Le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO) a choisi de lancer cette bande dessinée le 1er décembre, jour du deuxième anniversaire des grands rassemblements de la résistance de la francophonie ontarienne. Le mystère des chutes Rideau a été écrit par Body Ngoy et illustré par Hicham Absa.
Les principaux personnages de la bande dessinée sont quatre ados aux racines mixtes : Liza (père portugais et mère franco-ontarienne de Hearst), Stevie (père irlandais et mère franco-ontarienne de Windsor), Micha (père africain et mère antillaise), Sam (père vietnamien et mère franco-ontarienne).
Félix Saint-Denis, de L’Écho d’un peuple, est le principal raconteur et Évelyne Roy-Molgat ajoute un complément grâce à des liens avec les Autochtones.
Coups de cœur de la francophonie ottavienne
Les quatre jeunes se rencontrent au Café Franco-Présence pour échanger et, surtout, pour faire des clins d’œil à quelque 70 artisans et artisanes de la francophonie ottavienne. «Ce n’est pas un survol exhaustif, mais plutôt des coups de cœur», précise le scénariste Body Ngoy.
L’auteur-concepteur ajoute que «ce projet émane d’une passion, d’émotions vives et de la diversité aussi». Il n’aurait pas vu le jour sans la collaboration du RPFO, de l’ACFO Ottawa (bailleur de fonds) et d’un comité conseiller.
L’illustrateur Hicham Absa a remarqué que les jeunes sont souvent peu intéressés par les cours d’histoire. «Or, la bande dessinée a le pouvoir de rendre l’histoire attrayante.» Il y a même un courant didactique qui s’appuie de plus en plus sur la bande dessinée.

Personnages à l’image des personnalités
Pour rendre l’histoire dynamique et entraînante, Body Ngoy a campé quatre jeunes bien différents. Liza est une fille qui a le cœur sur la main. Stevie est un rebelle casse-cou qui aime lancer des défis à ses amis. Micha est une militante pour les droits des jeunes. Sam est un idéologiste qui veut changer le monde.
Ces diverses facettes des personnages se retrouvent, bien entendu, dans les personnalités choisies pour étoffer la bande dessinée. On n’a qu’à penser à des gens comme Bernard Grandmaître (Loi sur les services en français), Gisèle Lalonde (SOS Montfort), Mariette Carrier-Fraser (militante et éducatrice), Paul Demers (chanteur) ou Pablo Mhanna-Sandoval (FESFO).
Pour donner une idée des bulles de textes, voici d’abord ce que dit Mauril Bélanger, regretté député fédéral d’Ottawa-Vanier : «Quand j’étais jeune à Mattawa, j’ai connu le premier maire noir au Canada, le docteur Firmin Monestime, d’origine haïtienne. Cet homme et sa famille ont longuement marqué la vie des Mattaviens!»
Et lorsqu’il est question des écoles ouvertes par Sœur Élisabeth Bruyère, le jeune Stevie lance : «Hé minute! Moi je sais où a été créée la première école de tout l’Ontario. C’est chez nous dans la région de Windsor en 1786, et c’était une école française!»
Dialogue minorité-majorité
Les publications du RPFO, comme la revue Le Chaînon, sont en français seulement. Pourquoi la bande dessinée a-t-elle une version anglaise? «Parce que nous souhaitons partager notre histoire et notre fierté avec la majorité anglophone qui nous entoure», répond Danielle Pécore-Ugorji, directrice générale du RPFO.
Elle ajoute que Le mystère des chutes Rideau n’est qu’un premier chapitre. «Il y a d’autres régions de la province qui pourraient faire l’objet d’une publication, même une bande dessinée sur tout l’Ontario français». Les talents ne manquent pas, mais le nerf de la guerre demeure toujours l’argent.