Vague de véhicules incendiés : un conflit entre gangs et motards

Francis Legault - Initiative de journalisme local (IJL)
Vague de véhicules incendiés : un conflit entre gangs et motards
Plus d’une douzaine de véhicules avaient été incendiés en quelques semaines dans Argenteuil, des actes qui auraient été commis par le gang de SBJ. (Photo d’archives)

La vague de véhicules incendiés qui a frappé Argenteuil en début d’année ferait en fait partie d’un plus vaste phénomène qui touche l’ensemble du Québec : la rébellion des gangs de rue contre les Hells Angels. C’est ce que révèle un article du journaliste Daniel Renaud paru dans La Presse le 1er octobre dernier.

Rappelons qu’à partir de février dernier, une vague d’incendies criminels a eu lieu sur le territoire d’Argenteuil, majoritairement à Lachute. Pas moins de 13 véhicules ont été la proie des flammes mais pas seulement : une cabane de pêche et un bâtiment de ferme ont aussi été détruits par le feu en un peu plus de deux heures d’intervalle à St-André-d’Argenteuil le 17 février. Au printemps, les coups de feu ont remplacé les objets incendiaires.

Selon les informations dévoilées par La Presse, qui se base sur la preuve déposée en août lors de l’enquête de remise en liberté d’un des suspects, ces gestes ont été commis dans le cadre d’une bataille pour le contrôle de la vente de stupéfiants dans la MRC. Le conflit opposait le Hells Angels de St-André-d’Argenteuil Daniel-André Giroux, maître du territoire, et un gang local, le SBJ. Ce dernier tire son nom de la première lettre du nom de famille de ses trois fondateurs présumés : Maxime Séguin, Mathieu Berthiaume et Dominic Jarry.

Giroux, qui a déjà été sur la liste des dix criminels les plus recherchés de la Sûreté du Québec, avait été libéré en 2023 après avoir plaidé coupable à des accusations de gangstérisme et trafic de stupéfiants. Il avait été arrêté en République dominicaine en 2019. Au moment de sa libération, un mouvement de révolte des gangs de rue contre les Hells Angels venait de débuter à travers la province, révolte qui semble toujours en cours.

Coups de feu

Après la vague d’incendies suspects à la fin du mois de février et le début du mois de mars, la bataille a monté d’un cran alors que cette fois-ci, les armes à feu ont commencé à se faire entendre.

Le 4 mars, dans une vidéo de la caméra de surveillance de la résidence de Maxime Séguin et déposée en preuve, on y voit un homme s’approcher de celle-ci avant de détaler après qu’un coup de feu soit tiré. On y voit par la suite Séguin, sa conjointe Danika Ménard-Parisien et un autre homme sortir de la résidence, arme au poing.

Un mois plus tard, dans la nuit du 7 au 8 avril, une résidence de Hawkesbury est la cible de coups de feu. Le problème : son propriétaire n’est pas lié au monde criminel si ce n’est qu’il porte le même nom que Maxime Séguin. Dix jours plus tard, d’autres coups de feu sont tirés, cette fois-ci contre la vraie résidence où habite Séguin, sur la route du Canton à Brownsburg-Chatham.

Un autre incident par arme à feu a lieu le 7 mai lorsque que la résidence d’un proche de Daniel-André Giroux est la cible de tirs.

Deux jours plus tard, le 9 mai, Maxime Séguin, Mathieu Berthiaume et Dominic Jarry, le trio du SBJ, sont arrêtés tout comme Danika Ménard-Parisien. D’autres coups de feu seront ensuite tirés contre la résidence de Jonathan-Léo Crooks, un présumé complice du SBJ qui avait été arrêté le même jour qu’eux tout comme une sixième personne. Tous devaient faire face à une kyrielle d’accusations dont de gangstérisme, en matière de stupéfiants et en matière d’armes à feu.

On soupçonne également le SBJ d’avoir battu et blessé par balle un homme à Thetford Mines à la fin de février.

Preuves

Outre au moment de leur arrestation, une saisie a également eu lieu le 7 mars dernier à la résidence de Maxime Séguin et Danika Ménard-Parisien, soit au lendemain où le dernier incendie suspect de véhicule a eu lieu. De nombreuses preuves compromettantes ont ainsi été amassées par les enquêteurs incluant des photos et des vidéos des méfaits qui auraient été prises par les suspects eux-mêmes, des textos échangés entre eux et des preuves d’ADN. Des stupéfiants, de l’argent et des armes ont aussi été saisis. Cette preuve n’a pas encore été testée devant les tribunaux.

Cependant, plusieurs de ces éléments ont été dévoilés en août dernier, au moment de l’enquête sur remise en liberté de Ménard-Parisien. Le juge Gilles Garneau a d’ailleurs refusé la libération provisoire de celle-ci, en attendant le procès. Les enquêtes sur remise en liberté de Séguin, Berthiaume, Jarry et Crooks auront lieu bientôt.

Notons que depuis l’arrestation des suspects en mai, la situation dans Argenteuil s’est calmée.

Par contre, ailleurs au Québec, la guerre entre les gangs de rue et les Hells Angels continue de faire les manchettes. À la mi-septembre, le corps d’un jeune de 14 ans de Montréal a été retrouvé non loin du local d’un club-école des Hells à Frampton, en Beauce. Une des hypothèses avancées est qu’il se soit infligé lui-même ses blessures alors qu’il devait attaquer le local pour le compte d’un gang de rue.

Pour lire l’article de La Presse: lien

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