La refonte du système de santé expliquée par le candidat d’Argenteuil

Par Karine Audet
La refonte du système de santé expliquée par le candidat d’Argenteuil

Devant l’hôpital d’Argenteuil où M. Elayoubi agit comme urgentologue et tout près de la Clinique Médicale Argenteuil de laquelle il est co-propriétaire, M. Elayoubi a énuméré avec aplomb et professionnalisme les failles du système de santé qu’il a constaté au cours de ses années de pratique et qui s’accentue depuis les derniers 10 ans. C’est d’ailleurs lui qui chapeaute l’équipe des spécialistes de plusieurs domaines, dont des économistes, des assureurs, des médecins, des infirmières, des psychologues et autres professionnels, qui a permis d’élaborer la plateforme santé dévoilée voilà 3 mois. Changer le mode de financement des hôpitaux, s’attaquer au manque d’effectifs médicaux et à l’informatisation déficiente du système québécois, accorder davantage de pouvoirs aux spécialistes comme les pharmaciens et décentraliser la structure hiérarchique sont les priorités à corriger selon le comité conseiller. 

C’est avec des projets pilotes instaurés dès le début d’un mandat que le parti conservateur compterait débuter cet important chantier en confiant tranquillement la gestion d’hôpitaux à des compagnies privées chevronnées, telles que le projet de l’hôpital de Stockholm en Suède, qui aurait fait sauver près de 10% à l’État. «On n’a rien inventé. On a regardé les modèles le plus performants de la planète et on a décidé d’importer ce qui se fait de mieux dans les pays scandinaves et les pays de l’Europe de l’ouest», soutient le Dr Karim Elayoubi. 

Selon des moratoires, il manquerait entre 1000 et 2000 médecins aux Québec, ce que les conservateurs voudraient ajouter au réseau. Puisqu’on doit compter environ 11 ans pour former un médecin, en plus d’augmenter de façon significative les admissions selon la capacité des universités, le PCQ veut accélérer la reconnaissance des diplômes des médecins étrangers, dont la formation est similaire à la nôtre. Selon le candidat, il prendrait plus de 2 ans à un médecin étranger pour faire reconnaître son diplôme au Canada alors que le tout se ferait en moins de 6 mois ailleurs dans le monde.  Le PCQ voudrait aussi accepter la pratique mixte, soit qu’un médecin puisse autant travailler de concert au privé qu’au public, sans avoir à se désenregistrer de la RAMQ (Régie de l’assurance maladie du Québec).  

Former plus de 1000 infirmières praticiennes spécialisées, dont plusieurs en santé mentale, telle que réalisé par l’Ontario, sont aussi au nombre des solutions envisagées par le comité. «Pour en côtoyer plusieurs, je sais qu’elles font un excellent travail», souligne le candidat, qui souhaite qu’un prochain gouvernement s’attaque à la rétention du personnel avec la décentralisation des pouvoirs. «Lorsque les décisions se prennent plus près des patients et des employés, c’est très bien démontré, ça améliore énormément la qualité du travail.  On le sait, un des gros problèmes dans notre système est l’exode des infirmières en raison d’une bureaucratie trop importante et de décisions qui ne permettent pas une bonne conciliation travail-famille.» En rapatriant les gestionnaires de tête dans chaque établissement, en favorisant une malléabilité dans les horaires, le système éviterait plusieurs exodes, des éléments précieux: «Un médecin sans infirmière dans un hôpital vaut zéro. On a un travail qui est très complémentaire», rappelle celui qui a commencé sa pratique au Saguenay. Le PCQ croit aussi à l’importance d’offrir davantage de marge de manœuvre avec les budgets, selon les priorités et les besoins locaux.  

Favoriser la concurrence est aussi au cœur du discours du parti. La PCQ voudrait ainsi permettre aux citoyens d’avoir le choix de souscrire soit à la RAMQ ou soit à un assureur privé. Cette concurrence avec l’assureur de la RAMQ pourrait, selon le PCQ, permettre de se bonifier l’un et l’autre. En plus d’alléger le système, cette diversité pourrait permettre entre autres d’attirer des fonds étrangers pour augmenter la qualité de nos structures. 

Les pays de l’OCDA ont aussi majoritairement un mode de financement qui suit le patient, ce qui n’est pas le cas ici. La PCQ veut retirer le mode de financement préétablit pour un mode de financement par épisode de soins, qui suit le patient.  L’hôpital ou le centre de médecine familiale qui verront davantage de patients, dont les plus vulnérables qui demandent davantage de temps, obtiendraient plus de financement. 

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