Un refuge pour les animaux maltraités

Par Raymond Berthiaume
Un refuge pour les animaux maltraités
Penny Lane

Un gros dindon en particulier, Edward, qui considère le journaliste comme une menace, se révèle un ennemi redoutable, gonflant ses plumes, donnant des coups de pied et des coups d’ailes. M. Boswell n’a pas fait attention à lui et a tranquillement demandé à la bénévole Katia Albert d’éloigner le dindon de garde autoproclamé.

« Edward n’aime pas particulièrement les hommes », a dit Katia Albert en prenant l’oiseau massif dans ses bras et en l’emmenant dans un enclos avec des canards.

Les efforts d’Edward ayant été frustrés, M. Boswell a poursuivi la visite du sanctuaire d’animaux de ferme de sa famille.

Le sanctuaire agricole Penny Lane a été créé à Vars en 2010, pour sauver et réhabiliter des chevaux, selon la volonté de Karyn, la fille de Larry et Nancy Boswell. Le sanctuaire a fini par accueillir plus de 30 chevaux, puis la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal leur a demandé s’ils voulaient aussi accueillir quelques chèvres.

« C’est à partir de là que tout s’est développé », a dit M. Boswell.

Maintenant situé sur plus de 50 acres à Saint-Pascal-Baylon, Penny Lane s’occupe de centaines d’animaux. Des chèvres, des dindes, des cochons, des vaches, des chevaux, des canards, des ânes, un lama nommé Henry et deux rares basls jumeaux, un croisement accidentel entre une chèvre et un mouton. La plupart des animaux de Penny Lane étaient autrefois maltraités, négligés et destinés à l’abattage ou à l’euthanasie. Grâce aux relations des Boswell avec les habitants, les agriculteurs, la SPCA et un réseau d’organisations de sauvetage d’animaux, ces animaux vivent leur vie sous les soins des Boswell et d’une longue liste de plus de 30 bénévoles.

« Le travail qu’ils font est absolument essentiel », a dit Tammy Benoit, responsable des placements spéciaux à la SPCA.

Le coût de l’élevage d’animaux de ferme est souvent prohibitif, et les sanctuaires sont sous-financés et ont atteint ou dépassé leur capacité à accueillir davantage d’animaux, selon Mme Benoit. Penny Lane comble un vide dans le réseau de sauvetage des animaux, en prenant souvent des animaux que d’autres sanctuaires ne peuvent ou ne veulent pas héberger, comme des coqs ou des animaux souffrant de problèmes médicaux coûteux.

« Karyn est la première personne que j’appelle lorsque j’ai un animal. La toute première personne, a dit Mme Benoit. Sans elle, nous n’aurions aucune ressource pour ces animaux. »

Les animaux célèbres

Parmi les animaux les plus célèbres de la ferme figurent Cowboy, un cheval torturé par ses anciens propriétaires, et un cochon nommé Mango, qui a échappé à l’abattoir en sautant d’un camion de transport. Un autre cochon, abandonné à l’angle très fréquenté de Bank Street et Heron Road alors qu’il était bébé, souffre d’agoraphobie. Il y a aussi Mac, une chèvre à trois pattes avec une patte imprimée en 3D qu’elle refuse de porter. Pour M. Boswell et l’équipe, ces animaux sont parfaits pour enseigner aux gens l’importance du bien-être animal et la valeur d’une vie.

« La partie principale de notre mission est d’éduquer les gens », a dit M. Boswell.

Bien qu’il ne soit normalement pas ouvert au public, le sanctuaire organise périodiquement des journées portes ouvertes, des visites et des collectes de fonds pour soutenir leur mission de compassion et de respect des animaux. Il accueille également des groupes du Collège Algonquin et de l’Université d’Ottawa qui viennent aider à la ferme.

Pour les bénévoles, les animaux sont également thérapeutiques. Katia Albert, la manipulatrice d’Edward le dindon, en tant que militante des droits des animaux, voit souvent des animaux en détresse et exposés à certaines des pires conditions qu’ils endurent. Venir à Penny Lane et s’occuper des animaux dans un environnement dans lequel ils s’épanouissent est une note de positivité dans ce qui est normalement une période assez sombre …

« Cela nourrit un peu mon âme », a dit Mme Albert.

Une partie de la communauté

En tant que végétalien engagé depuis plus de 50 ans, converti après avoir travaillé dans un abattoir pendant seulement deux semaines, M. Boswell sait qu’il doit travailler avec des agriculteurs et des non-végétaliens, parce que faire partie de la communauté est important pour ce qu’ils font.

« Notre foin provient d’un éleveur de bovins, a dit M. Boswell. L’idée que les végétaliens peuvent vivre dans un monde non végétalien et devenir un petit culte séparé ne fonctionne pas vraiment. Nous ne pourrions pas nous en sortir ici si nous ne traitions qu’avec des végétaliens. »

Beaucoup des animaux du sanctuaire leur ont été apportés par des agriculteurs et des membres de la communauté qui s’inquiétaient de leur bien-être ou ne pouvaient plus s’en occuper.

Cela dit, étant entouré d’agriculteurs dans les régions rurales de l’Ontario, il sait que ce qu’ils font est souvent perçu comme une curiosité.

« Ils secouent la tête comme si nous étions fous, a dit M. Boswell. »

Penny Lane fonctionne aussi entièrement grâce aux dons et à la force humaine de ses bénévoles, une autre raison de garder des liens étroits avec sa communauté. En tant que société familiale à but non lucratif, M. Boswell affirme fièrement que personne ne touche de salaire, pas même lui, et que tous les dons monétaires servent à prendre soin des animaux sauvés.

Une journée portes ouvertes, initialement prévue en août mais reportée en raison de l’inquiétude suscitée par l’augmentation du nombre de cas de COVID, est prévue pour le début du mois d’octobre. Penny Lane se réjouit de reprendre les visites de groupes les weekends de l’automne.

Partager cet article