que la neige hâtive pourrait avoir un côté positif, eux qui récoltent en dernière position les carottes. « Le bon côté de la neige est que ça isole le sol. La neige isole un peu, donc le sol gèle moins profondément grâce à la neige, a assuré Mme Bélanger. Pour nous, la neige a protégé les carottes, un peu plus que s’il n’avait pas neigé et qu’il avait fait -15. Ce serait plus dommageable. »