Les entreprises sont de plus en plus interpelées quant à leur empreinte environnementale, que ce soit en devenant carboneutre, en mettant en place des systèmes de recyclage ou encore en obtenant des certifications de bonnes pratiques environnementales. Chez Luxor Collection de Lachute, on a décidé de mettre en valeur les rebuts produits par l’entreprise en organisant un concours de création d’œuvres d’art faites d’objets récupérés. Les grands gagnants ont été dévoilés le 18 octobre dernier.
L’idée de ce concours est venue de Stéphane Circé, employé chez Luxor Collection mais aussi artiste peintre et sculpteur de Lachute. Celui-ci a récemment créé une œuvre à partir de rebuts provenant de la machine sur laquelle il est attitré. Lorsqu’il a remis sa création à la direction, cela a fait germer l’idée de lancer un concours auprès des autres employés de l’usine dans lequel ils auraient à faire eux aussi une œuvre d’art à partir de rebuts de l’entreprise qui fabrique des armoires de cuisine.
« On a lancé le concours afin de trouver de nouvelles façons de réutiliser nos déchets, explique monsieur Circé qui était président de la dernière édition de la Route des arts. Dans un premier temps, il y a le côté artistique mais dans le second, c’est aussi une façon de faire connaître ce que l’on produit comme déchets afin de voir s’ils pourraient intéresser des récupérateurs. »
Selon lui, la création de sa propre œuvre a allumé une étincelle au sein de la direction quant à la « beauté » des rebuts de l’usine, ce que confirme Sara Granger, directrice initiative et stratégie chez Luxor Collection.
« On a été très impressionné autant par son œuvre que par son dévouement, indique celle qui se dit aussi impliquée dans la MRC quant à l’économie circulaire. C’était une super initiative que de faire embarquer l’ensemble de l’entreprise dans le concours. Ça permet aussi de sensibiliser nos employés à la quantité de rebuts que l’on produit et c’était une belle façon de se retrouver tous ensemble. »
Sur les quelque 160 employés de l’entreprise, une douzaine ont décidé de prendre part au concours qui a été lancé en juillet dernier. Autant madame Granger que monsieur Circé sont heureux du taux de participation pour cette première édition.
Œuvres variées
Les participants devaient donc créer une œuvre d’art contenant au minimum 75 % de matières récupérées dans l’usine. Il n’y avait pas de thème précis : les participants pouvaient donc laisser libre cours à leur imagination. Outre les sculptures, une maquette de château, une planche à découper, des collages et même un petit cabinet de rangement ont été créés par les artistes en herbe.
La douzaine d’œuvres ont été exposées dans la cafétéria de l’usine où les autres employés devaient voter pour leur création favorite. Ce vote comptait pour le tiers de la note totale, le reste provenant de la note d’un jury. Celui-ci était composé de Marie-Josée Lapierre, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie d’Argenteuil (CCIA), André Laplante, président du Centre d’art d’Argenteuil, Christian Thibeault, coordonnateur de Synerlab, et Katherine Montminy, conseillère en gestion des matières résiduelles à la MRC d’Argenteuil.
C’est finalement l’ébéniste Stéphanie Lefebvre qui a remporté le concours avec sa sculpture de hibou fabriquée avec des lames de bancs de scie soudées. Elle a remporté une bourse de 300 $ et sa création sera exposée au Centre d’art d’Argenteuil à une date ultérieure.
« Au début, je ne voulais pas participer. C’est Stéphane qui m’a lancé le défi d’essayer, raconte celle qui admet avoir eu l’aide de son conjointe pour faire les soudures. J’y ai été à la dernière minute, en prenant tout ce que je trouvais et en y allant avec ce que je voyais. »
L’œuvre est intitulée Karolane Valiquette en jaquette, une boutade envers une collègue en manque de sommeil depuis l’arrivée de son bébé. « Je me suis inspirée d’elle : le hibou représente la nuit et les dents de scie, quand on est à pic en raison du manque de sommeil… »
La gagnante indique ne pas être artiste dans l’âme et qu’elle est donc très surprise d’avoir remporté le concours.
Le second prix (200 $) est allé à Roxana Garcia et Vanessa Coulombe pour leur création conjointe intitulée Imparfait tandis que le troisième prix (100$) a été remporté par Dominique Bouchard pour sa sculpture de dragon Prosperitas.
Récupérer et revaloriser
Sara Granger tient à souligner que Luxor Collection s’implique déjà dans l’économie circulaire, ayant trouvé des débouchés pour certains de ses rebuts, et fait également des efforts au niveau du recyclage.
« Il y a quand même plusieurs tonnes de rebuts qui sont encore produits par l’usine, alors on essaie de les rediriger vers d’autres entreprises ou on essaie de les réutiliser à même l’usine, dit-elle. Des fois, nos rebuts peuvent être utiles dans un autre département. On a beaucoup réduit ce qui se rend à l’enfouissement. »
Elle ajoute que l’entreprise est l’une des seules à utiliser des peintures à l’eau dans le domaine des armoires de cuisines, ce qui réduit l’empreinte environnementale.
Quant à Stéphane Circé, il invite d’autres entreprises d’Argenteuil à prendre part à la prochaine édition du concours.
« On espère que l’an prochain d’autres entreprises participeront au concours, dit-il. Éventuellement, ça pourrait être une façon de faire connaître quels résidus sortent des différentes usines, pour voir si ça ne pourrait pas servir à quelqu’un d’autre. »