Le conseil municipal de Lachute a officiellement adopté une multitude de modifications à certains de ses règlements de zonage lors de la séance du 7 octobre dernier. Ceux-ci permettra de densifier le secteur urbain, mieux agencer les nouvelles constructions au cadre bâti existant et ramener de l’abordabilité dans le domaine des logements.
Cela fait deux ans que la Ville de Lachute travaille sur cette réforme qui touche pas moins de 192 grilles de zonage sur son territoire. Pour les propriétaires d’immeubles résidentiels, ces changements n’auront pas d’impacts directs sur ceux-ci. Ce sont plutôt les nouvelles constructions qui devront s’adapter.
« La population nous disait que Lachute grossissait n’importe comment et n’importe où. Des blocs de quatre étages à côté d’une maison unifamiliale, il n’y a pas de logique à ça, explique le maire Bernard Bigras-Denis. On ne se cachera pas que la pression du développement immobilier est rendue chez nous et le conseil s’est dit qu’il ne fallait pas l’échapper. Tant qu’à développer la ville, aussi bien la développer comme il faut. »
Selon le maire, il y a des secteurs de la ville qu’il considère comme non propice au développement tandis que d’autres le sont alors que d’autres encore pourraient faire l’objet d’une densification dite douce. Une des mesures mises en place en lien avec cette densification douce est l’autorisation d’implanter des unités d’habitation accessoire (UHA) dans certains secteurs.
« Une UHA permet l’agrandissement d’une maison pour un logement accessoire ou encore permet la construction d’une seconde habitation sur le même terrain, à condition d’avoir une superficie minimale, explique le maire. On peut se retrouver ainsi avec deux résidences sur le même terrain. Ça permet une légère densification. »
Il ajoute que le conseil a aussi du même souffle autorisé les résidences intergénérationnelles sur l’ensemble du territoire de Lachute. Aupravant, seul le secteur urbain de la municipalité avait cette autorisation.
Zonage incitatif
Une autre nouveauté à la règlementation est le zonage incitatif. Selon monsieur Bigras-Denis, seule la Ville de Longueuil a actuellement une règlementation semblable au Québec. Cette règlementation touche aux dérogations des grilles de zonage, notamment le nombre d’étages que peut avoir un immeuble.
Normalement, un entrepreneur qui, par exemple, voudrait construire un immeuble de quatre étages dans une zone où la limite permise est de trois doit faire une demande de dérogation auprès de la ville pour pouvoir le faire. La ville pouvait ou non accepter la demande.
Ce sera désormais encore le cas mais avec une nouveauté : la ville imposera la condition de l’abordabilité en échange de la dérogation. Dans l’exemple cité plus haut, la dérogation ne sera accordée que si le quatrième étage est composé de logements dits abordables selon les chiffres de la Société d’habitation du Québec.
« Si tu déposes un projet et que tu demandes une dérogation mais que tu n’offres pas de logements abordables, on n’approuvera pas la demande, illustre le maire. Si tu veux que l’on crée une exception pour toi, crées-en une de ton côté et permet à des citoyens d’avoir accès à un logement abordable. »
Le maire affirme que des promoteurs se sont déjà montrés intéressés par ce zonage incitatif, citant en exemple un projet qui compterait huit étages, soit deux de plus que la limite permise dans la zone où il serait situé, mais pour lequel le promoteur serait près à faire des logements abordables dans ces étages supplémentaires.
Nombre d’étages en baisse… et en hausse
Par ailleurs, la ville a profité de cette refonte pour aussi modifier le nombre d’étages permis dans une douzaine de zones résidentielles sur son territoire. Ainsi, une différence de seulement un étage supplémentaire sera permis pour un nouvel immeuble par rapport aux immeubles déjà construits aux alentours dans ces secteurs.
Par exemple, si les immeubles du voisinage n’ont que deux étages au maximum, un nouvel immeuble ne pourra pas en avoir plus que trois; dans une zone où il y a des immeubles de quatre étages, la limite sera de cinq.
« On n’aura plus de cas où des immeubles de 2-3 étages supplémentaires se construisaient à côté de maisons d’un étage, ce qui créait un mur qui faisait qu’il n’y avait plus de soleil sur le terrain de la maison », indique Bernard Bigras-Denis.
En contrepartie, la ville a autorisé un plus grand nombre d’étages dans d’autres secteurs non construits, par exemple dans le nouveau secteur de la Lorraine. Les nouveaux bâtiments en périphérie de ce développement, situés à côté d’immeubles déjà construits, seront ainsi moins élevés que ceux qui seront situés plus au centre.
Le maire de Lachute se dit fier du travail qui a été accompli dans cette refonte de la règlementation du zonage et croit que cela aidera à un meilleur développement pour la municipalité.
« On a fait un beau travail qui nous permet d’avoir une vision de ce qui est possible de faire à Lachute pour les promoteurs et agents d’immeubles, dit-il. Ça va leur permettre d’orienter leur stratégie pour leurs investissements. »