Voilà que le 20 juin dernier, le dimanche de la fête des Pères, j’étais allé célébrer l’événement avec mon fils qui demeure à Gatineau. Juste avant de quitter pour rentrer chez-moi à Hawkesbury, j’ai subi une vilaine blessure au genou gauche causée par une très mauvaise chute.
Avec mon genou enflé de la grosseur d’un ballon de soccer et soufrant de douleur quasi-extrême, je me suis rendu directement à l’urgence de l’hôpital général de Hawkesbury. Heureusement, une radiographie ne révélait pas de fracture. Mais un Ct Scan, le lendemain, indiquait des lésions musculaires internes. Les urgentologues m’ont dit que la blessure guérirait avec le temps.
Plusieurs semaines plus tard, le 17 juillet, après bon nombre de tests, je suis retourné à l’Urgence car la douleur était devenue presque insupportable. C’est alors que l’urgentologue m’a envoyé au Campus général de l’Hôpital d’Ottawa pour y subir une chirurgie dès le lendemain.
Heureusement car mon genou était infecté d’un staphylocoque, une bactérie qui peut avoir des conséquences graves, puisque je suis diabétique. On dit même qu’elle est un peu comme une cousine de l’infâme bactérie mangeuse de chair. J’ai dû séjourner à l’hôpital pendant les deux semaines suivantes où on m’a administré, trois fois par jour, un antibiotique par voie intraveineuse, un traitement qui devait durer pendant quatre semaines. Normalement, je n’aurais pas dû être hospitalisé plus de deux ou trois jours après la chirurgie afin de poursuivre le traitement à la maison, grâce aux soins à domicile. Malheureusement, ce n’était pas possible car il n’y avait pas, dans ma communauté, d’infirmières disponibles pour les soins dont j’avais besoin.
Alors me voilà en train d’occuper un lit d’hôpital qui aurait été bien plus utile pour un patient ou une patiente bien plus malade que moi, ce que je trouvais complètement inacceptable. Puis, le vendredi 30 juillet, Raymond Vallée, un infirmier coordonnateur de soins à l’hôpital général d’Ottawa, est venu m’annoncer que j’allais pouvoir rentrer chez-moi dès le lendemain et que ce n’était pas des infirmières qui me prodiguerait des soins à domicile, car il n’y en avait toujours pas de disponibles, mais qu’à ma grande surprise, ce serait des ambulanciers paramédicaux spécialement formés pour le faire.
Et c’est ainsi que pendant les deux semaines suivantes, des ambulanciers paramédicaux communautaires de Prescott-Russell sont venus me voir tous les jours. Ils ont vérifié mes signes vitaux et remplacé le sac pour perfusion intraveineuse, relié à une pompe électronique programmée, que je portais sur moi dans un sac en bandoulière. Cette pompe m’administrait une dose d’antibiotiques à toutes les huit heures.
“Les soins que vous recevez à la maison sont une nouvelle procédure qui vient juste d’être mise en place, a déclaré Marc André Périard, le directeur des services d’urgences de Prescott-Russell. Il ajoute que je suis probablement le premier en Ontario à recevoir des soins d’antibiotiques intra-veineux à la maison ainsi que des changements de pansements de techniques aseptiques. Sans être un projet-pilote comme tel, a-t-il ajouté, c’est nouveau et en période d’évaluation pour voir si on peut améliorer des lacunes”.
Selon Marc-André Périard, les programmes de paramédecine communautaires sont différents d’une région à l’autre. “Mais en évaluant nos services de soins antibiotiques intraveineux, d’autres régions pourront emboiter le pas”. De son côté, la vice-présidente des soins à domicile et en milieu communautaire de Champlain, Claire Ludwig, confirme que la pénurie d’infirmières est prévalente à peu près partout dans le système des soins de santé en Ontario, voire ailleurs au Canada. “C’est pire dans certaines régions que d’autres. Nous nous efforçons d’identifier, voire d’essayer des solutions de rechange. Et c’est ce qui explique, a-t-elle dit, que ce ne sont pas des infirmières qui s’occupent de vous, mais plutôt des ambulanciers paramédicaux communautaires qui ont reçu la formation nécessaire”. Claire Ludwig a ajouté que les programmes de paramédecine communautaires ont pris de l’importance dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. “ On travaille avec des subventions pour le moment temporaires et on travaille avec le ministère de la Santé pour un service plus permanent”.
Quant aux ambulanciers paramédicaux communautaires qui s’occupent de moi, ils et elles se disent ravis, voire fiers du travail qu’ils et elles font dans les soins à domicile. “Ça fait avancer notre profession puisque ça nous donne l’occasion de faire autre chose que de répondre à des appels d’urgence par ambulances, me confiait l’un d’eux. Je les remercie sincèrement pour leurs services et je leur lève mon chapeau.