L’incendie qui a ravagé l’Hôtel et centre de villégiature Lac Carling dans la nuit du 15 au 16 novembre dernier est un dur coup pour l’économie de la région. Non seulement une cinquantaine d’employés perdent leur gagne-pain mais de nombreux visiteurs de l’extérieur de la région devront changer leurs plans d’hébergement.
Rappelons que vers 21h le 15 novembre dernier, les services d’urgence ont été appelés à l’Hôtel du Lac Carling, à Grenville-sur-la-Rouge, pour y combattre un incendie. Les pompiers de Grenville, Lachute, Saint-André-d’Argenteuil, Brownsburg-Chatham, Harrington, Gore, Wentworth, Mirabel, St-Colomban et Hawkesbury ont été appelés en renfort par leurs collègues de GSLR, pour un total de 75 pompiers sur place.
Malgré l’évacuation de plusieurs clients, on ne rapportait pas de blessé. Différentes sources mentionnent que l’incendie pourrait être accidentel, probablement d’origine électrique, mais l’enquête se poursuit pour en déterminer la cause exacte. La moitié ouest de l’édifice, qui comprenait la réception, la piscine intérieure et le spa, a été complètement rasée. L’extrémité est, comprenant la grande salle de réception, semblait largement épargnée par les flammes.
Construit au début des années 90, l’Hôtel du Lac Carling comprenait 98 chambres dont une douzaine de suites sur deux étages. Les entreprises Pava Corporation et Investissements Olymbec s’étaient portées acquéreuses de l’endroit, ainsi que du terrain de golf à proximité, à la fin de 2014 et y avaient entrepris d’importants travaux de rénovation. Dans une publication faite à peine 48 heures avant l’incendie, une agence immobilière montréalaise annonçait la mise en vente de l’endroit au prix de 15 millions de dollars. Les propriétaire actuels auraient cependant indiqué avoir l’intention de reconstruire l’endroit.
Cellule de crise
Avec cet incendie, ce sont une cinquantaine de personnes qui perdent leur emploi. Certains d’entre eux ont également perdu leur domicile puisqu’ils résidaient dans le bâtiment à l’année longue.
Dany Brassard, directeur du service de développement économique de la MRC d’Argenteuil, indique qu’une cellule de crise a été mise sur pied afin d’aider ces employés à se trouver un nouveau travail, avec l’aide de Services Québec. Une rencontre avec les propriétaires du site est également prévue pour connaître les options de reconstruction.
« On va pousser pour qu’ils reconstruisent mais on va attendre que la poussière retombe. C’est vraiment plate, on n’avait pas besoin de ça!, lance monsieur Brassard. L’hôtel allait super bien, ils avaient de bons chiffres, un bon rendement. Ils avaient un taux d’occupation de 70% qui pouvait monter à 100% durant l’été. »
Marie-Josée Lapierre, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie d’Argenteuil, était elle aussi déçue de cette nouvelle. Elle était d’ailleurs en route pour rencontrer l’administration de l’hôtel lorsque L’Argenteuil l’a rejointe.
« La restructuration de l’hôtel allait super bien. Il y avait beaucoup de groupes qui s’en venaient, dit-elle. L’endroit était de plus en plus connu. Il y avait un nouveau souffle dans la région, c’est vraiment plate que ça arrive maintenant. C’est pas une bonne nouvelle mais pas pantoute! »
Impact économique
Outre les emplois affectés, la destruction de l’Hôtel du Lac Carling aura aussi un impact sur l’économie locale alors que plusieurs événements étaient prévus dans l’établissement ces prochaines semaines.
« Il y a beaucoup de membres de notre communauté d’affaires qui avaient prévu d’y tenir leur party de Noël, indique madame Lapierre. Il y avait même un mariage prévu le 31 décembre. Au niveau de l’économie local, c’est vraiment important. C’était un gros morceau. »
Pour sa part, Dany Brassard rappelle que l’établissement servait très souvent de quartier général pour des productions cinématographiques qui venaient tourner dans la région. L’endroit a aussi carrément servi de lieu de tournage comme dans le film Le Projet Hummingbird (The Hummingbird Project). Ce sont 7000 nuitées en trois ans qui ont eu lieu à cet hôtel dans le cadre de productions cinématographiques.
D’ailleurs, 600 nuitées y étaient prévues dans les prochaines semaines dans le cadre d’une production québécoise de Sphère Média selon Marie-Josée Pilon, directrice générale de Film Laurentides, organisme basé à Lachute. Le tournage devrait se faire à Gore, Mille-Isles et Wentworth mais la production devra être hébergée ailleurs.
« Dans un rayon de 25 à 40 km autour de l’Hôtel du Lac Carling, c’est du beau territoire pour des tournages, explique-t-elle. Récemment, il y a eu un tournage à Brownsburg-Chatham et l’équipe était hébergée au Lac Carling. Juste en 2024, ce sont 2400 nuitées qui y ont eu lieu uniquement grâce à l’industrie cinématographique. Il y avait quatre ou cinq productions par année qui y séjournaient. »
D’après madame Pilon, le Microtel de Lachute pourra être une option de rechange même si cet établissement est plus petit et est fort occupé. D’autres options d’hébergement dans Argenteuil pourraient être la location de chalets, au Domaine Évasion de Harrington ou au Lac Fiddler à Mille-Isles, mais ceci peut être compliqué par les conventions collectives des techniciens cinématographiques qui exigent souvent un hébergement d’une chambre avec salle de bain par personne. Autrement, l’hébergement devra être fait ailleurs dans les Laurentides.
« On souhaite vraiment une reconstruction, dit-elle. C’est nécessaire tant pour le tourisme de villégiature que pour le développement de l’industrie audio-visuelle et le tourisme d’affaires. »