Des expositions qui racontent une histoire

Par Francis Legault
Des expositions qui racontent une histoire
Johanne Proulx présente une exposition d’oeuvres usant un langage inspiré de l’art brut des histoires tirées de la vie quotidienne. (Francis Legault, EAP)

Jusqu’au 3 novembre, le Centre d’art d’Argenteuil accueille deux nouvelles expositions qui racontent chacune une histoire. Celle de l’artiste de Morin-Heights Johanne Proulx, Gestes, traces et récits, présente dans un langage inspiré de l’art brut des histoires tirées de la vie quotidienne tandis que celle de Guillaume Jabbour, de Gore, propose un voyage dans le passé, avec l’histoire du secteur Avoca et de son pont sur la rivière Rouge.

Installée depuis quatre ans à Morin-Heights, soit au moment de sa retraite, Johanne Proulx a fait carrière dans l’art, co-fondant l’atelier de gravure Zocalo à Longueuil il y a plus de 30 ans. Parallèlement, elle a œuvré en art-thérapie auprès de l’organisme montréalais Les Impatients, qui vient en aide aux personnes ayant des problématiques de santé mentale.

Invitée à exposer au Centre d’art d’Argenteuil, elle a accepté tout de suite de venir présenter quelques-unes de ses œuvres, elle qui trouve l’endroit inspirant. La quinzaine de toiles exposées ont été réalisées en technique mixte, alliant acrylique avec collage et dessins.

L’artiste admet que lors de la créations de ces toiles, faites durant la pandémie, elle ne s’est pas préoccupée de leur donner une thématique. Cela est venue après coup.

« Oui, il y a une thématique qui relie les toiles mais je ne m’en suis pas occupée pendant leur création, dit-elle. C’est venu inconsciemment. L’inconscient est important en art-thérapie mais travailler avec quelqu’un n’est pas pareil que lorsqu’on travaille avec soi-même pour créer une œuvre. »

Ses toiles, faites en diverses teintes de gris, ont toute un accent de couleur rose.

« Je suis une fille expressive. J’aime les traces, le mouvement et les superpositions, c’est ce qui fait l’on développe inconsciemment sa propre imagerie, explique-t-elle. Je retrouve mon imagerie à différents endroits de mes œuvres. Il y a beaucoup de nature et de personnages. Ce que je vois là-dedans, c’est que j’aime travailler le corps humain de façon symbolique. »

Elle souhaite que les visiteurs qui viendront voir son exposition ressente une émotion, peu importe laquelle. « Chacun me dirait son émotion personnelle en regardant une même œuvre et je la croirais! », conclut-elle.

Histoire d’un pont

Pour sa part, Guillaume Jabbour propose une exposition plutôt différente de ce à quoi on est habitué au Centre d’art d’Argenteuil. En effet, bien qu’il y ait un aspect visuel, le public plutôt est invité à écouter une histoire, celle du pont d’Avoca, à travers deux stations d’écoute.

Long de 68 mètres et rénové il y a quelques années, ce pont enjambe la rivière Rouge, entre le chemin du même nom et le chemin Walker, dans le secteur Avoca à Grenville-sur-la-Rouge. Guillaume Jabbour a donc laissé des résidents du secteur raconter leurs souvenirs en lien avec ce pont, la rivière et le hameau.

« Ce n’est pas un balado traditionnel, mettant en vedette un intervieweur et un interviewé. C’est plus un partage d’histoires en lien avec le pont d’Avoca, raconte-t-il. Ce dernier a un attrait particulier dans le folklore du hameau d’Avoca. On parle d’histoires d’amour, de rencontres, d’accidents tragiques, d’autres plus rigolotes… »

Le résident de Gore est surtout connu comme musicien, ayant participer à divers projets artistiques nécessitant des trames sonores dans la région. Cependant, étant originaire d’Argenteuil, il avait déjà un certains attachement à un pont particulier.

« Depuis que je suis jeune que j’aime la sonorité des choses, explique-t-il. C’est le pont de Dunany, avec le bruit que ça fait lorsqu’on roule dessus, qui m’a inspiré. J’ai pensé comment les ponts nous rassemblent et là, en regardant dans le coin, j’ai pensé à quatre ponts de différents secteurs, comment ils rassemblent les gens de ces secteurs. »

Voulant faire un projet alliant son expérience de musicien avec celle en médiation culturelle, il a commencé à faire quelques recherches sur le sujet avant que la MRC d’Argenteuil, qui avait entendue parlé de ses démarches, ne l’approche en lui donnant accès à une évaluation patrimoniale qui avait été réalisée pour le pont d’Avoca.

« Ce manque au document de l’évaluation sont les histoires des gens, lance monsieur Jabbour. J’ai vu qu’il y avait une belle connexion à faire entre les deux. »

Une dizaine de résidents du secteur Avoca ont accepté de témoigner et de raconter leurs histoires en lien avec le pont. La première station d’écoute regroupe ces témoignages qui sont divisés en sept thématiques, pour un total de 35 minutes. La seconde station présente le contexte historique du pont, avec une trame sonore réalisée par Guillaume Jabbour qui a enregistré les sons du pont, avec des hydrophones dans la rivière, des capteurs pour les vibrations, des micros pour entendre le crissement des pneus…

Comme la MRC d’Argenteuil a participé à la création du projet, celui-ci sera éventuellement mis en ligne à une date ultérieure.

« C’était important pour moi que les histoires vivent d’abord ici. On a présenté l’installation au centre communautaire d’Avoca et les gens ont apprécié », dit monsieur Jabbour.

Les deux expositions se poursuivent jusqu’au 3 novembre. Le Centre d’art d’Argenteuil est situé au 585, rue Principale, à Lachute.

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