Regards croisés sur la grève d’Amoco : Une histoire ouvrière de l’Ontario français

Par Antoine Messier
Regards croisés sur la grève d’Amoco : Une histoire ouvrière de l’Ontario français
Andréanne Gagnon, auteure du livre Regards croisés sur la grève d’Amoco, discute de son ouvrage avec un vingtaine de participants lors de la présentation de son livre, le 25 février, au Centre culturel le Chenail. Mme Gagnon a d’ailleurs donné la chance de s’exprimer à certains anciens grévistes et d’autres membres de la communauté franco-ontarienne, au sujet du développement de la culture francophone à Hawkesbury, du militantisme franco-ontarien et d’une possible dépolitisation de la population de la région. (Photo : Antoine Messier)

L’auteure Andréane Gagnon a présenté son livre, Regards croisés sur la grève d’Amoco : Une histoire ouvrière de l’Ontario français, le dimanche 25 février au Centre culturel le Chenail.

Basé sur des recherches d’archives et des entrevues personnelles, le livre se concentre sur la grève des employés d’Amoco à Hawkesbury, entre mai et septembre 1980, pour obtenir l’indexation des salaires sur le coût de la vie.

Mme Gagnon tente de démontrer dans son ouvrage comment une communauté économiquement et politiquement défavorisée s’affirme par l’entremise du syndicalisme lors de la grève, microcosme du contexte sociohistorique de l’Ontario français du début des années 1980.

« J’ai voulu partager quelque chose qui me paraissais oublié », a dit l’auteure. Mme Gagnon a expliqué qu’elle a voulu écrire ce livre après avoir visité une exposition au sujet de la ville de Hawkesbury qui, d’après elle, glorifiait les industrialistes comme pères fondateurs de la ville de Hawkesbury, déléguant la classe ouvrière au second rang. Pour elle, ce sont les ouvriers qui ont bâti la ville.

C’est après avoir visité cette exposition qu’elle a changé complètement d’idée pour son projet de maîtrise. L’auteure revenait d’un périple de plusieurs années en France et au Maroc où elle avait fait un stage en développement international. Elle voulait alors faire son projet de maîtrise sur la condition des femmes marocaines.

Ce stage à l’étranger avait poussé Mme Gagnon à s’éduquer sur ces propres origines. Elle est née d’une famille ouvrière franco-ontarienne de Hawkesbury, et s’est déplacée beaucoup pendant son enfance puisque son père était militaire. Néanmoins, elle explique que sa famille n’était pas politisée et qu’elle-même n’a donc pas été politisée jusqu’à son arrivée à l’université.

« Cette recherche-là m’a éclairée sur mes origines, » a-t-elle affirmée. Non seulement les quatre ans d’ouvrage dédiés à la recherche et l’écriture du livre offrent-ils une nouvelle position historiographique et sociologique sur une ville et une époque trop souvent oubliées dans les livres d’histoire sur l’Ontario français, mais cet ouvrage offre aussi à l’auteure une nouvelle perspective sur Hawkesbury. Elle explique mieux comprendre pourquoi Hawkesbury est devenu une ville au développement économique difficile.

Andréanne Gagnon détient une maîtrise en sociologie de l’Université d’Ottawa et un doctorat de l’Université du Québec à Montréal. La Franco-Ontarienne de 37 ans explique d’ailleurs que le livre est une version modifiée de sa thèse de maîtrise produite il y a près de 10 ans. Quelques chapitres plus théoriques ont étés enlevés pour alléger le texte.

Elle raconte qu’elle a tenté de publier le livre après la parution de sa thèse, mais la maison d’édition à laquelle elle avait envoyé son manuscrit avait voulu rééditer son texte presque entièrement pour le simplifier et le rendre plus accessible. Elle a alors décidé d’envoyer son manuscrit aux éditions Prise de Parole. Néanmoins, le manuscrit avait été oublié par la compagnie d’édition pour plusieurs années avant d’être retrouvé pendant la pandémie de Covid-19.

Le livre est disponible au Centre culturel le Chenail ou peut être commandé chez n’importe quel libraire.

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