La violence conjugale mise à l’avant-plan

La violence conjugale mise à l’avant-plan

Bien que la violence conjugale constitue une réelle préoccupation depuis longtemps au sein des communautés et des corps policiers, le contexte social et sanitaire actuel pourrait fort probablement avoir exacerbé cet enjeu: «Comme on le sait, avec la situation de la pandémie, il n’y avait pas de déplacement, les gens travaillaient de la maison donc oui, ça permet d’engendrer des situations plus particulières. C’est pour ça qu’on a mis l’emphase là-dessus avec les autres partenaires, au niveau des campagnes de prévention, de sensibilisation et des messages dans les médias, soutient Marc Tessier, du Service des communications de la Sureté du Québec. Il faut en parler, les policiers sont sensibilisés à la situation.» 

Selon Caroline Limoges, directrice de la maison d’hébergement la Citad’Elle de Lachute, il est primordial de sensibiliser la population à cette problématique, surtout dans le contexte actuel. Avec son équipe, ils ont d’ailleurs noté une augmentation significative de la demande d’aide au cours des douze derniers mois, entre les services externes d’écoute et les demandes d’hébergement : «En mars dernier, on était à 115% d’occupation pour l’hébergement […],  d’indiquer Mme Limoges. En 5 ans, c’est la première fois que ça arrive!»  

Quant au choix de thématique pour la Semaine de la police au Québec, elle s’est dite ravie et mentionne au passage qu’il est nécessaire de continuer à travailler pour faire tomber les préjugés. «La violence conjugale, ça peut arriver à n’importe qui. La violence n’a pas de statut social. Beaucoup de gens pensent que ça va arriver à une femme qui n’a pas d’éducation, qui vit sur l’aide sociale et qui habite dans le fin fond d’un rang. Non, ce n’est pas vrai!», prévient-elle.   

À la Sureté du Québec, on a prévu une campagne d’affichage qui s’étend au-delà de la semaine de la police. À Lachute, un premier visuel a été dévoilé la semaine dernière, et trois autres suivront d’ici le mois d’aout. Toutes ont le même objectif: des phrases percutantes pour faire réfléchir. La première pancarte érigée à l’entrée de la Ville de Lachute, près de l’autoroute 50 stipule «La Violence conjugale ne saute pas toujours aux yeux.» et mentionne le numéro de SOS violence conjugale, soit 1 800 363-9010.  En parallèle, et ce tout au long de l’année, les policiers sont appelés à intervenir dans les écoles pour y rencontrer les jeunes du primaire et du secondaire, pour discuter avec eux de relations sociales et amoureuses saines, et faire de la prévention.   

Investissements majeurs du Gouvernement du Québec 

Le 23 avril dernier, Québec a présenté son plan pour la réalisation de diverses mesures prioritaires, dans lequel on apprenait qu’un total de 222,9 millions de dollars serait investi sur cinq ans, dont 92M$ destinés aux maisons d’aide et d’hébergement de première étape, et 19,8M$ sur cinq ans pour les organismes d’aide aux hommes ayant des comportements violents dans un contexte conjugal ou familial. 

Plus récemment, le 7 mai, une annonce conjointe de Mme Geneviève Guilbault, vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, ainsi que Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice du Québec, a permis de dévoiler de nouvelles sommes à être investies. Une annonce bien reçue par les différents intervenants du milieu, dont Johanne Beausoleil, directrice générale par intérim de la Sureté du Québec : «Je salue la décision du gouvernement du Québec qui a consacré un montant de 71 M$ pour mieux accompagner les victimes de violence conjugale et accroitre la surveillance des contrevenants, dont 27 M$ sur cinq ans seront octroyés aux corps policiers et aux services correctionnels. Grâce à une partie de ce budget, la Sureté du Québec embauchera huit ressources supplémentaires dédiées à lutter encore davantage contre ce fléau de violence conjugale.»  

 

Au moment de mettre sous presse, les programmes qui seront mis en place avec le budget annoncé ne peuvent pas être confirmés par la Sureté du Québec. Caroline Limoges demeure cependant confiante de la bonne poursuite des efforts afin d’améliorer la cohésion entre les différents intervenants dans les dossiers en matière de violence conjugale : «Avec la Sureté du Québec à Lachute, on a de bons liens. Mais bon, si on est en mesure d’avoir des protocoles clairs de tout ce que chaque acteur peut faire et à quel moment, ça va être encore mieux. Ça, c’est à venir.». 

 

Cette 51e semaine nationale de la police a permis aux corps policiers de la province d’établir des liens avec la collectivité et de renseigner davantage la population sur les services offerts dans les différentes municipalités.  

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