Sans contrat de travail depuis le 1er janvier dernier, les 77 cols blancs de la Ville de Lachute ont récemment voté pour appliquer des moyens de pression qui pourraient éventuellement mener à une grève. Cependant, la Ville de Lachute a fait appel à un médiateur afin de régler le dossier rapidement.
Le 4 novembre dernier, environ une trentaine de cols blancs lachutois, affiliés au local 2188 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), ont manifesté devant la porte donnant accès à la salle du conseil municipal de Lachute dans les heures précédant la tenue d’une séance publique du conseil. Ils comptaient assister à la première période de questions et d’information de la séance afin de connaître la position des élus sur l’état des négociations.
« On veut savoir si le conseil trouve que les négociations sont faites sérieusement par leurs deux représentants, explique Stéphane Paré, conseiller syndical au SCFP. On trouve que ça tarde quant aux offres monétaires. Si on regarde les conventions qui ont été signées dans les villes aux alentours, on ne comprend pas pourquoi Lachute reste sur sa position d’environ 10 % d’augmentation sur cinq ans. »
Selon monsieur Paré, les cols blancs lachutois demandent une hausse salariale de 18 % sur cinq ans alors que la dernière offre patronale proposait 10,25 %, toujours sur cinq ans, soit une différence d’environ 8 %.
« On pense que 18 %, pour le rattrapage de l’IPC, que c’est une offre raisonnable par rapport au marché de la MRC d’Argenteuil, indique monsieur Paré. On demande aussi une augmentation des vacances après 10 ans de service et une majoration du régime d’assurances. »
Un irritant pour les syndiqués est que la Ville de Lachute a fait appel à un médiateur pour dénouer l’impasse dans les négociations. D’après Stéphane Paré, cela a eu pour effet d’annuler des journées de négociations puisque le médiateur doit trouver un moment à son horaire pour se pencher sur le dossier lachutois.
« La Ville a annulé quatre dates de négociations pour faire appel à un médiateur ce qui retarde les discussions », déplore-t-il.
Toujours prêts à négocier
Le maire de Lachute, Bernard Bigras-Denis, a tenu à indiquer aux syndiqués que les membres du conseil avaient été mis au courant de toutes les démarches qui avaient été faites depuis le début des négociations.
« On reconnaît fortement les conditions de travail de nos employés, a d’abord mentionné le maire. Nous avons entièrement confiance en nos deux représentants qui siègent sur le comité de négociations ainsi qu’en notre consultant. On ne négociera pas sur la place publique mais on a bien entendu votre message. On est ouvert à la discussion mais pour faire preuve de sérieux, on a fait appel à un médiateur pour se rapprocher. »
Cette réponse semble avoir été bien reçue des syndiqués qui ont quitté la salle sans faire d’histoire. Le maire a par la suite précisé sa pensée auprès du représentant de L’Argenteuil après la séance.
« C’était important de leur préciser qu’on est ouvert à la discussion. Dans ce genre de cas, il faut être deux pour danser. On a une rencontre de prévue le 18 novembre et on est très à l’aise de s’asseoir avec eux et de discuter », a indiqué le maire, contredisant du même coup le syndicat qui affirmait que cette réunion était annulée.
Monsieur Bigras-Denis ajoute que selon la Ville, l’appel à un médiateur devrait faire en sorte que les négociations aboutiront plus rapidement.
« Lorsqu’il y a impasse, on considère que ça va plus vite avec un médiateur, dit-il. Il va s’asseoir avec nous pour nous aider à se rapprocher. Je comprends la position [des syndiqués], je comprends leurs revendications, mais il faut bouger dans les deux sens. »
Selon le maire, l’écart entre les demandes salariales des syndiqués et l’offre de la ville serait beaucoup plus petite que 8 % comme l’affirme le syndicat.
Prochaine étape : les cols bleus
Si une entente est signée entre la Ville et ses cols blancs d’ici la fin de l’année, le répit dans les négociations sera de courte durée. Dès le 1er janvier prochain, la convention collective de la soixantaine de cols bleus de la ville arrivera à son tour à échéance. Le SCFP, qui représente aussi ces employés, craint que si les négociations piétinent avec les cols blancs, il se pourrait que les deux groupes se retrouvent en négociations en même temps.
« Les demandes vont être pas mal similaires à celles des cols blancs mais il y a peut-être un peu plus de problématiques sur le terrain dans le cas des cols bleus, affirme Stéphane Paré. Depuis juin qu’on demande de régler rapidement et la Ville n’est pas capable de faire ça. On ne comprend pas pourquoi on en est là aujourd’hui. On veut régler la convention des cols blancs avant de passer à la négociation des cols bleus. »
Le conseil municipal a d’ailleurs adopté une résolution le 4 novembre dernier afin de s’adjoindre les services d’un consultant provenant du Carrefour du capital humain de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) en prévision des discussions avec les cols bleus. Il s’agit en fait du même consultant actuellement en action dans les négociations avec les cols blancs. Selon le maire de Lachute, le résultat des négociations avec ces derniers pourrait avoir un impact sur les discussions futures avec les cols bleus.