Et si la communauté reprenait la caserne de Carillon?

Par Francis Legault
Et si la communauté reprenait la caserne de Carillon?
L’idée que la communauté reprenne la gestion de la Caserne militaire de Carillon (photo) est dans l’air mais aucune négociation en ce sens n’a encore eu lieu entre Parcs Canada et les partenaires du milieu. (Photo Francis Legault)

Le 23 mai dernier, le Musée régional d’Argenteuil a officiellement inauguré ses nouveaux locaux situés à l’église Christ Church de Saint-André-d’Argenteuil. Or, malgré ce déménagement, l’organisme souhaite toujours pouvoir réintégrer la caserne de Carillon, qui l’a abrité depuis sa fondation dans les années 1930. La question a donc été soulevée : est-ce que la communauté pourrait reprendre la gestion de ce bâtiment des mains de Parcs Canada?

Le Musée régional d’Argenteuil a officiellement ouvert ses portes à l’automne 1938 dans l’ancienne caserne militaire de Carillon. Ce bâtiment,  construit en 1830, servait à héberger le personnel affecté à la construction des canaux le long de la rivière des Outaouais. Avant même l’ouverture du musée, la Société historique d’Argenteuil avait cédé le bâtiment au gouvernement canadien pour la somme symbolique de 1$, sous condition qu’il serve à des fins éducationnelles et muséales. Cette entente est encore valide aujourd’hui.

Or, suite aux inondations de 2017 et 2019, le bâtiment a été lourdement endommagé, ce qui a forcé Parcs Canada, le gestionnaire du site pour le compte du gouvernement, à évincer le musée le temps de faire des travaux de rénovation.

« Quand on a quitté vers 2017, après les premières inondations, notre bail était en renégociation, a rappelé Luc Lépine, président du conseil d’administration du Musée régional d’Argenteuil. Évidemment, cela a achoppé en raison des dommages. Parcs Canada a fait des travaux mais a découvert d’autres problèmes sous-jacents. »

En effet, des digues ont été construites pour protéger le bâtiment de futures inondations et une décontamination a été faite en partie. Cependant, d’autres travaux restent à faire, ce qui a forcé le musée à déménager à l’église Christ Church pour poursuivre ses activités.

« Il y a des travaux à faire et ce que l’on nous dit, c’est qu’ils n’ont pas les budgets pour les faire. Ils ne savent pas quand ils vont en avoir ni s’ils vont en avoir, a ajouté monsieur Lépine. On vit d’espoir. C’est un lieu tellement important pour la communauté d’Argenteuil, c’est le lieu parfait pour un musée. »

Revoir la gestion

Joint par L’Argenteuil, Parcs Canada a confirmé que des travaux de restauration se chiffrant à plusieurs millions de dollars devront être faits sur le bâtiment.

« Pour assurer une gestion efficace et durable de son portefeuille d’infrastructures, qui comprend environ 18 000 biens bâtis, Parcs Canada élabore actuellement un plan à long terme pour guider les choix et stratégies à cet effet, avec l’utilisation la plus efficace possible de l’argent des contribuables. Ce plan permettra notamment de déterminer, en fonction des budgets disponibles, les prochaines actions pour la caserne de Carillon et de mettre en place un échéancier », a confirmé Géraldine Duvernay, agente de partenariat, engagement et communications chez Parcs Canada.

« Parallèlement à cet exercice, une réflexion sur les fonctions du bâtiment, de ses activités et des dépenses connexes, doit être faite, a-t-elle poursuivi. Dans cette optique, Parcs Canada a entamé des discussions avec la MRC d’Argenteuil et les différents intervenants régionaux pour évaluer différents modèles de gestion et d’opérationnalisation du lieu historique national de la caserne de Carillon, qui répondraient aux priorités des Canadiens et Canadiennes tout en tenant compte des ressources disponibles de l’Agence. »

Éric Pelletier, directeur-général de la MRC d’Argenteuil, confirme être en contact avec Parcs Canada quant à l’avenir de la caserne mais que l’on est encore loin d’une décision.

« Il n’y a rien d’ouvert comme discussion pour l’instant, a-t-il dit. Le conseil des maires reconnaît que le bâtiment a une valeur patrimoniale exceptionnelle. Mais on est encore loin de savoir si oui ou non, la MRC va s’en porter acquéreure. »

Cependant, en février dernier, le conseil des maires a adopté une résolution pour la création d’un « Comité de concertation pour le pôle de Carillon » sur lequel siègent la MRC, la municipalité de Saint-André-d’Argenteuil, le musée, Hydro-Québec et Parcs Canada. L’objectif de ce comité est de concerter les actions afin de mettre en valeur les différents attraits de ce secteur (écluse, centrale hydroélectrique, Route verte, parc municipal…), ce qui inclut la caserne militaire. Une première rencontre a eu lieu depuis que cette résolution a été adoptée.

« Est-ce que la MRC ou la municipalité veut se porter acquéreure du bâtiment? Est-ce que Parcs Canada veut s’en départir? On en est pas là dans nos discussions en ce moment », a réitèré monsieur Pelletier.

Pour Stephen Matthews, maire de Saint-André-d’Argenteuil, il serait normal que Parcs Canada cède le bâtiment à la municipalité ou à la MRC, mais pas avant que les travaux de rénovation n’aient été réalisés. « Je pense que c’est un dossier dans lequel la MRC n’aura pas le choix de se mettre les mains, a-t-il lancé. Ce ne doit pas être que les citoyens et la municipalité de Saint-André-d’Argenteuil qui doivent payer les coûts pour ça. »

En attendant, comme nous l’avions rapporté dans notre édition du 17 mai dernier, le Musée régional d’Argenteuil accueillera désormais les visiteurs dans son nouvel espace muséal situé à l’ancienne église Christ Church (163, route du Long-Sault, Saint-André-d’Argenteuil), du mercredi au dimanche, de 10 h à 17 h, du 19 juin au 1er septembre. Une journée portes ouvertes aura lieu le 8 juin prochain, lors de la Fête du bon voisinage.

Pour plus d’informations, visitez le museeregionaldargenteuil.ca.

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