Temps d’attente dans les urgences: L’hôpital de Lachute parmi les pires du Québec

Par Francis Legault
Temps d’attente dans les urgences: L’hôpital de Lachute parmi les pires du Québec
La situation s’est dégradée en cinq ans à l’urgence de l’hôpital de Lachute en ce qui concerne le temps d’attente, passant d’une note de C- à D-. (Photo Francis Legault)

Si l’on en croit le palmarès des urgences du Québec publié par La Presse le 22 avril dernier, celle du Centre hospitalier d’Argenteuil, à Lachute, est parmi les pires de la province en ce qui a trait au temps d’attente. Les élus locaux sont confiants que le Centre intégré de santé et services sociaux (CISSS) des Laurentides pourra aider à redresser la barre, mais il faudra que le gouvernement québécois investisse massivement dans le système de santé de la région.

Selon les données publiées par La Presse, l’urgence de l’hôpital lachutois reçoit une note de D- tout comme cinq autres hôpitaux situés dans la région de Montréal et en Outaouais. Seul l’Hôpital général de Montréal a reçu une pire note, soit E+. Il s’agit d’une dégradation de la situation pour le Centre hospitalier d’Argenteuil qui avait obtenu la note de C- en 2018-2019. La moyenne québécoise est de C+.

Que les patients qui liront cet article dans la salle d’attente de l’urgence se rassurent: cette note ne correspond pas à la qualité des soins mais bien à la durée moyenne de séjour dans les urgences, soit le nombre d’heures que le patient passe sur civière aux urgences avant d’obtenir son congé, d’être hospitalisé ou d’être orienté ailleurs.

Certains critères jouent sur la note globale, notamment le nombre de patients qui nécessitent une hospitalisation après leur entrée à l’urgence et la proportion de personnes de plus de 75 ans qui passent à l’urgence. Ces cas sont plus lourds et nécessitent souvent plus de ressources du personnel des urgences. Moins il y a de ces cas aux urgences, moins le temps d’attente devrait être long.

Dans le cas de l’urgence lachutoise, la durée moyenne du séjour est de 24 heures 21 minutes, le 10e pire rang dans la province. Cela est quand même 45 minutes plus rapide qu’à l’hôpital de Saint-Jérôme.

Près de 20 000 patients ont fréquenté le service d’urgence de Lachute durant l’année 2023-2024, parmi lesquels 3 500 sont arrivés par ambulance. La proportion de patients de 75 ans et plus était de 34,2 %, ce qui place Lachute dans le milieu du peloton (moyenne provinciale de 30,8 %). Quant aux cas plus lourds, qui nécessitaient une hospitalisation, ils représentent 30,9 % des cas (moyenne provinciale de 34,1 %).

En somme, comme l’hôpital de Lachute arrive en milieu de peloton pour le nombre de cas lourds et de patients de plus de 75 ans, le temps d’attente ne devrait pas se retrouver dans le top-10 des pires de la province.

L’Argenteuil a tenté de rejoindre à plusieurs reprises le CISSS des Laurentides pour commenter ce palmarès. Toutes ces demandes sont restées lettre morte.

Pression politique

Le préfet d’Argenteuil, Scott Pearce, est aussi président du Conseil des préfets des Laurentides. Ce conseil a mis en place la Coalition Santé Laurentides qui regroupe divers acteurs du milieu de la santé, communautaire et municipal, pour mettre de la pression sur le gouvernement québécois afin qu’il augmente le financement en matière de santé dans les Laurentides. La région possède d’ailleurs la pire moyenne de la province en ce qui a trait au temps passé à l’urgence avec 22 h 30.

Pearce n’est pas surpris des notes obtenues par les hôpitaux laurentiens. « Ça fait plusieurs années que l’on demande au gouvernement d’investir correctement dans le système de santé de la région, a-t-il dit. On va continuer à mettre de la pression. Politiquement, on fait ce que l’on peut. »

Il souligne que tous les députés provinciaux des Laurentides sont membres du parti au pouvoir et qu’ils devraient donc pouvoir mettre de la pression sur le ministre de la Santé, Christian Dubé, pour augmenter les budgets dans la région.

« Peu importe s’il y a des investissements à Saint-Jérôme ou à Saint-Eustache, ça va aider notre population. On ne peut pas avoir tous les services à Lachute, mais s’ils sont offerts ailleurs dans la région, ça évite de devoir aller à Montréal », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le maire de Lachute, Bernard Bigras-Denis, estime que ce palmarès donne des munitions supplémentaires à ceux qui demandent au gouvernement d’investir en santé dans la région.

« Notre population est vieillissante et on a besoin de ces services de proximité, a-t-il lancé. D’entendre que l’hôpital de Lachute est classé parmi les pires du Québec, ce n’est pas rassurant. C’est bien beau d’avoir des hôpitaux à Saint-Jérôme ou Saint-Eustache mais ce n’est pas tout le monde d’Argenteuil qui peut se déplacer là-bas. »

Nouvelle direction

Par contre, autant monsieur Pearce que monsieur Bigras-Denis estiment que l’arrivée de Julie Delaney au poste de PDG du CISSS des Laurentides, en décembre dernier, devrait aider à l’amélioration de la situation dans les centres hospitaliers de la région.

« On a eu de bonnes rencontres avec la nouvelle PDG du CISSS, a confirmé Scott Pearce. Je suis vraiment encouragé. Elle est pleine d’énergie et de bonnes idées. Les élus, on va être là pour collaborer et trouver des solutions avec elle. »

« [Le changement de direction] était rendu nécessaire car j’avais souvent dénoncé l’attitude de l’ancienne direction, a indiqué pour sa part le maire de Lachute. La nouvelle PDG est très motivée et souhaite du changement. Le conseil des maires d’Argenteuil devrait d’ailleurs la rencontrer très prochainemen. »

Pour consulter le palmarès des urgences du Québec, visitez le www.lapresse.ca/actualites/palmares-des-urgences-du-quebec-2024/.

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