Modix Plastique, basé à Lachute, a annoncé s’être entendue avec les entreprises Scotts Canada et Emballages Balcan sur un projet d’économie circulaire qui devrait, à terme, mener à la création d’au moins une vingtaine d’emplois supplémentaires dans la région.
Modix Plastique se spécialise dans la revalorisation des résidus plastiques flexibles, le polyéthylène basse densité. Il s’agit du plastique recyclable portant le numéro 4 et qui compose un bon nombre d’emballages, allant du sac à pain tranché aux sacs à ordure en passant par les films plastiques pour conserver les aliments. L’entreprise récupère ce plastique pour le transformer en billes de résine qui serviront à fabriquer de nouveaux emballages.
Présente à Lachute depuis six ans, Modix Plastique est la seule usine de revalorisation du plastique numéro 4 post-consommation au Québec. « Tous les emballages flexibles que vous mettez dans votre bac bleu se retrouvent aux centres de tri et finissent par aboutir chez nous », a indiqué Ludovic Azede, chargé de projet en développement durable et économie circulaire chez Modix.
Dans le cas de l’annonce faite le 1er mai dernier, Modix Plastique sera l’un des trois joueurs d’une boucle d’économie circulaire qui pourrait avoir d’importantes répercussions environnementales et économiques.
Scotts Canada, spécialisée dans les produits horticoles, enverra désormais chez Modix tous les sacs servant au transport de tourbe entre ses champs et ses usines de traitement. Modix transformera ces sacs usagés en billes de résine qui seront par la suite acheminées à l’usine de Terrebonne d’Emballages Balcan. Cette entreprise fabriquera alors de nouveaux sacs pour le transport de tourbe pour Scotts contenant 25% de plastique recyclé et ce, pour l’ensemble de l’Amérique du Nord. Et ces sacs, une fois utilisés, seront acheminés vers Modix dans une boucle quasi infinie.
Recyclé mais performant
Si le taux de 25% de plastique recyclé entrant dans la fabrication de nouveaux sacs semble peu, c’est qu’un taux plus élevé aurait compromis la qualité de l’emballage par rapport à celui fait de plastique vierge.
« Ça fait longtemps que l’on s’implique dans la résine recyclée post-consommation, a indiqué de son côté Ludovic Capt, vice-président développement durable chez Emballages Balcan. En travaillant étroitement avec des partenaires comme Modix, on essaie de comprendre les matières pour ensuite arriver à développer des produits. En bout de ligne, on ne veut pas qu’il y ait d’impact sur la performance de l’emballage tout en réduisant l’impact sur l’environnement. »
Selon Geneviève Potvin, directrice des affaires réglementaires et relations avec les parties prenantes chez Scotts Canada, il était en effet important pour l’entreprise que les emballages contenant du plastique recyclé aient les mêmes propriétés que ceux faits avec du plastique vierge. « Si on a des emballages plus écologiques mais qui ne conservent pas leur fonctionnalité, on n’avance pas vraiment », a-t-elle souligné.
Cela a donc pris trois ans pour créer la recette parfaite pour la fabrication des nouveaux sacs contenant du plastique recyclé. Mais cela a nécessité des ajustements de la part de chacun des partenaires, incluant chez Modix.
Bon pour l’environnement et l’économie
D’après Ludovic Azede, l’emploi de résine recyclée dans la fabrication des nouveaux emballages par Balcan permet de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’enfouissement. Ceci représente l’équivalent d’une réduction de l’empreinte environnementale de 710 personnes.
L’entreprise a dû cependant investir massivement pour pouvoir être en mesure de traiter correctement les plastiques usagés qu’elle reçoit. Ce sont ainsi environ trois millions de dollars qui ont été injectés pour installer la nouvelle ligne de traitement des plastiques, ce qui inclut une section de prétraitement, la seule du genre en Amérique du Nord. La nouvelle chaîne est entrée en action il y a quelques semaines à peine et peut produire jusqu’à 10 000 tonnes de résine par an.
Modix a aussi dû embaucher de nouveaux employés, portant à une trentaine le nombre de ses travailleurs. Elle prévoit en embaucher une vingtaine d’autres afin de faire fonctionner la chaîne 24 heures sur 24 afin de répondre à la demande.
Car cette demande risque d’augmenter : actuellement, dans le cadre de cette première phase entre les trois partenaires, Modix doit fournir environ 250 000 livres de résine par année à Balcan pour répondre aux besoins de fabrication des emballages de tourbe. Or, une phase deux est déjà en branle dans laquelle Scotts prévoit faire certains de ses emballages pour le commerce au détail (sacs d’engrais, de terre, de semences…) avec 30% de plastique post-consommation.
Aucune des trois entreprises n’a cependant voulu dire quelle était la valeur respective de leur part de l’entente.