La motivation des élèves dans le contexte de rattrapage scolaire peut varier

Par Katrine Desautels, La Presse Canadienne
La motivation des élèves dans le contexte de rattrapage scolaire peut varier
Des étudiants québécois retournent en classe à Montréal, mardi 9 janvier 2024. De nombreux élèves sont retournés en classe aujourd'hui pour la première fois depuis la grève des enseignants en novembre. (Photo : Christinne Muschi, La Presse Canadienne)

Alors que les élèves doivent mettre les bouchées doubles à l’école pour rattraper le retard causé par la grève du secteur public, certains élèves peuvent se sentir démotivés, mais d’autres, au contraire, sont enthousiastes face au retour en classe.

Pour les écoles dont les enseignants sont représentés par la Fédération autonome de l’enseignement, les élèves ont manqué les cours depuis la fin novembre tandis que d’autres établissements ont fermé seulement quelques jours durant cette période.

Durant les congés, les enfants qui ont fait des activités stimulantes risquent de ne pas être trop affectés par la longue pause. «Ça dépend de ce que ces jeunes ont fait durant la période de grève. Ont-ils été stimulés en faisant des tâches académiques comme lire ou des jeux académiques? Si cette stimulation était là, ce n’est pas si dommageable», explique Catherine Ratelle, professeure titulaire au département des fondements et pratiques en éducation à l’Université Laval.

«La motivation c’est quelque chose de dynamique, c’est quelque chose qui fluctue dans le temps et à travers les matières scolaires aussi, donc on a une hétérogénéité des profils motivationnels», a déclaré Mme Ratelle.

Les jeunes ne vont pas travailler à la même intensité pour rattraper le retard. Mais même pour ceux pour qui la tâche est plus faramineuse, si les mécanismes qui régulent la motivation sont présents, ils seront tout aussi motivés par le rattrapage qui les attend.

«La motivation repose sur la satisfaction de l’autonomie, la compétence et l’appartenance sociale», a indiqué Mme Ratelle. Les pratiques enseignantes qui vont soutenir ces besoins vont généralement faire en sorte que les jeunes auront une motivation de «meilleure qualité», a-t-elle ajouté.

«Ils seront motivés à l’école s’ils sentent qu’ils sont capables de faire les tâches, qu’ils sont capables d’agir par leur propre volonté, qu’ils sont dans un milieu qui est bienveillant avec qui ils vont avoir des relations positives et réciproques», a-t-elle dit.

Par exemple, un jeune qui subit de l’intimidation à l’école se sentait probablement mieux lorsqu’il était à la maison durant la grève. Il aura sans doute pas très envie de retourner à l’école, car son besoin d’appartenance sociale a été brimé.

Tutorat durant la semaine de relâche

Mardi dernier, le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a présenté son plan de rattrapage qui se chiffre à 300 millions $. Il a indiqué que les écoles pourront organiser des activités de rattrapage pendant la semaine de relâche.

Du tutorat supplémentaire et des cours d’été gratuits seront aussi offerts afin de combler les retards d’apprentissage causés par la grève. Les enseignants devront identifier les élèves qui ont besoin d’aide supplémentaire et les parents concernés devraient être avisés d’ici la fin du mois de janvier.

Le tutorat durant la semaine de relâche ou les cours d’été ne doivent pas être présentés à l’enfant comme une punition. On peut le faire participer à la discussion et expliquer ce que cela va lui apporter.

«Si par contre on vient leur imposer, on vient leur donner un signal qui va les faire se sentir incompétents et qu’ils vont perdre des occasions sociales. C’est certain que ça va miner leur motivation parce que ça vient toucher à leurs besoins. Donc tout va dépendre de la façon dont on va leur présenter», a mentionné Mme Ratelle. Il serait bénéfique de discuter des solutions avec l’élève pour que ce soit une décision commune.

L’une des raisons qui peut démotiver un élève en classe, c’est lorsqu’il y a une absence de sens, c’est-à-dire qu’on ne sait plus pourquoi on fait quelque chose, a expliqué Mme Ratelle, qui est également titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les pratiques parentales et les trajectoires scolaires et vocationnelles.

«L’amotivation, c’est essentiellement quand le jeune perçoit que ces actions ne mènent pas à des conséquences, que ça ne change rien qu’il se mette en action ou pas», a-t-elle expliqué.
Mme Ratelle souligne qu’il est important de repérer un jeune qui est «amotivé» puisqu’il y a plus de chance qu’il ne revienne pas à l’école l’année prochaine.

Le taux de décrochage scolaire au Québec s’élevait à 14 % pour l’année scolaire 2019-2020.

Les parents peuvent par ailleurs aussi jouer un rôle dans la motivation de leur enfant simplement en s’intéressant réellement à ce qu’il vit et en soutenant son autonomie.

Il est important d’être empathique, a conseillé Mme Ratelle. Si par exemple notre enfant nous témoigne qu’il trouve ça plate d’aller à l’école, il faut l’accueillir. «Si on rejette comment il se sent, est-ce que ça va lui tenter la prochaine fois de nous dire comment il se sent et ce qu’il pense?», a soulevé Mme Ratelle.

Même si cela vient d’une bonne intention des parents, il est préférable de l’écouter plutôt que l’invalider. De plus, en discutant, on est capable d’isoler des moments plaisants à l’école.

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