L’ABC d’un centre de tri

Francis Legault - Initiative de journalisme local (IJL)
L’ABC d’un centre de tri
Ces portes ouvertes étaient une bonne occasion pour Tricentris de présenter à quels endroits les matières triées sont acheminées. (Francis Legault, EAP)

Vous êtes-vous déjà demandé comment fonctionne un centre de tri? Qu’est-ce qui va dans votre bac bleu? Où vont les matières triées? Ce sont à ces questions (et même plus!) que Tricentris La Coop a tenté de répondre en accueillant le public lors d’une journée portes ouvertes à son siège social de Lachute le 5 octobre dernier.

Tricentris est une coopérative de plus de 230 municipalités membres ou clientes qui possède trois centres de tri situés à Terrebonne, Gatineau et Lachute. Avec plus de deux millions de citoyens desservis et plus de 215 000 tonnes de matières recyclables traitées par année, il s’agit de la plus grande organisation de tri de la province.

Le centre de tri de Lachute est le plus ancien des trois centres de Tricentris et sert aussi de siège social à l’organisation. Ouvert en 1996, il traite environ 75 000 tonnes de matières recyclables chaque année et emploie plus d’une centaine de personnes. Chaque jour de la semaine, entre 60 et 90 camions, contenant chacun cinq à six tonnes de matière, viennent vider leur chargement au centre de tri lachutois.

Mais au-delà de ces détails, peu de gens savent ce qui se passe une fois leur bac bleu vidé par un camion. La journée des portes ouvertes du 5 octobre dernier était une façon pour Tricentris de faire mieux connaître ses activités mais aussi de sensibiliser le public à de meilleures pratiques lorsque vient le temps de mettre quelque chose au recyclage.

« Le premier objectif est de sensibiliser les gens au travail des trieurs, explique Myriam Forget-Charland, directrice des communications de Tricentris. On veut humaniser le tri pour que les gens puissent voir quels impacts peut avoir ce qu’ils mettent dans leur bac sur le travail de nos employés. »

« Aussi, on veut montrer que ce n’est pas vrai que de faire son bac bleu à la maison ne donne rien, poursuit-elle. On veut redonner confiance aux gens en la collecte sélective car ça fonctionne. »

Tenue une première fois en 2018, l’activité est revenue l’an dernier après une pause causée par la pandémie. Plus de 200 visiteurs sont venus visiter le centre de tri de Lachute cette année. Des portes ouvertes semblables ont eu lieu dans chacun des deux autres centre de Tricentris lors des fins de semaine précédentes.

« On est bien content que les gens aient pris du temps dans leur fin de semaine pour venir nous voir, souligne madame Forget-Charland. Ça peut avoir un impact qui va faire boule de neige : ces 200 personnes vont en parler à leurs proches, ce qui va peut-être changer certaines habitudes dans le tri à la maison. »

Recyclage local

Les visiteurs ont ainsi pu voir le centre de tri en action et suivre tout le processus entre le moment où un camion se vide de son contenu et celui où un ballot de matière trié est prêt à être expédié chez un recycleur. Si certaines opérations sont faites automatiquement par des machines (récolte du papier, du verre, des métaux ferreux…), d’autres nécessitent l’intervention humaine, notamment pour les matières plastiques.

La directrice des communications de Tricentris explique que la majorité des matières triées sont expédiées vers des entreprises québécoises ou canadiennes.

« Environ 80% de la matière qui sort de nos centres de tri sont expédiés chez des recycleurs locaux, indique madame Forget-Charland. On a quelques clients en Ontario ou dans le nord des États-Unis. Dans ce qui reste, il y a une portion qui va en Asie mais c’est seulement après que l’on ait épuisé la demande locale. L’export n’est pas notre premier choix, on priorise toujours le local même si le prix peut être plus bas de la tonne. »

À Lachute, l’usine Cascades reçoit les ballots de cartons afin de les transformer, notamment en papier essuie-main. Quant au verre, il n’a qu’à faire quelques mètres pour se retrouver dans l’usine de micronisation de Tricentris, situé à côté du centre de tri. Là, le verre est réduit en une poudre qui pourra servir de sable de filtration pour piscine, d’additif pour le ciment ou encore pour être utilisé dans des activités de sablage au jet.

Des déchets malgré tout

Si la collecte sélective permet de détourner de nombreuses matières de l’enfouissement, il demeure le fait que certains citoyens ont de la difficulté à savoir quoi mettre dans leur bac bleu. Pas moins de 15% des matières reçues dans les centres de tri ne devraient pas s’y retrouver, que ce soit des déchets (couches souillées, mouchoirs, seringues…) ou des matières qui auraient dû être revalorisées ailleurs (contenants aérosols aux dépôts de RDD, vêtements dans des friperies, bois dans des éco-centres…). Ces matières se retrouveront inévitablement à l’enfouissement si elles passent par le centre de tri.

« Si vous voyez des camions partir du centre de tri pour aller au site d’enfouissement, ce n’est pas parce qu’on se débarrasse des matières recyclables mais bien parce qu’on reçoit des déchets, explique madame Forget-Charland. Des fois, les gens pensent que l’on va remettre ces choses aux bons endroits, comme par exemples les vêtements. Mais une fois que ça passe dans le tri, qu’ils vont être en contact avec les fonds de jus et de vinaigrette, ils ne sont plus valorisables. »

Les pires de ces matières indésirables sont les batteries au lithium, que l’on retrouve entre autres dans des outils et des vapoteuses. Si ces piles se brisent, le lithium réagira chimiquement avec l’air ambiant, ce qui peut provoquer des incendies.

« On reçoit des tonnes et des tonnes de papier, alors on a tous les ingrédients nécessaires pour faire un beau feu », explique madame Forget-Charland, soulignant que des débuts d’incendie surviennent trop fréquemment pour cette raison. Heureusement, les employés de Tricentris sont formés pour réagir rapidement afin d’éviter que les flammes ne deviennent incontrôlables mais ces incidents pourraient être évités si les citoyens ne mettaient pas ces objets dans leur bac de recyclage.

La récupération, c’est facile

La façon la plus facile de savoir si un objet va au recyclage se résume à trois mots : emballage, imprimé, contenant. Si l’objet entre dans l’une de ces catégories, il va au bac bleu. Sinon, il va ailleurs. Il y a cependant la nuance concernant les emballages faits de pellicule plastique : si celui-ci s’étire, il peut être recyclé. S’il ne s’étire pas, il va à la poubelle. Les matières autres que le carton, papier, verre, plastique et métal ne vont également pas dans le bac bleu.

Il faut aussi éviter de mettre dans le bac tout ce qui est long et filiforme, comme les boyau d’arrosage, les cordes à danser, les toiles de piscine… Ces objets peuvent s’enrouler dans les équipements du centre de tri et provoquer des blocages et des bris.

Parallèlement à la collecte sélective, le gouvernement québécois met actuellement en place un élargissement du système de consigne. De nouveaux contenants, comme les ‘pintes’ de lait en carton et les bouteilles de vin, seront consignés à partir de mars prochain et pourront être retournés en magasin ou dans les centres Consignaction.

Pour l’instant, Tricentris ne pense pas que cela aura un grand impact sur la quantité de matières reçues dans ses centres de tri.

« Il y a déjà une consigne sur les canettes et contenants de boisson gazeuse depuis longtemps et pourtant, on en reçoit quand même au centre de tri, dit madame Forget-Charland. On va voir si ça va changer dans les prochains mois mais c’est difficile à prévoir. L’important, c’est de continuer à récupérer, peu importe la façon.»

Pour en savoir plus sur Tricentris et pour avoir quelques trucs sur comment récupérer, visitez le www.tricentris.com.

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