Deux incendies criminels qui sèment la peur

Par Claude Martel
Deux incendies criminels qui sèment la peur

Ce qui n’aide pas leur cause, c’est que les deux événements, situés à quelques kilomètres l’un de l’autre, sont enquêté par deux services de police différents, soit les postes de la Sûreté du Québec à Sainte-Adèle et à Lachute, la ligne séparant les deux MRC étant au milieu. Des traces de pas dans la neige, traces d’accélérant et des captures vidéo de suspects portent à croire à deux incendies criminels qui troublent la quiétude dans ces villages retirés, mais tissés serrés. «Tout le monde a peur ici», lance le couple rencontré à leur résidence mardi dernier.

Les propriétaires d’Excavation Gagné et Fils ltée se rappelleront longtemps de la nuit du 8 février.  Réveillés au téléphone par un voisin à 23h30, Mme Baril constate que des flammes sortent d’un des deux véhicules stationnés dans l’abri tempo tout près de la maison.  C’est avec l’aide de sa pelle hydraulique, en éloignant les 2 véhicules, que M. Gagné réussit à sauver la maison familiale des parents de sa conjointe avant que les pompiers et les policiers n’arrivent.  Croyant à une tentative de vol de véhicules, le couple ira faire leur déposition seulement en après-midi. «Pour eux autres, c’était criminel, mais pas criminel grave. Mais si nous n’avions pas été réveillés par notre voisin, on aurait pu mourir brulé dans la maison», fait remarquer M. Gagné, qui a entendu les policiers dépêchés sur place se faire refuser l’intervention des enquêteurs des crimes majeurs.

Trois semaines plus tard, le 1er mars, ils reçoivent un appel à 3h53 de leur centrale d’alarme qui détecte de la fumée dans leur local situé au 1818 route du Nord à Brownsburg-Chatham.  Aussitôt, Mme Baril contacte les urgences.  En plus du bureau de la compagnie, on y retrouvait un bureau d’une agente d’immeuble ainsi qu’un magasin de linge haut de gamme.  Malgré l’intervention des pompiers des deux secteurs, le bâtiment est une perte totale. «Le fils dans Excavation et fils, c’est moi! J’ai 60 ans, mon père m’a légué une compagnie qui est financièrement solide et je m’apprête à la léguer à mon fils de 27 ans, explique le technologue en génie civil, qui dit n’avoir eu aucune menace ni intimidation de quiconque. Tout le monde m’aime en général.  Il peut y avoir des jaloux parce qu’on réussit bien. Mais nous, on fait notre petite affaire, on roule notre bosse, on est des travaillants, assez que les gens nous trouvent plates!»

C’est plus de 700 000$ en dommage qui sont réclamés à leur assureur qui offre d’ailleurs une récompense à quiconque aurait des renseignements pour aider la Sûreté du Québec. «On ne veut plus vivre avec la peur qu’on vit là, on veut savoir qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça. À part la jalousie amène la folie, il n’y en a pas d’explications», ajoute Mme Baril visiblement ébranlée par les circonstances. L’enquêteur des assurances nous a dit qu’il n’a jamais vu un dossier de même.»

Lors du premier incendie, une Cadillac SRX de couleur pâle, probablement un véhicule 2010, ainsi que deux suspects cagoulés ont été perçu sur les caméras.  Pour le deuxième incendie, c’est une Honda Civic ou Accord de couleur foncée qui apparait sur des caméras du voisinage.

Huit semaines après les événements, les propriétaires de l’entreprise Excavation Gagné et Fils ltée qui ont expliqué leur version à plusieurs reprises à plusieurs tenants des dossiers des deux secteurs, souhaitent une intervention plus musclée. «On nous a dit à Lachute: on va faire ce qu’on peut avec ce que nous avons.  Pourtant, le lieutenant Caron (Sainte-Adèle) nous a bien dit qu’il fournirait deux enquêteurs des crimes majeurs pour que tout le monde travaille ensemble, souligne M. Gagné.  La nuit, je me lève au moins 10 fois.  J’ai un nouveau système de caméra dans mon téléphone, dans tous mes ordinateurs.  Il y a un bruit, on est debout!»

En affaire depuis plusieurs années, M. Gagné souligne que tout comme les autres entreprises en construction, ils ont du pain sur la planche. «La business, c’est au-delà de nos espérances. Nous n’avons ni coupé ni augmenté les prix à cause de la COVID. Nous n’avons jamais reçu de menaces.  On est dans le néant.»

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