Le collectif Vanadis redonne une partie des recette générées par la vente de ses ouvres à la Société Alzheimer. Formé de Kristine Demers, Simon Bachand et Olga Cassetta, les œuvres de Vanadis sont quelque peu hétéroclites, mais se recoupent par les histoires individuelles de leurs créateurs.
Kristine Demers s’est libérée un vendredi après-midi pour discuter de ses œuvres mais surtout de son histoire et l’histoire de sa famille. Assise sur un des fauteuils du Centre culturel Le Chenail, entourée de ses œuvres et de celles de son collectif, elle a raconté l’histoire touchante de son père, de ses collaborateurs et de biens d’autres personnes au Canada et dans le monde, celle de la maladie d’Alzheimer.
Le collectif a été formé initialement de Kristine Demers, Olga Cassetta et leur amie Geneviève Bolduc en 2023. Mme Demers a été atteinte d’un cancer du sein en 2018. « Je travaillais entre 60 et 70 heures par semaine à l’aube de mes 50 ans », a-t-elle affirmé. Elle a expliqué que le cancer lui a fait prendre conscience qu’il fallait ralentir. Après une mastectomie et d’autres opérations pour enlever la tumeur, Mme Demers a commencé la peinture. La mère d’Olga Cassetta avait aussi été diagnostiquée avec un cancer du sein. Les trois femmes avaient alors décidé d’amasser des fonds pour cette cause. En tout elles avaient réussi à amasser près de 2 000 $.
En 2024, la cause de leur exposition a changé. Cette fois, c’est l’Alzheimer. D’ailleurs, un membre quitte le groupe et un nouveau membre, Simon Bachand, s’y ajoute. Les trois artistes-peintres n’ont pas nécessairement le même style de peinture, mais tous trois ont été touchés de prêt par cette maladie. Pour Olga Cassetta, sa mère avait été diagnostiquée presque en même temps avec l’Alzheimer et le cancer du sein. Simon Bachand, lui, a perdu sa mère à cette maladie. Et pour Kristine Demers, c’est son père qui est touché.
Les débuts de la maladie
En 2020, Mme Demers a perdu sa mère à cause d’un cancer. Alors qu’elle est encore à l’hôpital, elle explique à ses enfants que leur père oublie beaucoup de choses. La famille Demers ne connait toujours pas l’étendue du problème.
« Il a perdu son phare », dit Mme Demers. Elle explique que son père était un homme bien autonome tout au long de sa vie, mais que dans les dernières années, c’est sa mère qui prenait soin de son horaire, lui rappelait de prendre ses médicaments, d’aller à ses rendez-vous ou à la natation. Encore après 80 ans, il prenait soin de sa santé et allait faire des longueurs de piscine. Mais après le décès de sa femme, M. Demers n’était plus en mesure de se nourrir.
C’est alors que Kristine commence à se douter du problème. Elle lui rend plus souvent visite, prépare ses repas et l’aide avec les tâches ménagères. En 2021, les médecins lui confirment le problème. Son père est atteint d’Alzheimer.
C’est à ce moment que Kristine et son frère vont chercher de l’aide à l’extérieur. Kristine Demers avait promis à son père qu’il vivrait dans sa maison jusqu’à la fin de ses jours, coute que coute. Chaque jour, des professionnels de la santé lui rendent visite le matin puis en après-midi pour l’aider avec la nourriture, les tâches ménagères, et s’assurer de son bien-être. Kristine et son frère se partagent aussi les tâches et s’assurent qu’il y ait quelqu’un avec leur père à tout moment.
Un matin de décembre 2023, Kristine reçoit un appel d’un préposé venu prendre soin de son père; il a fait une chute et a des contusions au visage. Il doit aller à l’hôpital.
À l’hôpital, les médecins lui annoncent le pire. Il ne peut plus rester chez lui. On doit lui trouver une place en résidence. « J’avais l’impression d’avoir abandonné et trahi mon père », a expliqué Kristine, retenant des larmes. Pendant un mois et demi, son père doit néanmoins rester à l’hôpital car on ne trouve pas de place ouverte en résidence. Pendant tout ce temps, Kristine dit avoir eu des soins exceptionnels des services de santé à tous les niveaux.
De son père, Kristine garde beaucoup de souvenirs heureux. Elle parle d’un homme extrêmement intelligent et cultivé, s’intéressant autant aux lettres qu’à la mécanique, d’un homme qui continuait à faire de l’activité physique dans son vieil âge. Même atteint de l’Alzheimer, son père l’impressionne.
Alors qu’il ne se souvient plus de son âge, qu’il n’a pas toujours conscience d’où il est, son père peut encore parfaitement se rappeler de son projet de maîtrise universitaire en littérature, écrit il y a plus de 50 ans.
Les autres artistes disent avoir vécus une expérience similaire à celle de Krisinte. Simon explique avoir senti une connexion plus profonde avec sa mère alors qu’elle avait l’alzheimer. « La connexion venait de l’âme, a-t-il dit. On avait accès à une pureté, tout le paraître n’avait plus d’importance. »
Les sociétés d’Alzheimer
Les trois artistes ne se sont pas donné de but financier précis pour la collecte de fonds. Chacun des artistes veut redonner aux sociétés d’Alzheimer locales qui ont étés impliquées auprès de leurs familles.
Mme. Demers affirme avoir reçu une aide inestimable de la Société d’Alzheimer. « C’est une maladie qui emprisonne tout le monde autour, c’est un vortex », a-t-elle dit. À l’aide de rencontres mensuelles avec la famille des patients, les regroupements et les services à domicile, la Société d’Alzheimer a aidé la famille Demers en la guidant vers les bons services et les bonnes ressources.
Kristine veut aussi sensibiliser les gens au sujet de la maladie d’Alzheimer et les aider à « démystifier et apprivoiser le monstre ».
Olga a ajouté qu’elle reçoit en ce moment même des services de la Société d’Alzheimer, incluant groupe de soutien et formation, et veut redonner pour cette raison. « C’est déroutant de voir un être chère dépérir », a-t-elle dit.
De son côté, Simon explique avoir travaillé pendant 17 auprès de gens avec des problèmes de santé mentale et reconnaitre l’importance de redonner à la communauté. Il dit aussi apprécier l’opportunité de créer des liens et connecter les gens.
Les œuvres du collectif Vanadis seront au Centre culturel Le Chenail jusqu’au 28 avril.