L’histoire de la façon dont Philip Devey, un petit lanceur de Lachute sans bourse d’études, s’est taillé une place au sein de l’organisation des Ragin’ Cajuns est une véritable leçon de persévérance. Alors que sa mère Lise Devey était de passage à Lafayette en Louisiane pour une conférence d’enseignants francophones, elle est allée se présenter aux entraineurs de l’équipe pour essayer de les convaincre de donner une chance à son fils, même si le camp d’entraînement était terminé et que l’équipe était déjà complète. Mais la mère de l’artilleur s’est montrée persuasive et elle a réussi à organiser une rencontre entre son fils et les entraineurs.
Après la rencontre, Philip est resté en contact avec Tony Robichaux, l’entraineur-chef de l’équipe qui allait bientôt devenir son mentor. D’ailleurs, ils ont partagé la scène en étant intronisé au Temple de la renommée de l’UL en même temps. «Philip n’avait pas le profil typique d’un lanceur de baseball. Il faisait environ 5 pieds 10 et pesait environ 110 livres mouillés, mais le fait qu’il était un lanceur gaucher le rendait plus attrayant aux yeux des coachs, qui lui ont finalement donné sa chance», raconte sa mère. Ainsi, la persistance du jeune lanceur lui aura valu une place comme «walk-on» sur l’équipe de baseball des Ragin’ Cajuns, contre toute attente.
Les entraineurs n’auront pas regretté de lui avoir accordé sa chance et le lanceur de Lachute a obtenu sa première victoire en tant que releveur contre l’équipe favorite de sa division, les Tigers de la Louisiana State University (LSU). Au terme de sa carrière, Philip Devey a battu plusieurs records d’équipe, cumulant plus de manches au monticule, de victoires et de retraits sur prises que n’importe quel autre lanceur de l’histoire de l’organisation. Durant sa troisième année avec les Ragin’ Cajuns, il a aidé les siens à vaincre l’université du Texas aux finales régionales, pour ensuite remporter un match contre les Rice Owls aux compétitions super-régionales. Il fut repêché en cinquième ronde au repêchage de 1999 par les Dodgers de Los Angeles et il a fait partie de l’équipe de baseball du Canada qui a terminé quatrième aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004. Il s’est ensuite rendu jusqu’aux ligues triple A avant de prendre sa retraite en 2005.
Philip Devey aura laissé sa marque indélébile sur l’organisation des Ragin’ Cajuns, mais il a aussi créé une fierté sur la communauté qui l’a vu grandir. Philippe Pesant, qui a entrainé Devey aux niveaux atome, pee-wee et bantam, a suivi la carrière de son ancien joueur avec attention. Il garde des souvenirs précieux des années qu’il a passées à entrainer le jeune prodige à Lachute. «Ce n’était pas drôle pour les autres équipes, se souvient-il. Son père l’a bien coaché. À cet âge-là, les jeunes ont souvent de la difficulté à mettre la balle au-dessus de la plate, mais Philip était un naturel!» Mais M. Pesant n’aurait jamais pu prédire les succès à venir de Devey, dont le terrain principal de baseball de Lachute porte le nom: «Je n’aurais jamais pensé qu’il se serait rendu jusque-là. Ça m’a vraiment fait quelque chose quand je l’ai vu jouer aux Olympiques avec Équipe Canada.»