Le 9 septembre prochain Albin Surprenant, résident du Lachute s’envolera pour Sydney. Il y est invité par le World Marathon Majors qui supervise les six plus importants marathons du monde (Boston, Chicago, New York, Londres, Berlin, Tokyo) auxquels la ville de Sydney va peut-être se joindre.
Ces marathons réunissent les coureurs les plus doués de la planète dans toutes les catégories d’âge. Si tous peuvent participer à ces courses, seuls ceux qui ont reçu une invitation officielle peuvent s’inscrire au championnat mondial dans leur catégorie. C’est précisément le cas d’Albin Surprenant.
Lorsqu’on pénètre dans la maison M. Surprenant, on est estomaqué par le nombre considérable de médailles accrochées au mur de l’entrée par des ruban multicolores; sur le mur d’en face, d’autres rubans moins nombreux mais plus prestigieux témoignent des exploits de leur propriétaire.
Les plus nombreux correspondent à ce que leur propriétaire appelle ses « petites courses », des parcours de 5, 10, 15 ou 20 kilomètres. Les autres, les grosses médailles, commémorent les marathons (42,2 kilomètres) qu’a connus cet ancien électricien industriel de 67 ans maintenant semi-retraité (durant la belle saison, il travaille comme concierge au golf de Lachute.)
Le plus étonnant, c’est que M. Surprenant ne court que depuis 2015. À cette époque, il rencontre Steve O’Brien qui lui propose de faire de la course à pied. M. Surprenant répond qu’il veut d’abord essayer sur un tapis roulant.
L’homme découvre qu’il a du talent. Il entreprend donc un programme d’entraînement, perd une quarantaine de livres et participe à des « petites courses » qu’il gagne souvent. En 2016, il participe au marathon de Montréal et se classe 2e dans son groupe d’âge; il décroche une première place à celui de Laval.
Puis c’est le circuit des majeurs qui l’attire : New York, Chicago, Boston. Chaque fois, il se classe parmi les meilleurs, mais ce n’est pas son objectif. Ce qu’il vise, c’est franchir la ligne d’arrivée pour ressentir l’extraordinaire bien-être qui accompagne la réussite.
Lorsqu’il parle de sa course, M. Surprenant s’anime tout à coup. Ses yeux brillent, il lève les bras au ciel : « On se sent tellement bien, tellement relax! » La douleur, les mollets durs comme du bois, plus rien ne compte devant la satisfaction d’avoir vaincu non pas l’adversaire, mais la distance redoutable. Que du bonheur, en dépit du « mur », ce moment qui guette tous les marathoniens autour du kilomètre 32 où on pense qu’on va tout lâcher parce que le corps se révolte. « Ça devient une affaire de mental » dit M. Surprenant. Car enfin, au bout du compte, c’est contre soi qu’on court. La récompense ce n’est pas la médaille qui ne reste après tout qu’un souvenir, mais bien l’intense satisfaction physique et psychique d’avoir défoncé ce « mur ».
M. Surprenant s’entraîne six jours sur sept. Il fait des petites distances les jours de semaine, une dizaine de kilomètres; le weekend, il faisant des intervalles sur 34 kilomètres, c’est-à-dire des distances rapides qui alternent avec d’autres plus lentes.
Son meilleur temps, 3 heures 22 minutes, il l’a réalisé à Philadelphie en 2016. Aujourd’hui, comme il avoue être un peu moins compétitif, il tourne autour de 3 heures 40. On est loin des 2 heures 16 du champion mondial, mais cela importe peu. Dans sa catégorie, de 65 à 79 ans, son temps est tout à fait remarquable. Et c’est ce qui lui a valu l’invitation de s’inscrire à Sydney au championnat mondial, même s’il doit tout payer lui-même.
A soixante-sept ans – bientôt soixante-huit – M. Surprenant ne parle pas de retraite. Il continuera de s’entraîner jusqu’à ce que son corps lui signifie qu’il est temps de rentrer à l’écurie.
En attentant, il continue de sillonner les chemins d’Argenteuil, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau. Il a constaté qu’il existe une très belle piste de course derrière l’école polyvalente. Une piste inutilisée. Il aimerait bien que la municipalité la mette en valeur parce que soutient-il « il y a plusieurs amateurs de course à pied dans Lachute. Cela vaudrait la peine d’engager un entraîneur pour redorer le blason de ce sport méconnu ». L’idée n’est pas de former des champions, mais bien de forger des caractères, d’initier les jeunes à la discipline et d’améliorer la santé des citoyens.
M. Surprenant sen le besoin de préciser qu’au contraire de certains coureurs comme Alexis le Trotteur, il ne fait pas d’ultra marathons du genre 100 ou 150 kilomètres.
« Après trois heures et demie ou quatre heures (de course), j’ai mon quota. ».